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Tout n’est pas permis à Sarkozy... mais tout n’est pas permis contre Sarkozy
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Ça va faire mal !

Il faut, répète-t-on, faire confiance à la justice. Une phrase pour ne rien dire. Contrairement au Pape, les juges ne sont pas infaillibles.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La justice est communément représentée sous l’aspect d’une déesse aux yeux bandés tenant dans une main une balance et dans l’autre un glaive. Elle est donc réputée aveugle, ce qui veut dire impartiale s’agissant des accusés, châtiant (le glaive) quand nécessaire et soupesant (la balance) soigneusement le pour et le contre d’une éventuelle innocence ou culpabilité.

Mais la justice est rendue par des hommes. Des magistrats. Des hommes comme les autres. Ni meilleurs ni pires. Des magistrats il y en a de toutes sortes. Des gros, des minces, des intelligents, des imbéciles, des bons, des mauvais. Certains d’entre eux soulèvent leur bandeau pour profiter au mieux du spectacle que leur offre untel ou untel figé dans leur bureau dans l’attente, soumise et tremblante, de leur décision. Des fois, ils donnent une pichenette à la balance pour la faire pencher du côté souhaité. Et, quand ça leur est possible, ils manient le glaive.

La magistrature a beaucoup à voir avec deux autres sympathiques professions : les pêcheurs et les chasseurs. Le petit pêcheur du dimanche taquine le goujon sur les bords de la Marne et quand il en accroche un à son hameçon il se met à rêver à ses collègues fortunés qui pratiquent la pêche au gros au large des Bahamas et ramènent des requins. Le chasseur lambda réussit quelque fois à se faire un lapin et le mettant dans sa gibecière fantasme sur ceux, riches, qui vont se payer un ours dans les Carpates ou un lynx en Sibérie.

Ainsi en est-il des juges. Il y a, les plus nombreux, qui, à Bobigny ou ailleurs, s’emmerdent comme des rats morts en voyant défiler dans leur bureau des petits dealers, des braqueurs, des voleurs à l’arraché. Ils rêvent, et c’est normal, à ceux des leurs qui font de bien plus belles prises, des gros poissons, du gros gibiers. Il est en effet très jouissif pour l’ego – les magistrats n’en sont pas dépourvu- d’avoir en face de soi un Tapie, un Messier, un ministre, un escroc de haut vol, un député, un Sarkozy. Déjà ils ont de la conversation et ne se contentent pas de répéter platement «  j’ai rien fait, moi m’sieur !», ce qui est d’un monotone.

En conséquence de quoi il est licite de considérer que le narcissisme du juge Gentil a été plus que comblé avec la mise en examen de l’ancien président de la République. Reste  – et cela s’écrit partout- que Nicolas Sarkozy présumé coupable aux yeux du magistrat bordelais demeure présumé innocent au regard de la justice. Il s’agit là des banalités d’usage,  de ces vérités premières et parfaitement creuses dont les médias et les hommes politiques raffolent. Le fond de l’affaire nécessite quand même qu’on regarde de plus près ce bal des hypocrites qu’a inauguré le juge Gentil. Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour «  abus de faiblesse » concernant une très vieille dame, très, très fortunée. Nombres d’expertises médicales certifient en effet que Mme.Bettencourt n’avait plus, depuis des années, toute sa tête. La réalité est, elle est de notoriété publique, que la propriétaire de L’Oréal et son époux, décédé depuis, arrosaient largement les caisses de la droite.

Non, non pas celle du PC, de la LCR, ou de Lutte Ouvrière ! Les penchants naturels du couple Bettencourt allaient plutôt – va donc savoir pourquoi- vers l’UMP. Donc si Nicolas Sarkozy avait dû être mis en examen c’est, hypothétiquement, pour financement illégal de sa campagne électorale Mais les preuves, les témoignages, les «  indices concordants et graves » manquaient à l’appel. Alors le magistrat a trouvé autre chose. Un autre motif de mise en examen. Juridiquement plausible et monstrueusement hypocrite. Comme les chasseurs, les magistrats ont des pièges et des méthodes pour faire figurer les gros gibiers à leur tableau de chasse.

En France le pouvoir – inquisitorial- du juge d’instruction est considérable. Exorbitant disent ses détracteurs. Nicolas Sarkozy du temps où il était à l’Elysée avait voulu supprimer cette fonction. Face à la révolte de la caste des magistrats il dû faire marche arrière. Aujourd’hui il paye aussi pour ce crime de lèse-majesté. Le juge d’instruction est en France ce que les vaches sacrées sont en Inde. Elles dérangent, elles encombrent, gênent la circulation, font des dégâts. Mais sur leur passage la foule, ébahie et tétanisée, s’écarte respectueusement. Nicolas Sarkozy, comme à son habitude, a voulu aller trop vite. Les juges donc continuent à instruire et à juger. Mais il se peut que vienne le jour quand les juges seront jugés à leur tour.

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