Police de la pensée : quand Frédéric Taddeï donne une leçon de démocratie à Patrick Cohen<!-- --> | Atlantico.fr
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Frédéric Taddeï et Patrick Cohen se sont écharpés sur la politique éditoriale de l'émission "Ce soir (ou jamais !)"
Frédéric Taddeï et Patrick Cohen se sont écharpés sur la politique éditoriale de l'émission "Ce soir (ou jamais !)"
©Capture d'écran / Pure Médias

Ayatollahs médiatiques

Sur le plateau de "C à vous", Frédéric Taddeï et Patrick Cohen se sont écharpés sur la politique éditoriale de l'émission "Ce soir (ou jamais !)", désormais diffusée chaque vendredi soir sur France 2.

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle tient le blog gaulliste libre depuis 2007. Il est également porte-parole de Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.

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C’est une vidéo qui fait du bruit sur les réseaux sociaux, avec des dizaines de milliers de vues en quelques heures : Frédéric Taddeï et Patrick Cohen ont confronté leur vision du débat d’opinion dans une passe d’arme qui s’est soldée par un KO du premier sur le second.


Patrick Cohen, orwellien censeur de la pensée

Le débat a démarré sur les chapeaux de roue avec un Patrick Cohen affirmant que "vous invitez des gens que l’on n’entend pas ailleurs et que les autres médias n’ont pas forcément envie d’entendre"citant Tariq Ramadan, Alain Soral et Dieudonné. Taddeï a répondu : "libre à vous de ne pas les inviter (…) pour moi, il n’y a pas de liste noire, ce n’est pas à moi d’inviter les gens en fonction de mes sympathies ou de mes antipathies (…) si j’étais sur Fox News, je ferais comme vous".
Lors d’un débat sur le 11 septembre, Alessandra Sublet a alors pris parti pour son invité en disant : "on a le droit de penser ce que l’on veut", ce à quoi son journaliste a répondu : "non, dans les limites de la loi". Mais Taddeï l’a mis KO en affirmant que "si vous voulez que les gens n’aient plus le droit de dire qu’ils doutent de ce qu’ils appellent la version officielle du 11 septembre, vous pouvez écrire à votre député", en faisant une comparaison avec l’assassinat de Kennedy.
L’animateur de Ce Soir (ou Jamais !) a donné une leçon de démocratie : "toutes les opinions autorisées par la loi en France sont défendues par la Constitution. Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. Et ce n’est pas moi animateur de télévision qui vais décider de ce que l’on a le droit de dire (…) Je m’interdis de censurer à partir du moment où ils respectent la loi". Puis, quand Patrick Cohen a évoqué les condamnations de Dieudonné, Frédéric Taddeï lui a rappelé qu’il avait reçu des politiques condamnés, y compris pour racisme et que pas un propos n’avait posé problème en 657 émissions.

Du rôle des médias en démocratie

Patrick Cohen a également affirmé : "on a une responsabilité de ne pas propager des thèses complotistes ou de donner la parole à des cerveaux malades". Cette affirmation du journaliste de France Inter est très représentative de la pensée de quelques stars du journalisme, comme Jean-Michel Aphatie ou Jean-Pierre Elkabbach, qui n’ont que faire du pluralisme et agissent comme des responsables de la police politique en décidant arbitrairement qui est légitime ou pas.
Tout ceci rejoint un problème global de traitement de l’information politique depuis de nombreuses années. Quelques chaînes, radios ou journaux se permettent de traiter l’actualité avec une subjectivité assez révoltante d’un point de vue démocratique, le summum ayant sans doute été atteint par Serge July au lendemain de la victoire du "non" au référendum sur le TCE. La dernière campagne présidentielle n’a pas été un exemple non plus sur les temps de parole.
Malgré tout, il ne faut pas accabler les journalistes, qui travaillent dans des conditions souvent très difficiles et une grande majorité d’eux font un travail de qualité. Frédéric Taddeï est assurément un de ceux-là. Ce Soir (ou Jamais !) est une émission de qualité, qui n’hésite pas à traiter des sujets polémiques et à inviter des personnes qui sont peu ou pas invités ailleurs. On peut également mentionner Jean-Jacques Bourdin, Laurent Ruquier, Ca vous regarde sur LCP, France 24…
Merci en tout cas à Frédéric Taddeï pour cette belle leçon de journalisme : ouvert aux débats d’idée, même quand on ne les partage pas et non pas arbitre des élégances décidant arbitrairement ce qui est possible ou non de dire à la télévision. Assurément une vidéo à garder en mémoire.
Retrouver cet article sur le blog de Laurent Pinsolle

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