Classement Forbes des milliardaires : qui sont les héritiers, qui sont les bâtisseurs ?

Atlantico : Le monde comptabilise 1 426 milliardaires en 2013, soit 200 de plus qu'en 2013. Quel est le profil des Français qui en font partie ?

Philippe Villemus : Lorsque l'on s'adresse aux "ultra riches", c'est à dire à ceux qui disposent d'au moins un milliard de dollars,  il faut regarder leurs niveaux de patrimoine. Les milliardaires français présentent deux types de profils :

• Les héritiers d'une part : il s'agit d'un héritage d'une fortune importante dont ils peuvent être les seuls légataires, comme Liliane Bettencourt, l'héritière de L'Oréal, ou même Serge Dassault, ou partager la fortune avec d'autres comme c'est le cas avec la famille Mulliez à l'origine des supermarchés Auchan. Nous retrouvons également Alain et Gérard Wertheimer - qui détiennent notamment la maison Chanel et la société de cosmétiques Bourjois -, ou même Emmanuel Besnier - PDG du groupe Lactalis fondé par son père.

• Ceux qui sont à l'origine de leur propre fortune et qui, au départ, ont créé leur entreprise, celle-ci ayant connu un succès notable en devenant un grand groupe. Dans cette catégorie, nous retrouvons Bernard Arnault, le fondateur de LVMH qui commercialise des marques de luxe comme Louis Vuitton ou les champagnes Moët & Chandon, même s'il est héritier d'une fortune léguée par son père qui a réussi dans l'immobilier. De même, François Pinault, le père, fait partie des chefs d'entreprise qui, partis de rien, ont fait fortune par la suite. Se trouve également dans ce type de profil Xavier Niel - le fondateur d'Iliad, la maison mère de Free (Xavier Niel est actionnaire d'Atlantico, ndlr).

Outre ces deux sources d'ultra-riches en patrimoine,les milliardaires français, à quelques exceptions près, ont la particularité d'être relativement plus âgés que leurs homologues américains et davantage présents dans des secteurs que l'on peut qualifier de traditionnels ou "ancien" comme l'aviation, le bois, la restauration collective ou l'industrie alors que, outre-Atlantique, les nouveaux milliardaires sont surtout issus des nouveaux médias comme Facebook, Apple, Amazon, eBay... A l'exception de Xavier Niel, nous n'avons pas de riches véritablement issus des nouvelles technologies.

Les milliardaires français se distinguent aussi de leurs homologues des pays émergents comme la Chine, la Russie ou le Mexique, ces derniers faisant figure d'oligarques de la fin du 19e ou début du 20e siècle. Présents sur des secteurs traditionnels, ils ont construit leurs fortunes dans des pays très inégalitaires. Beaucoup de Russes ont par exemple bénéficié de la vente d'entreprises pétrolières ou gazières à des prix dérisoires lors de la chute du mur.

Bien entendu, il s'agit des "très riches" en patrimoine. En termes de revenus, ce ne sont pas deux mais quatre catégories qui coexistent : les héritiers, les entrepreneurs et créateurs d'entreprises, les patrons salariés dans les grands grand groupe et ceux qui détiennent un "talent inédit" que se soit dans le domaine du sport (ex: les salaires des footballers), dans le cinéma ou la musique. Bien qu'élevés, les salaires des ultra-riches en revenus n'atteignent pas les niveaux de fortunes des milliardaires en patrimoine.