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Le nucléaire oui, 
mais la pollution atmosphérique ?
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EDITO

Elle a causé 42 000 décès en France 2010 d’après le Ministère de l’Environnement. Dans l'indifférence.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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La France doute de ses centrales depuis que les certitudes assénées par l’industrie du nucléaire civil ont été remises par le pathétique feuilleton de Fukushima. Elle s’inquiète du passage d’un nuage de poussières japonaises pourtant diluées par leur long voyage, mais la France semble accepter, sans problème, la pollution atmosphérique quotidienne qui tue des dizaines de milliers de personnes.

Pourtant, personne ne conteste ce triste état de fait, c’est tout à fait officiel, comme l’indique un communiqué de presse du ministère de l’environnement daté du 28 juillet 2010 : « la France ne respecte pas encore l’ensemble des objectifs d’émission et de qualité de l’air fixés par la législation européenne. Les dépassements de particules seraient, selon des travaux de l’OMS, la cause de 400 000 morts prématurées par an en Europe, dont environ 42 000 en France soit 5% des décès chaque année en France. »

Avant d’être journaliste, j’ai travaillé dans le transport pétrolier au Havre. Une mini-marée noire de 1 672 t de fuel lourd m’a amené à créer un groupe écologiste, et à faire un procès pour défendre les intérêts des utilisateurs de la plage et des marins pêcheurs. J’ai soutenu la campagne présidentielle du candidat écologiste René Dumont en 1974, persisté en écrivant dans La Gueule Ouverte animée par Isabelle Cabut, en me présentant aux élections locales et européennes de 1979, pas pour faire carrière en politique mais pour tirer la sonnette d’alarme. Puis j’ai continué en faisant un procès contre les rejets de résidus d’usines chimiques en baie de Seine, « boues rouges » et « boues jaunes ». La marée noire était facile à médiatiser, l’opinion s’émouvait mais la pollution chimique, invisible, était nettement moins mobilisatrice.

 J’étale ce passé, parce que la situation est la même aujourd’hui, et qu’il me permet, je pense, de critiquer sans retenue l’écologie politique actuelle, les Verts et autres, qui se réveillent sur l’énergie nucléaire parce que l’actualité leur offre ce cadeau juste avant les élections cantonales. C’est bien mais plutôt que de se chamailler sur le choix de leur futur candidat censé pouvoir s’exprimer sur n’importe quel sujet de société ou de politique internationale, on aimerait qu’ils contribuent quotidiennement à vraiment mobiliser dans toute la France l’opinion contre la pollution atmosphérique, insidieuse, handicapante pour les plus fragiles d’entre nous et mortelle pour certains : des dizaines de milliers de morts chaque année comme le voit. Alors que le nucléaire civil, quels que soient ses lacunes et ses dérapages, n'a, pour l’instant, tué en personne en France.

Bien sûr une explosion qui frappe un bâtiment dans une centrale nucléaire vue sur toutes les chaines de télévision est plus spectaculaire que la pollution aux particules fines qui frappe l’Ile de France ce week end comme le signale Air Parif. Mais pour moi le tuyau d’échappement et la pollution invisible qui envahit les poumons de nos enfants chaque jour, c’est le véritable scandale, l’image la plus forte qui devrait obséder, non seulement les écologistes, mais tous les politiques, et aussi les médias pour que de vraies mesures à caractère obligatoire soient rapidement prises, en cas de pic de pollution.

Au lieu de cela nos médias signalent quand ils ont le temps, qu’il est recommandé de rouler un peu moins vite sur le périphérique parisien, parce que la qualité de l’air est mauvaise ce jour là, sans la moindre réaction ou manifestation écologiste. Au secours, j’étouffe.

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