Ce qu'on perd à ne pas sanctionner les dérapages des élèves envers leurs profs sur Internet<!-- --> | Atlantico.fr
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De plus en plus de jeunes insultent leurs profs via les réseaux sociaux.
De plus en plus de jeunes insultent leurs profs via les réseaux sociaux.
©Reuters

Education civique

Suite aux insultes proférées sur Twitter à l'encontre de leur professeur de français, trois lycéennes viennent d'être définitivement exclues de leur lycée à Limay, dans les Yvelines. Est-il nécessaire de sanctionner ces dérapages d'élèves envers leurs professeurs ?

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard est vice-président du SNALC-FGAF (Syndicat National des Lycées et Collèges). 

Il tient le blog sur l'Education nationale "Je Suis en retard" : http://celeblog.over-blog.com

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Les injures portées contre des membres d'un établissement scolaire doivent être sanctionnées, qu'elles soient prononcées en classe ou sur les réseaux sociaux. C'est remettre en cause l'autorité de l'école, c'est remettre en cause les personnels : ces injures sont graves et elles le sont autant sur les réseaux sociaux qu'en face-à-face.

D'ailleurs, la loi ne fait pas de différence de traitement entre un propos injurieux et/ou diffamatoire par écrit sur un réseau social ou tenu à oral.
Le chef d'établissement doit tenir son rôle : en cas d'injure, il doit prendre en compte la remise en cause de l'école, et de son établissement scolaire. Il faut prendre les sanctions qui s'imposent : l'exclusion temporaire, qui est le minimum dans de tels cas.
Ces élèves, qui ne se rendaient peut-être pas compte de la portée de leur parole numérique, vont pouvoir prendre conscience qu'on ne peut pas dire n'importe quoi sur n'importe qui, et encore moins sur des représentants de l'Etat, dont font partie les professeurs.
Le sentiment d'impunité que certains peuvent avoir sur Internet n'a pas lieu d'être : au nom de la liberté d'expression, on pourrait écrire et dire n'importe quoi : ce n'est pas vrai. La liberté d'expression comme toutes les libertés s'inscrit dans un cadre, et ce même sur Internet. Si l'on dépasse les limites de ce cadre, il est normal que des sanctions soient prises. Et, derrière un écran d'ordinateur ou pas, l'impact est le même.
Quand on émet des propos visibles de tous sur Internet, on se trouve dans un cadre public, et non dans une conversation privée. On est donc sous le coup de la loi, et des sanctions possibles de l'établissement scolaire.
Ces évènements sont autant de manifestations des problèmes existants autour de l'école : l'école est remise en cause par de nombreux acteurs du monde éducatif et de la société. Les professeurs sont très déconsidérés, et leur autorité est de plus en plus menacée. Mais un professeur est une représentant de l'Etat, et en tant que tel il a une autorité qui lui est conféré par l'Etat, par son statut et sa fonction, et cette autorité ne peut pas être brocardée par des élèves.

Les élèves doivent se rendre compte que les sanctions, dans de tels cas, ont des valeurs éducatives. Ces sanctions doivent faire comprendre aux élèves qu'il y a des choses que l'on peut se permettre dans un cadre privé, avec ses amis. Mais qu'on ne peut pas écrire sur un réseau social, lieu où tous les propos sont accessibles. Cette manière-là est répréhensible, et donc réprimée.
L'école est un lieu d'instruction, et qui dont la mission est de promouvoir des enseignements disciplinaires afin d'obtenir des élèves une réflexion et un esprit critiques. De ce point de vue là, l'école ne peut pas être en tant que telle une source d'éducation aux médias et d'éducation au numérique. En revanche, l'école peut tout à fait, par exemple dans le cas de l'enseignement civique et moral voulu par le ministre de l'Education Vincent Peillon, rappeler les limites de la loi concernant les usages numériques.
L'enseignement disciplinaire tel qu'il est conçu, s'il est bien fait, avec des programmes et des méthodes efficaces, doit amener de lui-même, par son instruction, une dimension éducative, une prise de conscience et le développement de l'esprit critique. C'est par ce biais-là que les élèves ne dépasseront plus les limites, parce qu'il se rendront compte, par la culture qu'ils ont apprise, que les limites-là n'ont pas à être franchies.
L'école a déjà du mal à remplir ses principales missions. C'est par cette maîtrise des fondamentaux que l'éducation au numérique se fera. 

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