Que sait-on vraiment du lien mère-enfant ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Que sait-on vraiment du lien mère-enfant ?
©Reuters

Allô bébé ?

Existe-t-il un lien universel mère-enfant qui viendrait justifier que l'on donne plus souvent la garde des bambins aux mamans ?

Juliette Allais

Juliette Allais

Juliette Allais est thérapeute et enseignante en psychogénéalogie. Sa pratique repose sur une approche pluridisciplinaire mêlant psychologie des profondeurs, analyse des rêves et étude du transgénérationnel.

Juliette Allais est l'auteur de La psychogénéalogie (Eyrolles), paru également sous la forme de chapitres au format électronique sur Atlantico éditions

Voir la bio »

Atlantico : Un père s'est retranché dans une grue à Nantes depuis vendredi, assurant qu'il n'en sortirait pas tant qu'on ne lui rendrait pas le droit de visite de son fils. La justice a décidé qu'il était préférable que son fils aille vivre avec sa mère. Existe un lien universel mère-enfant qui viendrait justifier que l'on donne plus souvent la garde des bambins aux mamans ?

Juliette Allais : Il n'y a pas de lien inné, universel. Dans notre culture, les mères s'occupent des enfants, donnent les premiers soins, cela a longtemps fonctionné comme ça. Cela a projeté l'image de la mère prépondérante, celle qui dispense les soins et dont l'enfant ne peut pas se passer. Ni le lien paternel, ni le lien maternel ne sont donnés dès le départ.

L'instinct maternel n'existe pas. Il a été créé pour maintenir les femmes dans leur rôle de femme, il ne se justifie pas. Cette invention relève du domaine socio-culturel, et elle a pris beaucoup de poids. Le lien entre la mère et l'enfant se construit au fur et à mesure que l'enfant grandit.

De plus, la mère éprouve toujours des sentiments qui sont ambivalents. Elle avait auparavant l'image de la mère qui ne serait que bonne, mais c'est un être humain, elle a toutes sortes de sentiments, ce qui est tout à fait normal : celui de se sentir envahie, le désir de violence vis-à-vis de l'enfant, des pulsions... tout cela fait partie du sentiment maternel, il faut savoir reconnaître ces sentiments et les accepter pour vivre le mieux possible. 

Comment faire la part des choses entre ce qui relève de l'instinct et de la culture ?

Les gens sont très ignorants de ce qui se passe réellement, ils sont restés au siècle dernier où la mère est la plus importante. Ce fantasme d'une mère idéale est prépondérant, et les gens ont du mal à lâcher. C'est quelque chose de rassurant. Il faut prendre conscience que l'histoire de chacun est différente

La force du lien qui se tisse entre l'enfant et chacun de ses parents n'est-elle pas avant tout dépendante de l'attention qui lui est quotidiennement portée ?

Les parents ont  vécu une expérience en tant qu'enfant qu'ils vont projeter sur leur fils ou leur fille. Ce lien va aussi dépendre de celui qui s'établit entre le père et la mère, ainsi que de l'image que vont construire les parents de leur enfant, souvent celle de l'enfant idéal. Le couple imagine toujours un enfant particulier, et ce dernier  va forcément être différent. Cette construction est donc souvent en décalage avec l'enfant véritable.La force du lien dépend de plusieurs éléments dont l'histoire personnelle de chacun des parents.

Les pères d'aujourd'hui n'ont-ils pas les mêmes rapports aux enfants ? 

Il est vrai que la fonction paternelle a évolué, les rôles sont plus souples. La place de la femme a connu une évolution importante, et l'homme participe plus qu'avant à l'éducation de l'enfant. Cependant, on ne peut pas en tirer des vérités générales, tout dépend de l'histoire de chacun, il est dangereux de faire des généralités. Ce ne sont jamais les mêmes enjeux, et le père et a mère ont des fonctions. Ils ont besoin d'être là tous les deux.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !