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Un Mélenchon pour sauver l'UMP ?
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Zone franche

Pour rester « le grand parti de la droite respectable », l'UMP doit rompre avec ses Mélenchon. Libre à eux de s'allier au Front national s'ils le souhaitent.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Si les patrons du PS sont encore perturbés, les nuits de pleine lune, par le spectre de leur surmoi marxiste, on imagine qu’ils dorment comme des bébés le reste du temps.

DSK, Hollande, Aubry, les trois candidats socialistes les plus probables à la présidentielle, sont à peu près aussi suspects de rêver du Grand Soir que Contador d’un contrôle anti-dopage inopiné. Bien sûr, ils ont encore du mal à l’admettre publiquement, c’est la force de l’habitude, mais on imagine bien que, le patron du FMI dans sa cuisine, il ne mange pas que des coquillettes à la margarine…

Le départ de Mélenchon, du coup, même s’il pose de sérieux problèmes en termes de dispersion des voix au moment d’un scrutin, est finalement une bonne chose. Les adhérents et sympathisants du PS qui n’aiment ni l’Europe, ni les entreprises, ni les salaires supérieurs au SMIC peuvent le rejoindre et participer avec lui au dialogue (de sourd) avec le NPA. De son côté, la rue de Solferino peut se concentrer sur le débat avec les Verts, ce qui n’est pas de la tarte non plus.

Et pour ce qui est de la dispersion des voix, on n’avait pas attendu Mélenchon pour courir à la catastrophe

Les patrons de l’UMP, de leur côté, ont-ils parfois le sentiment qu’un petit diable anti-cosmopolite vient leur tirer les pieds pendant qu’ils roupillent ? Certainement. Mais le gaulliste en eux doit tout de même pouvoir les aider à résister à la tentation. Un peu comme dans ces albums de Tintin où l’on voit le capitaine Haddock tiraillé entre ses bons et mauvais penchants.

En l’espèce, on sent bien que pas mal de gens s’interrogent sur un rapprochement progressif avec le FN, maintenant que Marine Le Pen veut faire du tourisme en Israël pour montrer à quel point elle s’est éloignée des vannes « Durafour crématoire » de son paternel. Le Front national nouvelles normes, c’est juste un parti souverainiste un peu outrancier qui se remarquerait à peine dans l’arrière-salle d’un banquet Tory ou CDU, suggère-t-on dire de plus en plus fréquemment.

Hum, ça se discute, mais se prévaloir des turpitudes des voisins, ça n’est pas exactement la meilleure façon de justifier les siennes.

Se rapprocher du FN pour mieux l'asphyxier ?

Naturellement, on peut toujours considérer que, d’un bête point de vue stratégique, céder le gouvernail de l’UMP à ses capitaines les moins regardants sur la question des valeurs, c’est le seul moyen de remettre Sarkozy en selle. Et puis, entendre les héritiers de l’union de la gauche, celle des accords avec Georges « globalement positif » Marchais, expliquer que ce genre de manœuvres est indigne, c’est un peu fort de café, non ?

Tiens, il y a même certainement des gens raisonnables qui assurent qu’épouser Marine, c’est le meilleur moyen de la réduire à néant à moyen terme, à la manière d’un Mitterrand accueillant le PC dans sa majorité pour mieux l’asphyxier. Fameux pari, ça... Autant envoyer les gosses jouer avec des allumettes dans une poudrière sans se faire de souci parce qu’on a le numéro de la caserne des pompiers la plus proche dans le répertoire de son iPhone.

Non, si toute une frange du « grand parti de la droite respectable » est idéologiquement plus en phase avec l’extrême droite qu’avec le chiraquisme standard (pour aller vite), qu’elle en tire les conclusions qui s’imposent Mélenchon-style. Et si cette frange ne se décide pas à faire le grand saut de son propre chef, elle peut toujours être poussée dehors.

Une traversée du désert pour retrouver un cap

Bon, cette nouvelle formation ne pourra pas, comme son équivalent à gauche, se baptiser « front de ceci » ou « front de cela » ― cette référence anatomique étant déjà squattée à droite ― mais c’est un détail, comme on dit. Libre à elle, alors, de s’accoquiner avec qui bon lui semble, d’organiser un grand débat existentiel par semaine (il doit bien rester quelques thèmes) et de laisser l’UMP, cramée pour cramée, se reconstruire une vision et un programme.

Une petite traversée du désert, parfois, c’est le meilleur moyen de retrouver le nord. « Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la », professait d'ailleurs un certain Matthieu qui était au moins aussi passionné par la politique que n'importe quel baron de l'UMP mais ne transigeait guère avec les principes ―  y compris pendant les débats sur la laïcité...

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