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Iran : pourquoi la prochaine élection présidentielle est la clé de la paix au Proche-Orient
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Bonnes feuilles

L'élection présidentielle de 2013 en Iran aura lieu dans un contexte économique et social qui n'a jamais été aussi tendu. Pour Ardavan Amir-Aslani, ce scrutin est pourtant la clé de la paix au Proche-Orient. Extrait de "Iran et Israël Juifs et Perses" (2/2).

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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L’Iran est à un tournant, les Iraniens sont en attente.

Pendant ce temps, le régime joue la montre, usant de mesures tant contre les réformateurs que contre les conservateurs, une ligne politique et une attitude qui pourraient sembler contradictoires.

Depuis l’élection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle de 2009, l’autorité du Guide suprême Ali Khamenei a faibli. L’échéance du scrutin de 2013 nourrit à la fois les ambitions et les manœuvrés.

Deux symboles de la politique iranienne sont visés, non pas directement, mais à travers leurs proches.

L’ancien président Rafsandjani représentait l’homme du renouveau de l’Iran après la guerre qui a opposé le pays à l’Irak. Pragmatique, il a toujours été partisan d’un dialogue avec les Occidentaux. À la tête du Conseil de discernement, l’une des institutions les plus importantes du régime, il est toujours une personnalité d’influence et il apparaît de plus en plus auprès du peuple comme un guide. Fin septembre 2012, sa fi lle Faezeh, militante du mouvement de protestation de juin 2009, est condamnée à six mois de prison et incarcérée à la prison d’Evin. Quelques jours plus tard, son frère Medhi, après trois années passées à Londres, est lui aussi arrêté à l’aéroport de Téhéran comme « instigateur du mouvement vert ».

Les amis du président Ahmadinejad ne sont pas mieux lotis. Alors qu’Ahmadinejad assistait à l’Assemblée générale des Nations unies, le conseiller de presse du président et directeur de l’agence de presse officielle IRNA, resté à Téhéran, sera lui aussi arrêté. Ali Akbar Javanfekr avait été condamné à une peine de prison en février 2012 pour « insulte au Guide suprême ». Quant à Esfandiar Rahim Machai, il est suspecté pour « ses opinions sacrilèges sur le chiisme ».

Les prétendants au pouvoir ne manquent pas : Haddad Adel, député, beau-père du fils du Guide suprême, ou Saïd Jalili, le représentant spécial de ce dernier pour les négociations sur le nucléaire.

Faisons l’hypothèse d’un durcissement du régime lié à la situation syrienne et qui se trouverait validée en cas de frappes israéliennes. C’est l’hypothèse que fait le complexe militaroindustriel et politique des Gardiens de la révolution. Cette option est incarnée par deux hommes : le général Suleimani, chargé au sein d’Al-Qods du soutien aux chiites radicaux libanais et irakiens, et l’hodjatolestam Taeb, ancien chef des bassidjis, actuel chef des services de renseignement des pasdarans et qui joua un rôle actif dans la répression des manifestations en 2009.

Rien n’est jamais joué d’avance en Iran, comme quand en 2005 Mahmoud Ahmadinejad, alors maire de Téhéran, avait été élu contre tous les pronostics.

L’élection présidentielle de 2013 aura lieu dans un contexte économique et social qui n’aura jamais été aussi difficile et tendu.

Une première dans l’histoire récente de la République islamique, le bazar a fermé quelques jours en octobre 2012. Les bazaris ont manifesté, une révolte sur fond de marasme économique qui touche tous les Iraniens. Même la classe moyenne, dont la situation avait progressé ces dernières années. Si cela ne conduit pas à une insurrection populaire, il faut savoir que le bazar est un indicateur. Quand les bazaris ont lâché le Shah, la voie était ouverte pour un retour triomphal de l’Imam Khomeiny.

Une chose est certaine, une des clés de la paix au Proche-Orient se trouve à Téhéran et il faut attendre beaucoup de la prochaine élection présidentielle.

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Extrait de "Iran et Israël Juifs et Perses", Nouveau Monde Editions (mars 2013)

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