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"Plus on s'élève par le diplôme, plus on s'insère facilement"
"Plus on s'élève par le diplôme, plus on s'insère facilement"
©D.R.

Échec et fac

Malgré des taux d'échec inquiétants, il y a toujours un gain à faciliter l'accès aux études supérieures. Mais la France n'est-elle pas une masochiste des filières bouchées ?

Julien Pompey

Julien Pompey

Julien Pompey est journaliste spécialiste des formations supérieur. Il est le réacteur en chef de Panthéon-Sorbonne, le magazine de l'université Paris 1.

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Dans une tribune publiée sur le site www.bloomberg.com, l'économiste américain Peter R. Orszag, également vice-président des activités bancaires de Citigroup et ancien directeur du budget du président américain Barack Obama, souligne l'intérêt économique d'encourager l'accès aux études supérieures, surtout en période de crise. Citant l'étude " “The Race Between Education and Technology.” des deux chercheurs de Harvard Claudia Goldin et Lawrence F. Katz, il insiste sur le potentiel de croissance, et donc de redémarrage économique que peut receler une population formée. L'économiste rappelle qu'un haut niveau de formation général reste le meilleur moyen de lutte contre les inégalités. Problème : la difficulté d'accès aux aides et aux bourses reste le principal écueil pour remplir cet objectif.

Atlantico : La France a-t-elle trop massifié l'accès aux études supérieures, alors que nous vivons dans une période de faible dynamisme économique ? Est-ce que généraliser à ce point les études est réellement une manière de lutter contre les inégalités ?

Julien Pompey : Au niveau de l'accès d'une classe d'âge aux études supérieures, la France est dans la moyenne, et même légèrement en-deçà de certains de ses voisins, je pense notamment à l'Allemagne. Il y a d'ailleurs une volonté politique d'impulser un rattrapage, pour combler ce retard. Le gouvernement veut en effet lutter contre un phénomène encore important : la déscolarisation après le bac et la sortie rapide du système scolaire sans diplôme. 

Cette démarche est compréhensible car malgré la crise, le constat reste le même : plus on s'élève par le diplôme, plus on s'insère facilement dès l'entrée de la vie active. On sait bien sûr que tout n'est pas aussi simple, que certains Bac +2 ont, à la fin, plus de facilité que des Bac +5, d'autant que beaucoup de jeunes se sentent obligés de poursuivre leurs études par absence de perspectives. Mais cela ne change pas le constat de base. 

Les études supérieures, et notamment l'université, renvoient parfois l'image de filières sans perspectives professionnelles concrètes, et qui pourtant continuent d'attirer des étudiants. Au-delà des clichés, ce constat n'est-il pas un problème sérieux pour l'ensemble du système ? 

Clairement, il y a des diplômes qui continuent d'exister alors qu'ils n'ont plus lieu d'être. Quant on pense qu'au grade de master, on trouve pas moins de 10 000 spécialités différentes, on voit bien que cela pose un grave problème de lisibilité. Or les entreprises ont souvent des idées assez précises des profils qu'elles recherchent, ce qui forcément pose problème aux étudiants qui se retrouvent dans ces filières.

Mais n'est-ce pas aux entreprises françaises d'être plus ouvertes aux diplômés plus atypiques ? Pourquoi ce qui semble possible, dans les pays anglo-saxons par exemple, ne l'est pas en France, et que la nature du diplôme a plus d'importante que les qualités personnelles ? 

Ce n'est pas vrai de dire que les entreprises sont arc-boutées sur la nature du diplôme. Il y a une vraie évolution de leur côté. Mais j'en reviens à la question de la lisibilité. Il y a en France de simples licences qui permettent une insertion professionnelle de quasiment 100 %. Ces formations ont certes su anticiper les besoins, mais elles ont su apparaître claires aux yeux des entreprises, tout simplement. 

Si le problème c'est la grande disparité des formations et leur manque de clarté aux yeux des employeurs, pourquoi semble-t-il toujours impossible de simplifier l'offre universitaire française ?

L'idée c'est qu'on créé souvent mais qu'on ferme rarement. Il faut savoir que chaque jour en France, 3 ou 4 nouvelles formations supérieures voient le jour, alors qu'on laisse vivoter de nombreuses formations désuètes. Je pense que c'est une mesure de facilité pour les établissements qui, en multipliant l'offre, arrivent ainsi à attirer des étudiants, et bien entendu les frais de scolarité qui vont avec.

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