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Startup Sauna : et si contre la crise, on essayait d'autres méthodes d'accouchement des idées ?
©Reuters

Editorial

Dans quelques jours débute en Scandinavie le Tour du Printemps du Startup Sauna, un incubateur d’entreprises où les échanges d’idées se font au sauna et sur le modèle de l’open source.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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D’accord, cette période de fin d’hiver, avec ses jours qui tardent encore à se rallonger, n’aide pas à retrouver le moral. D’accord, crise ou pas crise, la France a fait de la consommation d’antidépresseurs une spécialité nationale. D’accord, les difficultés économiques et leur cortège d’usines qui ferment sont  bien là. Mais tout de même ! La déprime qui règne en ce moment en France dans les discours politiques, les conversations et les médias pousse à s’interroger : cette morosité est-elle la conséquence de la crise économique ou l’accentuation de la crise est-elle une conséquence de la morosité ?

La question n’est pas aussi saugrenue qu’il y parait au vu du succès d’une expérience menée par nos voisins scandinaves. Dans quelques jours commence en effet l’édition 2013 du Tour du printemps (Warm up Spring Tour) du Startup Sauna. Cet incubateur d’entreprises créé en Finlande il y a trois ans par une bande d’étudiants de l’université d’Aalto à côté d’Helsinki connait un engouement grandissant et son concept s’exporte désormais dans toute l’Europe du Nord, mais aussi en Russie.

Le principe est simple : priorité aux start-up et à l’innovation pour promouvoir l’entreprenariat et pour doper l’économie. Rien de très original direz-vous ? A ceci près que le travail s’y fait dans la bonne humeur, que l’imagination n’y est pas un gros mot… et que ça marche (et aussi que c’est encouragé et soutenu par l’Etat finlandais, soit dit en passant). Le Start-up Sauna fonctionne sur le modèle open source, inspiré du développement informatique collaboratif de systèmes comme Linux ou MySQL, où chacun profite des progrès de tous et apporte sa pierre à l’édifice. Les conseils, critiques et idées nouvelles entre étudiants, créateurs d’entreprises et coaches s’échangent ici en transpirant ensemble lors de séances de sauna collectives. Si les projets en valent la peine, la réflexion continue dans l’entrepôt désaffecté dans lequel les étudiants se sont installés près de leur campus.

Autre audace : les Géo Trouvetou en devenir ne limitent pas leur réflexion au domaine des nouvelles technologies. Loin de l’informatique, du web ou des biotechnologies, l’amélioration des techniques de collectes de fonds pour les ONG humanitaires, la recherche en matière de design ou l’amélioration des services à domicile sont aussi au programme. Ainsi un étudiant a imaginé appliquer le modèle d’Ikea, le géant suédois du meuble en kit, aux repas familiaux. Son entreprise livre aujourd’hui à domicile des sacs contenant tous les ingrédients nécessaires à la confection du dîner, coupés et tout prêts à être cuisinés. Une autre a développé son entreprise de ménage en appliquant aux maisons des particuliers les modèles de nettoyage professionnel. Elle sert aujourd’hui 10 000 clients et emploie plus de 1 300 personnes.

Certes, le Start-up Sauna n’est pas la panacée. Il y aura toujours des esprits cyniques qui opposeront que la Scandinavie, elle aussi, connaît la crise économique. Des gardiens du Temple affirmeront que l’université n’a pas à se compromettre avec le monde des affaires. Des idéologues expliqueront que cette initiative promeut avant tout l’entreprenariat et donc le capitalisme, forcément sauvage (il y a fort à parier que ce seront ceux-là mêmes qui d’habitude trouvent bien des attraits au modèle social scandinave…). N’empêche…  L’idée de suer à grosses gouttes avant de se jeter dans l’eau froide, tout en essayant de réinventer un petit morceau du monde, est drôlement vivifiante. Et si contre la déprime et la crise, on essayait l’enthousiasme et la créativité ?

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