Les raisons derrière l'étonnante remontée des ventes de disques

Atlantico : Les chiffres des ventes mondiales de musique pour 2012 viennent d'être publiés par l'IFPI (International Federation of the Phonographic Industry). Pour la première fois depuis 1999, on assiste à une hausse globale mondiale des ventes de 0,3 %. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cette hausse ?

André Nicolas : Les zones commerciales pertinentes pour le marché physique concernaient peu de pays : L’Amérique du Nord (USA et Canada), les pays européens et plutôt l’Angleterre, l’Allemagne, la France,  les pays nordiques enfin la Corée du sud et le Japon. Ceux-là mêmes qui furent touchés par les pratiques du pair à pair.

Les derniers chiffres de l’IFPI sont plutôt encourageants puis qu’ils indiquent un retournement de tendance même si le marché physique est toujours moteur car la croissance du marché numérique est encore loin de compenser  la perte du marché physique qui ne cesse de se déliter.

Aux USA, par exemple, les réseaux physiques ont disparu et seule Amazon a gardé des parts de marché avec la VPC par internet. En France, il en est de même avec la disparition de magasins dont dernièrement l’enseigne Virgin et une dizaine de boutiques d’Harmonia Mundi.

L’internationalisation du marché, la multiplicité des conditions d’accès du contenu musical (PC, mobile, Smartphone et tablette) par les principales plateformes ouvrent les marchés de tous les continents. Enfin, le coût d’achat du titre/album et l’ensemble des services proposés, rendent plus attractive l’offre musicale.

Alors que l'industrie de la musique est en crise depuis plus d'une décennie, les dirigeants de l'IFPI se disent "sur la bonne voie" à l'annonce de ces chiffres. Cet optimisme est-il fondé ? La crise du secteur est-elle vraiment derrière nous ?

Oui car le renouvellement d’innovations relance sans cesse l’attrait de ce marché. Par ailleurs, l’élargissement des catalogues, le développement du streaming, les facilités du cloud qui répondent au tropisme du nomadisme, la consommation numérique musicale en voiture va démultiplier les conditions d’accès.

Les pratiques vis-à-vis de l'accès à la musique (gratuit vs payant) ont-elles réellement évoluées ?

Les modèles économiques vont se stabiliser surtout si les producteurs revoient les conditions du "licensing". Le streaming par abonnement se développe car les taux de conversion du gratuit au payant sont encourageants.

Concernant le gratuit financé  par la publicité, on constate un déport important des campagnes de publicité vers les nouveaux médias électroniques car l’exploitation des données personnelles permettent un ciblage des publics plus opérationnel.

Enfin, l’ouverture des API de certaines plateformes aux développeurs tiers permet une interaction et une interpénétration de multiples services au sein de ces mêmes plateformes, enrichissant l’expérience utilisateur et l’expérience musicale des communautés d’utilisateurs. Ces récents développements créent de la valeur et devrait permettre aux start-up d’obtenir les conditions de leur développement.