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Ce que le sondage sur le retour de Sarkozy dit mais que personne n'a voulu lire
©France 2

Savoir lire entre les lignes

D'après un sondage BVA réalisé pour i Télé et diffusé ce vendredi, quelques 35% des Français interrogés souhaitent un retour de Nicolas Sarkozy sur la scène politique. Au contraire, 62% n'en ont pas envie , soit deux tiers des personnes sondées.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Selon un sondage BVA, 62% des Français ne veulent pas que Nicolas Sarkozy se présente à l'élection présidentielle de 2017. Malgré tout l'ancien président semble être un élément incontournable de la vie politique française et particulièrement à droite. Comment l'expliquez-vous ?

Jérôme Fourquet : Le fait que Nicolas Sarkozy et uniquement lui ait été testé d'aucuns verront cela comme la preuve qu'il apparaît aux yeux des observateurs comme le seul candidat légitime, sérieux et crédible pour la droite. Et cela de manière incontestable. Mais cela reste un point de vue. La seule façon de le mesurer réellement serait de le tester lui en concurrence avec d'autres personnalités de droite pour voir qui aujourd'hui est le mieux placé et est le plus légitime aux yeux des électeurs, et notamment ceux de l'UMP, pour représenter cette famille de pensée lors de la prochaine élection présidentielle. Après le fait que le sondage n'ait porté que sur Nicolas Sarkozy peut aussi se comprendre par le calendrier récent, avec la petite actualité le concernant. Les fameux propos d'Alain Juppé sur le fait que Nicolas Sarkozy pense éventuellement à un retour en politique. Mais aussi la sortie de Carla Bruni qui indiquait qu'elle pensait que Marine Le Pen pourrait être présent au second tour de la présidentielle de 2017. Sous-entendu, ce scénario ne pourrait être évité que par un éventuel retour de son mari qui pourrait barrer la route à l'extrême-droite.

Mais quand on regarde ce sondage, il n'est pas différent d'autres enquêtes menées auparavant (notamment par l'Ifop). C'est-à-dire qu'effectivement auprès de l'ensemble des Français un score de 35% d'entre eux souhaitent que Nicolas Sarkozy se présente à l'élection présidentielle. On a donc une double analyse possible. D'aucuns diront : "c'est une fable, il n'y a pas de souhait, de désir d'un retour de Nicolas Sarkozy". 62% des Français le pensent en effet. Deux tiers ne veulent plus en entendre parler. C'est une réalité. En même temps, on peut voir aussi les choses autrement en disant que moins d'un an après sa défaite, on a quand même encore un Français sur trois qui souhaiterait qui soit encore candidat.

Alors peut-être certains, en émettant cette idée, procèdent à un calcul stratégique, notamment les électeurs de gauche. Ceux-ci souhaitent qu'il soit candidat en se disant c'est une assurance que la gauche l'emporte à nouveau. Il n'y a donc pas forcément une sincérité dans la réponse donnée. Mais enfin cela fait quand même un tiers des Français ce qui n'est pas rien sachant qu'une présidentielle en France se joue toujours à deux tours et donc cela lui fait quand même une bonne base de départ.

Le deuxième point, un peu dans le même schéma, c'est de se dire que ce qui est important, notamment dans la perspective d'une présidentielle à deux tours et avec une longue campagne, c'est de voir si on a sa base électorale traditionnelle derrière soi. Et cela semble être le cas pour Nicolas Sarkozy. En effet, 67% des sympathisants UMP souhaitent que Nicolas Sarkozy soit candidat en 2017.

Comment peut-on expliquer d'ailleurs ce pourcentage si élevé ?

Je pense que cela démontre que Nicolas Sarkozy avait su tisser un lien très fort, un lien particulier avec cet électorat de droite quoiqu'on en dise. Mais il y a quand même un tiers de l'électorat UMP qui ne veut plus entendre parler de Nicolas Sarkozy. Peut-être que cet électorat n'a pas apprécié son orientation trop droitière, son style et souhaite donc aujourd'hui tourner la page. Mais incontestablement Nicolas Sarkozy continue d'avoir une cote importante au sein de l'électorat UMP. Ce qui est relativement inédit c'est que cela se passe à peine un an après sa défaite électorale sévère.

Mais cela peut certainement s'expliquer aussi par le fait que les thèses que Nicolas Sarkozy a porté, le bilan de son action aux yeux de cet électorat de droite sont d'autant plus valorisés et valorisables qu'ils sont très remontés contre François Hollande. Ce contraste peut jouer. Ils peuvent se dire : " Nicolas Sarkozy avait raison. Même si tout n'était pas parfait, tout ne nous convenait pas. Mais quand on voit ce qu'on a actuellement, on regrette amèrement le départ de Nicolas Sarkozy. "

Le troisième point c'est que, toujours par effet de contraste, l'UMP ne possède pas de leader naturel. Les déboires de Jean-François Copé et de François Fillon permettent bien de montrer qu'aucune personnalité n'a réellement réussi à émerger dans le parti. De même qu'au sein de la génération des quadras personne ne sort réellement du lot. Tout ceci montre bien que pour les sympathisants UMP la seule solution possible demeure Nicolas Sarkozy.

Comment expliquer aussi que 46% des Français pensent que Nicolas Sarkozy se présentera à l'élection présidentielle de 2017 ?

Nicolas Sarkozy, à l'inverse de Lionel Jospin, n'a jamais réellement fermé la porte à un retour en politique. Il n'a jamais annoncé officiellement qu'il se retirait définitivement. Et cela dans l'esprit du public cela joue. Mais aussi Nicolas Sarkozy doit avoir envie d'une revanche. Et cette envie est confortée par les excellents résultats de la génération montante. Il a soutenu en sous-mains la motion de la France Forte de Geoffroy Didier et Guillaume Peltier qui est arrivée en tête des motions de l'UMP. Autre argument qui joue en faveur de son retour : la création de l'association des Amis de Nicolas Sarkozy. Tout cela envoie des signaux forts à la population. Tout comme on peut imaginer que la phrase de Carla Bruni a été sortie avec le feu vert de son mari. Il ne faut pas oublier que Nicolas Sarkozy est un animal politique. Donc le scénario de son retour n'est pas impossible.

D'autant plus qu'il n'y a pas de leader incontournable à droite. L'UMP est en difficulté. Elle est divisée et sans véritable chef. Un président-candidat battu qui est une bête politique et ne semble pas avoir complètement abandonné l'idée de revenir peut permettre au parti de sortir de sa crise. Nicolas Sarkozy a réussi un lien très fort avec son électorat mais aussi une génération Sarkozy est née. La France Forte en est le plus bel exemple. La base de l'électorat UMP reste sarkozyste. Même Jean-François Copé le dit : "Si Sarkozy revient, je m'efface".  La messe n'est donc pas dite pour Nicolas Sarkozy.

Propos recueillis par Maxime Ricard

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