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Syrie : Bachar el-Assad
joue avec le feu
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Révoltes arabes

Alors que la contestation prend de plus en plus d'ampleur en Syrie, le président Bachar el-Assad a déçu dans son discours au Parlement mercredi après-midi, en refusant d'annoncer les réformes espérées, ou même de lever l'état d'urgence en vigueur depuis plus de 40 ans, comme promis la semaine dernière. Les prochaines 72 heures seront déterminantes pour les opposants, et pour le régime. INTERVIEW.

Frédéric Pichon

Frédéric Pichon

Frédéric Pichon est diplômé d’arabe et de sciences-politiques. Docteur en histoire contemporaine,  spécialiste de la Syrie et des minorités, il est chercheur associé au sein de l'équipe EMAM de l'Université François Rabelais (Tours).

 Il est également l'auteur de "Syrie : pourquoi l'Occident s'est trompé" aux éditions du Rocher,  "Voyage chez les Chrétiens d'Orient", "Histoire et identité d'un village chrétien en Syrie" ainsi que "Géopolitique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord".

Il anime en parallèle le site Les yeux sur la Syrie.

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Atlantico : Après le discours décevant de Bachar el-Assad mercredi en début d’après midi, où va la Syrie ?

Frédéric Pichon : Dans le discours de Bachar el-Assad, on relève les grosses ficelles habituelles. La première partie du discours parle de conspiration israélienne. Dans un deuxième temps, c’est une protestation de sa bonne volonté à effectuer des réformes qu’il exprime. Il rappelle qu’ en 2005,  les réformes étaient prévues et les événements régionaux l’ont empêché, [NDLR : avec l’assassinat de Rafik Hariri et la guerre du  Liban].

 La grosse déception, c’est qu’il n’a pas annoncé la levée de l’état d’urgence en Syrie, comme promis ces derniers jours par sa porte-parole.

Il a utilisé de grosses ficelles, mais en même temps, Bachar el-Assad est un malin, il est sur les brisées de son père. La stratégie de la Syrie reste et demeure de monnayer sa bonne volonté avec ses voisins : Moi, ou le chaos. C’était la dernière partie de son discours : « on cherche à nous diviser confessionnellement ». 

Aucun des voisins de la Syrie n’a en effet intérêt à un éclatement confessionnel du pays. Israël peut se féliciter d’avoir, avec la frontière syrienne, la frontière la plus stable qui soit depuis quarante ans, sur le plateau du Golan. L’Irak ne veut pas non plus que la Syrie soit déstabilisée car cela ferait une base arrière pour les insurgés. La Turquie non plus, car la deuxième plus grosse communauté, après les arabes sunnites, en Syrie, sont les kurdes. La preuve, c’est que Bachar el-Assad a été appelé hier par le roi Abdallah d’Arabie Saoudite, l’émir du Koweit, et le président irakien. Non pour le soutenir, mais pour lui dire qu’il doit faire des réformes et ne veulent pas qu’il parte.

A quoi faut-il s’attendre dans les prochains jours ?

Tout dépendra de la manière dont seront gérés les prochains soulèvements. Pour le moment, il y a 20 à 25 % de la population syrienne qui ont intérêt au statut quo. Les druzes, les alaouites, les chrétiens et les kurdes.  Que vont faire les sunnites ? A Deraa, la contestation a l’air d’être bien partie pour durer, les manifestations continuent… Il faut rester attentif dans les prochaines heures et en particulier ce vendredi, le jour de la prière, qui peut être explosif.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Giraud

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