La France reste la 5e puissance économique mondiale mais a-t-elle encore sa place au sein du G7 ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La France sera en quasi-stagnation au premier trimestre.
La France sera en quasi-stagnation au premier trimestre.
©Reuters

Siège éjectable

Alors que François Hollande a affirmé qu'il abandonnait sa promesse de campagne d'un déficit à 3% en 2013, la France sera en quasi-stagnation au premier trimestre.

Jean-Michel Boussemart

Jean-Michel Boussemart

Jean-Michel Boussemart est Délégué Général et économiste chez Coe-rexecode.

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Atlantico : Alors que François Hollande a d'ores et déjà affirmé que l'objectif de déficit de 3% en 2013 était abandonné au profit d'une prévision à 3,7% alors qu'il s'agissait d'une promesse de campagne, la croissance française devrait être de seulement 0,1% au premier trimestre selon la Banque de France et le chômage s'est envolé à 10,2% au quatrième trimestre 2012 selon l'Insee. L'Hexagone est-il en mauvaise santé par rapport à ses partenaires du G7, notamment par rapport aux États-Unis où la croissance semble repartir et l'Allemagne qui fait toujours figure de pilier fort de la zone euro ?

Jean-Michel Boussemart : L’économie française est entrée en récession, et celle-ci devrait se prolonger en 2013. La fiscalité sur les ménages et les entreprises s’est fortement durcie ce qui devrait impacter négativement la demande des ménages et l’investissement des entreprises. Les plus récentes enquêtes (PMI et Commission européenne) montrent que l’économie française continue de décrocher vis-à-vis de l’allemande. Par rapport à ses partenaires du G7, la France fait actuellement moins mal que le Royaume-Uni et l’Italie, elle prend cependant du retard sur les réformes structurelles à faire. Elle fait moins bien (ou plus mal) que les États-Unis et l’Allemagne.

Outre-Atlantique le PIB reste en croissance certes modérée mais positive. L’investissement a repris, l’emploi augmente et le chômage baisse. Le point noir reste le déficit public à plus de 8% du PIB. En Allemagne la croissance a faibli mais l’emploi est au plus haut, le chômage au plus bas et les comptes publics sont quasiment revenus à l’équilibre. Les comptes extérieurs sont positifs pendant que ceux de la France sont déficitaires.

Quelles sont les faiblesses persistantes de l'économie française et, au contraire, ses forces par rapport aux autres économies du G7 ? La Grande-Bretagne semble en difficultés avec une croissance probablement négative au premier trimestre 2013 et une monnaie qui a chuté face au dollar et à l'euro en 2012. Cela signifie t-il qu'elle ne bénéficierait pas autant qu'on le dit de l'avantage d'utiliser sa propre monnaie pour pouvoir dévaluer et acheter sa dette via la banque centrale ?

La principale faiblesse à pointer est l’ampleur des dépenses publiques qu’on n’arrive pas à maîtriser et a fortiori à baisser. En 2012 les dépenses totales des administrations ont représenté 56% du PIB dans l’Hexagone contre moins de 45% en Allemagne et près de 50% pour l’ensemble de la zone euro. Ceci conduit à des prélèvements fiscaux au sens large qui se sont hissés au plus haut, ce qui n’empêche pas les comptes publics d’être déficitaires (4,5% du PIB en 2012 et encore 3,7% en 2013 selon les récentes déclarations du Président Hollande). Ce haut niveau des prélèvements obligatoires contribue à peser sur la compétitivité des entreprises et à décourager l’effort productif. Un des atouts français est le dynamisme relatif de sa démographie mais encore faut-il savoir en profiter.

La chute du sterling est liée au déficit de la balance courante britannique qui révèle une compétitivité fort dégradée. Elle peut aider à court terme à stimuler les exportations. A moyen et long terme la dévaluation que la Banque centrale peut accentuer par la planche à billets n’est pas la martingale dont il faut rêver. Une telle politique empêche en effet de s’adapter au monde qui change. L’exemple de l’Allemagne nous montre clairement ce qu’il faut faire.

Quelles doivent être les priorités pour le gouvernement en matière de réforme ? Comment l'État peut-il concilier réduction des déficits et objectifs de croissance et d'emploi ?

La priorité des priorités est d’infléchir à la hausse la courbe de l’emploi afin d’inverser celle du chômage qui continue actuellement de croître. L’enjeu majeur est la restauration et l’amélioration de la compétitivité des entreprises. En effet seules les entreprises peuvent créer des emplois, les administrations publiques n’en ont plus les moyens, elles devraient même réduire leurs effectifs pour réduire leurs dépenses.

Améliorer la compétitivité passe  par une baisse du coût du travail, précisément des charges annexes aux salaires, par une baisse de la fiscalité sur les entreprises, par une amélioration de la productivité de la main d’œuvre : améliorer la formation de la main d’œuvre, favoriser les dépenses de recherche et de développement, l’investissement productif etc. Ceci implique que les marges des entreprises, actuellement fort dégradées, soient redressées. C’est incontournable. A court terme l’amélioration ne peut passer que par la baisse du coût du travail et de la fiscalité, les autres facteurs ne peuvent en effet que jouer à moyen et long terme.

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