Editorial
Economie en peau de chagrin : le dossier du logement, dernière preuve de l'absence de volontarisme hollandais
François Hollande vient d’annoncer une vingtaine de mesures destinées au secteur du bâtiment qui sont essentiellement de la poudre aux yeux, et qui viennent s'ajouter aux nouvelles taxes et à l'encadrement des loyers.
Dix mois après son entrée en fonction, les deux piliers de la politique économique de François Hollande apparaissent clairement : l’incantation et l’esquive. Le président de la République prononce chaque jour au moins un discours. Qui l’entend ? Semblant lui faire écho, Jean-Marc Ayrault affirme qu’il sait où il va et qu’il tient le cap, mais il se garde bien de définir lequel. En privé, il assure qu’il a des idées sur ce qu’il convient de faire, mais que l’Elysée lui met des bâtons dans les roues, par l’ incapacité de François Hollande à prendre des décisions, à faire des choix.
Dernière preuve de l’absence de volontarisme : le dossier du bâtiment, plus crucial aujourd’hui que celui de l’automobile. Alors que ce secteur fait travailler plus d’un million de personnes et nécessiterait une véritable mobilisation, le pouvoir a commencé par jeter le discrédit sur les promoteurs, à montrer du doigt les propriétaires, en les taxant davantage et en encadrant les loyers, au lieu de s’appuyer sur le secteur privé pour participer à un effort collectif de redressement.
Parallèlement, François Hollande vient d’annoncer une vingtaine de mesures qui sont essentiellement de la poudre aux yeux comme un moratoire de deux ans sur l’instauration de nouvelles normes en matière de logements et une lutte accrue contre les abus en matière de recours contre les permis de construire. Un effort budgétaire de plusieurs centaines de millions est prévu essentiellement en faveur du secteur public par le biais d’une baisse de 7 à 5% du taux de TVA sur les logements sociaux. Ce qui se traduira par une dépense nouvelle qui devrait être en principe financée par des économies, dont on ne voit pas trace pour l’instant.
Car, insidieusement, au fil des semaines, se poursuit la fâcheuse habitude de créer de nouvelles sources de déficit, alors que rien n’est fait pour freiner la prodigalité de l’Etat et des collectivités publiques. L’Eurogroupe vient de lancer un nouvel avertissement à la France, venant après le diagnostic sévère formulé par l’OCDE. L’organisation internationale constate que tous les moteurs sont à l’arrêt, ce qui génère pour cette année une croissance zéro.
La solution est pourtant bien connue et répétée inlassablement : il faut "une stratégie ambitieuse de réformes" en matière de finances publiques, éducation, marché du travail et logement en particulier, qui doit commencer par la réduction du train de vie de l’Etat. Il faut alléger les prélèvements qui pèsent sur le travail et les entreprises, qui ne sont pas assez innovantes. C’est la seule manière d’arrêter la montée du chômage, qui dépassera 11% cette année, de limiter l’hémorragie des déficits et de redonner vie aux exportations, au moment où l’Espagne et l’Italie reprennent vie sur les marchés étrangers. Mais à Paris, on ne voit toujours pas de signal en ce sens. Le ministre le plus crédible, la révélation du gouvernement Ayrault, Jérôme Cahuzac, a été obligé de démissionner brutalement en raison d’une enquête de la justice le soupçonnant d’avoir détenu un compte à l’étranger.
C’est donc plus que jamais la grisaille et le flou qui prévalent aujourd’hui tandis que l’économie s’étiole progressivement comme une peau de chagrin.
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