Un G20 pour rien ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Un G20 pour rien ?
©

Chine : yuan else ?

Réformer le système monétaire international et donner une place plus grande au yuan, la monnaie chinoise : c'est l'un des objectifs du sommet du G20. Mais la Chine voit-elle cette proposition d'un bon œil ?

Hash H16

Hash H16

H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

Voir la bio »

Si le lundi, c'est ravioli, ce jeudi, c'est G20 : prétextant la catastrophe japonaise et une reprise anémique après une crise mondiale carabinée, les pays les plus riches de la planète ont décidé d'aller grignoter des petits fours en Chine, une fois n'est pas coutume, histoire de varier les plaisirs et de formaliser l'entrée de l'Empire du Milieu dans le club select des nations qui comptent.

La Chine au centre des débats

Du côté des Chinois, cependant, tout ne semble pas parfaitement clair. Déclarant sobrement qu'ils se contentent de mettre les infrastructures à disposition, on les sent en réalité fort réticents à ouvrir réellement des négociations dont le sujet principal, le yuan, leur monnaie, les chatouille au plus haut point. On les comprend : ils connaissent la faiblesse du dollar, achètent de l'or à la tonne et veulent conserver une monnaie bon marché.

Si l'on ajoute leur ferme opposition aux interventions militaires en Libye, on comprend que les dirigeants chinois ne soient réellement pas dans les meilleurs dispositions pour organiser des petites sauteries pour le compte de la diplomatie française.

Pour arriver à faire passer la pilule, Sarkozy a bien évidemment murmuré à l'oreille des communistes devenus capitalistes qu'on pouvait, par exemple, envisager un renforcement du rôle de la monnaie chinoise dans le système monétaire international, prélude à une convertibilité et début d'une empoignade homérique entre les principaux dirigeants qui n'entendent pas tous se faire dicter leur agenda par l'effervescent président français.

Un sommet musclé...

Cependant, rassurons-nous tout de suite. Cette bataille de chiffonniers, qu'on imagine déjà vigoureuse et fleurie de noms d'oiseaux, ne sortira pas des salles feutrées du Sommet : la présidence française a jugé utile, pour des discussions "en profondeur" - traduisez musclées - qu'il n'y ait pas de conclusions ni de communiqué à l'issue des débats. Voilà qui promet d'être particulièrement savoureux à décortiquer pour les journalistes avides de propulser des micros mous sous les nez frétillants des acteurs de cette nouvelle pitrerie.

Je dis pitrerie parce qu'on s'en souvient, le précédent G20 avait abouti à l'épuisante conclusion qu'on allait un peu tenter de mesurer gentiment les déséquilibres entre pays exportateurs et les pays structurellement déficitaires, avec des indicateurs non-contraignants, ouverts à débat, et que plusieurs pays - dont, comme c'est fortuit, la Chine - s'étaient montrés réticents à utiliser.

Autrement dit, il s'agissait de faire du David Hamilton, très flou, très pastel, très suggestif et cadré très large sur des chiffres économiques vu de loin enrobés dans des vapeurs allusives pour des pays qui ne veulent finalement pas trop se dévoiler.

... et aux implications évasives

Et cette fois-ci, tout indique que le G20 va se réunir, un peu contraint et maugréant, pour se chamailler sur des sujets dont on ne saura pas grand-chose et qui aboutiront peut-être à des conclusions qui ne seront pas divulguées si elles existent. D'autant que si les velléités françaises d'aboutir à un nouvel ordre monétaire mondial aboutissaient, on peut être sûr, compte-tenu de la doxa socialo-keynésienne qui fait fureur actuellement, d'obtenir un résultat tonitruant où tous les ingrédients seraient réunis pour accroître encore le problème au lieu de le résoudre : vouloir, en effet, tenter de "coordonner" - comprenez : contraindre et gêner - des marchés en jouant sur les monnaies ne s'est jamais bien terminé pour aucun état, et à plus forte raison, pour aucun individu.

Le principal problème, celui des dettes souveraines abyssales dans lesquelles s'enfoncent les principaux pays occidentaux, sera abordé de la plus mauvaise façon qui soit puisqu'on veut, finalement, forcer l'actuel créditeur du monde à renoncer à une (grosse) partie de son dû en laissant filer les monnaies.

Compte-tenu des forces en présence, des agacements déclenchés par les derniers évènements, et des situations parfois dramatiques de chacun des pays concernés, on comprend que le chemin vers une quelconque solution est plus qu'étroit et qu'il frôle dangereusement le gouffre de l'inflation galopante et le crépi abrasif du mur compact de la réalité.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !