Pourquoi les coupes budgétaires ne permettront pas aux Etats-Unis de se sortir du déficit : la preuve par les chiffres<!-- --> | Atlantico.fr
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Les coupes budgétaires ne permettront pas aux Etats-Unis de se sortir du déficit.
Les coupes budgétaires ne permettront pas aux Etats-Unis de se sortir du déficit.
©FlickR / Ivy Dawned

Decod'Eco

Les coupes budgétaires permettront aux Etats-Unis de se sortir du déficit, n'est-ce pas ? Faux, parfaitement faux, comme le montrent ces quelques chiffres...

Eric Fry

Eric Fry

Eric J. Fry est directeur éditorial au sein d'Agora Inc., maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis

Il est spécialisé dans les valeurs internationales depuis près de deux décennies et a été gestionnaire de portefeuille pendant plus de 10 ans, se concentrant sur les stratégies d'investissement international et la vente à découvert.

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Depuis quelques jours, les médias font grand bruit autour du fait que "les coupes budgétaires automatiques qui ont débuté vendredi dernier réduiront la dette publique américaine de 85 milliards de dollars cette année".

C'est faux. Totalement faux.

La vérité blesse, comme on dit — c’est pourquoi dire des vérités trompeuses est une pratique très prisée. Pour illustrer le pouvoir trompeur des vérités, étudions la remarque suivante :

"Au cours de ces dernières années, les deux partis [démocrate et républicain] ont travaillé main dans la main pour réduire le déficit de plus de 2 500 milliards de dollars. Résultat, nous avons parcouru plus de la moitié du chemin pour atteindre l’objectif de 4 000 milliards de dollars de réduction des déficits dont nous avons besoin, selon les économistes, pour stabiliser nos finances".

Le président Obama a prononcé cette phrase dans son discours sur l’état de l’Union... cela doit donc être vrai.

Mais cela est également très trompeur. D’une manière ou d’une autre, la réduction des déficits de 2 500 milliards de dollars d’Obama s’est en fait traduite par 5 000 milliards de dépenses déficitaires au cours des cinq dernières années. Autrement dit, au cours des quatre premières années d’Obama à la Maison Blanche, le pays a creusé le trou de son déficit de 5 000 milliards de dollars supplémentaires.

En pourcentage du PIB, la dépense publique non financée d’Obama a atteint un pourcentage de 8,3% du PIB, ce qui est digne d’une république bananière. C’est plus du double que le pire déficit jamais enregistré par un président en quatre ans au cours des trente dernières années.

Nous ne faisons pas cette observation pour tirer les oreilles du président, ni pour promouvoir un programme politique en particulier. Les républicains savent eux aussi très bien dépenser l’argent qu’ils n’ont pas. Nous faisons cette observation pour rappeler au lecteur combien les vérités peuvent être trompeuses.



Comment se ruiner... moins vite que prévu


En tant que pays, les Etats-Unis sont ruinés. Voilà la vérité. Mais cela fait mal. Donc, au lieu de faire face à cette vérité avec honnêteté, le débat national tourne autour de comment devenir plus ruiné moins vite que prévu.

La plupart des gens imaginent que tous les débats organisés à propos des "coupes budgétaires automatiques", des "réductions budgétaires" et des "réductions des déficits" ont pour but de trouver comment rendre le pays plus solvable.

Ce n’est pas le cas. Pas du tout.

Ces grands débats politiques ne portent que sur le calibrage de la vitesse à laquelle le pays s'appauvrit.

Voici une vérité qui fait mal :

Une réduction budgétaire ne produit pas des économies ; elle ne réduit même pas la dette publique ; elle réduit simplement la taille de l’augmentation de la dette.

Une réduction budgétaire est simplement un engagement à emprunter moins d’argent qu’on ne prévoyait de le faire. C’est comme si vous ou moi n’utilisions seulement que neuf de nos dix cartes de crédit au lieu des dix -- et que nous appelions cela "austérité".

La terrible coupe automatique qui a taillé dans le vif le budget américain vendredi dernier a retiré 85 milliards de dollars de dépenses prévues. Mais même en supposant que ces réductions restent en vigueur, la dette publique augmenterait encore de... 845 milliards de dollars cette année (selon le Congress Budget Office), soit environ quatre fois plus vite que la croissance économique prévue.
[Plus de points de vue nageant à contre-courant et d'idées loin des sentiers battus ? C'est par ici...]

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