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Goodyear-Titan : règlement de comptes à O.K. Amiens
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Plus vite que son ombre !

Le patron de Titan a dégainé le premier. Et sans pitié, il a vidé le barillet de son colt sur Montebourg. Un massacre.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Depuis la nuit des temps, on préfère les petits aux gros. Les pauvres aux riches, les ouvriers aux patrons. Et David à Goliath. Mais il arrive parfois que Goliath, nonobstant sa réputation de géant maladroit, soit plus percutant, plus malin que le petit David. Il en est ainsi du patron de Titan, putatif, éventuel, et désormais ex, repreneur de l'usine Goodyear d'Amiens nord. Dans une lettre cinglante adressée au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, il assassine (avec préméditation) ce dernier qui, il y a encore peu, lui faisait les yeux doux. La missive est trempée dans une encre dont on peut faire des balles.

En substance, elle dit ceci : j'ai visité par 2 fois l'usine Goodyear. Les ouvriers là-bas n'en foutent pas une rame : ils ne travaillent que trois heures par jour ! Je leur ai demandé pourquoi. Ils m'ont répondu : c'est comme ça en France. Croyez-vous que je sois assez idiot pour reprendre cette boîte ? M. Taylor n'étant manifestement pas un imbécile, on peut en déduire qu'il insinue que l'imbécile, c'est le destinataire de sa lettre.

Le ton du texte du patron de Titan ne constitue pas, à l'évidence, une carte de visite pour être admis dans la bonne société que fréquente M. Montebourg. Pour rester dans les clichés du western, M. Taylor sera accusé d'avoir le savoir vivre d'un cow-boy bourré entrant dans un saloon.  Ah, il est Américain !  Ah, il est mal élevé ! Mais avant de tirer sur M. Taylor, une enquête de voisinage s'impose. On parle beaucoup de l'usine Goodyear d'Amiens nord. Et jamais de l'usine Goodyear d'Amiens sud. Celle du nord va fermer : pendant des années, la CGT de l'entreprise a refusé mordicus tout compromis avec la direction. Celle du sud ne va pas fermer : ce compromis a, là-bas, été accepté.

Alors qui a tué Amiens nord? Goodyear? M. Taylor ? Il faut chercher ailleurs… Disculpons tout de suite M. Arnaud Montebourg : il n'y est pour rien. Son défaut : il parle beaucoup. Le plus souvent pour ne rien dire. Pendant la campagne des primaires au PS, il s'était rendu à l'usine Goodyear. François Hollande en avait fait de même. Un candidat de gauche se devait, bien sûr, d'être adoubé par la classe ouvrière… Ils avaient trouvé les mots qu'il fallait  et les ouvriers de Goodyear avaient cru qu'une fois élus, Hollande et Montebourg les sauveraient.

Le ministre du Redressement productif n'est pas – répétons-le – coupable. Comme les pianistes de saloon qui tapent comme des malades sur les touches de leur instrument pendant que sifflent les balles, il joue sa partition. Elle lui a été écrite par Hollande qui n'est pas à une vacherie près concernant son ex-rival à la candidature PS. Arnaud Montebourg est juste plombier. Et on ne lui demande pas de réparer un robinet qui fuit, ce qui serait à sa portée. Mais de colmater l'énorme brèche d'un barrage hydraulique qui laisse s'écouler des millions de m3 d'eau. Pauvre Montebourg.

Mais il aura encore l'occasion de montrer son utilité. Dans sa lettre, petit chef-d'œuvre d'insolence, M. Taylor ricane. "Bientôt vous serez inondés de pneus chinois subventionnés par Pékin". Et il ajoute que même Michelin y laissera sa peau. Les pneus chinois seront, à n'en pas douter, de moins bonne qualité que ceux fabriqués par les ouvriers français. On peut donc parier sans risque sur de multiples crevaisons. Alors, Montebourg viendra et il collera des rustines sur la camelote chinoise. Sur ces dernières il sera marqué : " Made in France".  

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