Le porno de la vengeance : quand publier des photos de son ex dénudé(e) devient un véritable business<!-- --> | Atlantico.fr
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Publier des photos de son ex dénudé(e) pour se venger est la nouvelle activité à la mode aux Etats-Unis.
Publier des photos de son ex dénudé(e) pour se venger est la nouvelle activité à la mode aux Etats-Unis.
©Reuters

Vengeance XXL

Avec le site IsAnyoneUp, l'Américain Hunter Moore est le premier à avoir proposé aux hommes et femmes plaqués de se défouler en postant des photos prises en toute intimité avec leur ex-moitié.

Terminés les mauvais sorts et les poupées vaudous. A l'heure d'Internet, le meilleur moyen de se venger d'un ex passe par la publication de clichés dénudés de la dite personne.  Ce phénomène, appelé outre-manche Revenge Porn, connaît un succès retentissant depuis maintenant quelques années et prend une ampleur XXL, à tel point que le créateur de l'un de ces sites, Hunter Moore, est devenu à 26 ans seulement "l'homme le plus détesté d'Internet".

Cet Américain a en effet lancé en 2010 le site web IsAnyoneUp. L'idée lui est venue quand une femme lui envoya à plusieurs reprises des photos d'elle nue. Après avoir publié ses clichés pornographiques sur sa nouvelle plateforme Internet, il encouragea alors le reste des internautes à faire de même avec leurs propres photos. Et les passions de se déchaîner, les cœurs brisés de se venger. Ou quand la vengeance est un plat qui se mange chaud.

Rapidement, le site devient l'un des plus populaires aux Etats-Unis atteignant près de 30 millions de pages vues par mois et rapportant tout de même la modique somme de 10 000 dollars en revenus publicitaires. Et malgré de nombreux incidents – une femme alla jusqu'à poignarder Hunter Moore avec un stylo après avoir figuré sur le site en 2011 – le site est resté opérationnel jusqu'à l'année dernière quand le jeune Américain décida d'y mettre un terme.

Le roi est mort, vive le roi. La fin du site d'Hunter Moore n'a en effet pas sonné le glas du Revenge Porn puisque d'autres petits malins ont repris le flambeau. IsAnybodyDown.com ou encore Texxxan.com ont ainsi succédé au tristement célèbre IsAnyoneUp. Le site PinkMeth a poussé le concept encore plus loin en dévoilant, en plus des photos dénudées, des données personnelles sur la personne représentée en diffusant les noms et prénoms, l'année de naissance, l'adresse e-mail, et même des liens vers les comptes Facebook ou Twitter.

Une question titille généralement les internautes. Pourquoi ces sites ne sont-ils tout simplement pas interdits ? Tout simplement, justement, parce que la loi autorise leur existence et protège même ses fondateurs. Ils sont en effet protégés par la loi 47 USC 230 qui indique que les sites internet ne sont pas responsables du contenu de tiers. En effet seuls ceux qui envoient les photos sont susceptibles d'être accusés. Or ils les envoient bien évidemment anonymement. Et la boucle est bouclée, personne n'est condamnée même si les procès contre les fondateurs de ces sites ne cessent de se multiplier un peu partout aux Etats-Unis.

De plus en plus d'avocats expliquent toutefois que le fait de publier sur Internet des photos pornographiques de personnes sans indiquer leur âge est illégal puisque ces hommes ou femmes pourraient très bien être mineurs. Les photos relèvent donc de la pédopornographie. De même, publier des informations aussi précises que la date de naissance et autres sur les personnes représentées pourraient représenter un vol d'identité. Mais même si en passant par certains avocats qui triturent plusieurs lois pour arriver au retrait de la photo gênante, le problème demeure : rien ne s'efface vraiment sur Internet, et cette vengeance pornographique reste, à tout jamais.

Mais entre les "sextos" et les vidéos amateurs, le Revenge Porn ne constitue qu'un triste et nouvel exemple de la pornographie "privée" et de son développement dans notre quotidien. Et ce ne sont pas les initiatives comme EndRevengePorn.com et consorts où des groupes de soutiens sont assurés aux victimes de ces vengeances pornographiques, des pétitions mises en ligne et des noms d'avocats donnés que devraient changer la donne.

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