Rebsamen conseille à Ayrault de virer des membres du gouvernement : qui pourrait jouer les fusibles ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
François Rebsamen, a reconnu mercredi avoir conseillé à Jean-Marc Ayrault de "virer" un ministre pour l'exemple.
François Rebsamen, a reconnu mercredi avoir conseillé à Jean-Marc Ayrault de "virer" un ministre pour l'exemple.
©Reuters

Maillon faible

François Rebsamen, a reconnu mercredi avoir conseillé à Jean-Marc Ayrault de "virer" un ministre pour l'exemple. "Tous les jours, il y a des annonces prématurées, et même contradictoires. Là, ils s'arrêteront", aurait dit le président des sénateurs PS, le 5 mars, selon le Canard enchaîné.

Josée Pochat et David Valence

Josée Pochat et David Valence

Josée Pochat est chef du service politique de Valeurs actuelles.

David Valence est professeur agrégé d'histoire.

Il enseigne à Sciences-Po Paris depuis 2005. Il anime le blog trop-libre.fr qu'il a créé avec Chistophe de Voogd dans le cadre des activités de la Fondation pour l'innovation politique.

A lire notamment sur son blog : ce billet sur le centrisme.

Voir la bio »

Petit exercice d’histoire-fiction : nous sommes le 6 mai 2013. Un an après son élection comme président de la République, François Hollande choisit de donner un nouveau souffle à son action en effectuant un mini-remaniement ministériel. De quels ministres pourraient-ils alors choisir de se séparer ? Revue en détail des maillons faibles du gouvernement par le politologue David Valence et Josée Pochat, chef du service politique de Valeurs actuelles.

David Valence :

  • Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères : Il a succédé à Alain Juppé. Normalien, énarque et ancien Premier ministre comme son prédécesseur, il n’a pourtant pas réussi à imprimer sa marque à une "Maison" traumatisée par les coupes budgétaires. Médiatiquement, Laurent Fabius a agacé ses collègues en s’autorisant de fréquentes incursions hors de son champ de compétence. Il semble s’ennuyer au Quai d’Orsay et accorde plus d’attention à la reprise de Petroplus qu’au conflit israélo-palestinien. L’élu de Seine Maritime pourrait être remplacé par son ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, ou encore par la présidente de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, Elisabeth Guigou.
  • Pierre Moscovici, ministre de l’Economie : Heureusement, il y a l’Europe ! Sans ce théâtre d’opérations (et de négociations), où il est paraît-il très apprécié, Pierre Moscovici aurait sans doute déjà quitté son poste. Ses interventions publiques n’ "accrochent pas", alors que la France a besoin d’un ministre de l’Economie fort, en pleine crise. Plus gestionnaire qu’inventif, comme beaucoup des anciens élèves de l’ENA, le ministre de l’Economie peine à identifier les moyens qui permettraient à la France de renouer avec la croissance. Il pourrait être remplacé par Michel Sapin, l’actuel ministre du Travail, qui a déjà piloté Bercy en 1992-1993… ou mieux encore, par Pascal Lamy, actuel directeur général de l’OMC, s’il l’acceptait.
  • Delphine Batho, ministre de l’Ecologie et du développement durable : Totalement inaudible, cette pure apparatchik n’a pas réussi à convaincre que François Hollande, qui a toujours eu des relations difficiles avec les écologistes, nourrissait un grand dessein en matière de développement durable. Au surplus, elle n’a pas le poids politique nécessaire pour défendre ses dossiers face à un Arnaud Montebourg ou même à un Stéphane Le Foll, qu’on sait proche de François Hollande. Bref, elle est trop "verte" pour le job. Ségolène Royal, qui lui avait cédé son siège aux législatives de 2007, ne demanderait pas mieux sans doute que de remplacer son ancienne protégée au gouvernement.
  • Marylise Lebranchu, ministre de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique : Beaucoup la voyaient présidente de l’Assemblée nationale, mais elle a préféré revenir au gouvernement, dix ans après la fin du gouvernement Jospin. Son choix de supprimer le jour de carence pour les fonctionnaires a heurté l’opinion, qui n’y voit qu’électoralisme étroit. Elle devait proposer une grande réforme de la Fonction publique, pour que celle-ci réponde aux nouveaux défis du service public… et de la rigueur budgétaire. Au lieu de cela, elle s’est enfermée dans la case "ministre des fonctionnaires". Elle pourrait être remplacée par Nicole Notat, ancienne patronne de la CFDT, dont l’expérience de la négociation et la ténacité réformatrice seraient utiles à ce poste.
  • Alain Vidalies, ministre délégué en charge des relations avec le Parlement : Depuis un an, il accumule les échecs : le rejet de textes importants par un Sénat pourtant majoritairement à gauche n’en est que la face émergée. Quel désaveu plus cinglant pour lui que le récent plaidoyer de l’Elysée en faveur des ordonnances ? Ce parlementaire chevronné n’est pour rien, au reste, dans le bon déroulé du débat sur le mariage pour tous, qui doit tout à la Garde des Sceaux Christiane Taubira et au Président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone. Il pourrait avantageusement être remplacé par un sénateur, comme l’encombrant François Rebsamen, ou par une sénatrice, comme la très efficace et expérimentée Michèle André, élue du Puy-de-Dôme.

Josée Pochat :

  • Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif : Il monte aisément sur la première marche du podium : C'est Monsieur "à contre-courant". On peut être sûr que lorsqu'il y a un couac, il n'est jamais très loin.
  • Cécile Duflot, ministre de l’Égalité des territoires et du Logement : L'ex Secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts est restée une éternelle adolescente : elle ne rentrera jamais dans les clous et n'acceptera jamais de sortir du déni de réalité.
  • Christiane Taubira, ministre de la Justice : Elle mérite un carton rouge, notamment pour son éloge d'Hugo Chavez. Par ailleurs, sa politique pénale laxiste est incompatible avec la politique de fermeté prônée par Manuel Valls. Le ministre de la Justice et le ministre de l'Intérieur doivent agir de concert.
  • Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances : Le directeur de campagne de François Hollande n'est pas au niveau à Bercy, comme on le reconnaît d'ailleurs dans l'entourage du chef de l’État. Étant donné son évanescence, on ne remarquera même pas son absence.
  • Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale : Il mérité aussi un carton rouge. Le b.a-ba du métier de ministre est de ne pas parler tout seul dans son coin. Le gouvernement n'est pas le Parti socialiste !

Virer quelques ministres ne suffira pas... L'idéal serait de composer une nouvelle équipe resserrée autour de Manuel Valls avec Jean-Yves Le Drian, Jérôme Cahuzac, Laurent Fabius et Michel Sapin. Je garderai également Aurélie Filippetti, Delphine Batho, Fleur Pellerin et Najat Vallaud-Belkacem pour maintenir une touche de jeunesse et de féminité. Enfin, je ferai entrer des profils plus "réalistes" au gouvernement pour reprendre l'économie en main.  Jean Peyrelevade aurait, par exemple, toute sa place à Bercy. Gérard Collomb pourrait également prendre la tête d'un énorme ministère de l'Aménagement du territoire avec pour mission de couvrir une vraie réforme des collectivités locales françaises en supprimant l'échelon du département. L'idée serait de se séparer des ministres qui sont dans "le déni" pour faire entrer de bons gestionnaires. Enfin, il faudrait appliquer la jurisprudence Chevènement : ceux qui ne sont pas d'accord ferment leur "gueule" ou prennent la porte !

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !