Nouveaux milliardaires chinois : riche ou honnête, certains ont choisi<!-- --> | Atlantico.fr
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Il n'est pas rare qu'un parfum de corruption flotte autour des yuans accumulés...
Il n'est pas rare qu'un parfum de corruption flotte autour des yuans accumulés...
©Reuters

Corruption rouge

Laure de Charette et Marion Zipfel expliquent qu'il n'est pas rare qu'un parfum de corruption flotte autour des yuans accumulés par les très riches Chinois. Extrait de "Chine, les nouveaux milliardaires rouges" (2/2).

Laure De Charette et Marion Zipfel

Laure De Charette et Marion Zipfel

Laure de Charette est correspondante du Nouvel Économiste à Singapour depuis 2010. Elle a notamment travaillé au service France du quotidien 20 Minutes. Elle est l’auteur de Gotha City, enquête sur le pouvoir discret des aristos (Ed. du Moment, 2009) et le coauteur du Guide des Bécébranchés (L’Archipel, 2009).

Marion Zipfel, diplômée en politique chinoise de la Chinese University of Hong Kong, vit à Singapour et collabore notamment à L’Expansion, ainsi qu’à plusieurs magazines spécialisés sur la Chine. Elle a co-animé l’émission Chine Hebdo sur BFM Radio. Avec Chenva Tieu, elle a mis sur
pied SinoSphère, le premier magazine du PAF consacré à la Chine et diffusé sur France Ô.

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Il n’est pas rare qu’un parfum de corruption flotte autour des yuans accumulés. On ne compte plus les affaires ayant secoué le Parti communiste chinois. L’ex-numéro un du Parti à Shanghai, Chen Liangyu, a écopé de dix-huit ans de prison pour corruption en 2008. L’ancien maire de Pékin, Chen Xitong, a été limogé en 1995 et condamné à seize ans de prison, toujours pour corruption. Plus récemment, la Chine a connu, avec la chute de Bo Xilai, un des plus gros scandales politiques de son histoire : étoile montante de la politique, Bo s’est vu limoger de son poste de chef du Parti communiste de Chongqing, l’une des plus grandes villes du monde, et suspendre du puissant bureau politique du Parti. Des rumeurs de corruption massive et de graves abus de pouvoir circulent. Il aurait notamment grimpé les échelons en offrant des terres et de l’argent à des personnes bien placées. Son épouse, Gu Kailai, est quant à elle accusée d’avoir fait assassiner un homme d’affaires britannique, Neil Heywood, qui avait travaillé pour elle. Elle a été condamnée, en août 2012, à la peine capitale avec sursis, c’est-à-dire à la détention à vie. Quant à l’ancien bras droit de Bo Xilai, Wang Lijun, il a été condamné à quinze ans de prison par le tribunal de Chengdu pour avoir cherché à dissimuler le meurtre.

L’affaire a secoué le pays, au point que le Premier ministre Wen Jiabao, en mars 2012, a estimé devant le Conseil d’État, organe exécutif suprême, que "la plus grande menace pour le parti au pouvoir est la corruption".

- Si cela n’est pas réglé proprement, a-t-il prévenu, le problème pourrait aboutir au changement du régime politique, voire y mettre fin.

La Chine est 75e sur 183 en matière de lutte contre la corruption, avec une note de 3,5 sur 10, selon Transparency International, qui ne s’intéresse qu’à la corruption dans les entreprises publiques.Un audit commandé par le gouvernement a révélé que 20 % du budget de l’État est détourné chaque année. En 2010, 140 000 enquêtes visant des cadres dirigeants du Parti et des fonctionnaires de l’État ont été lancées.

Mais la sphère privée est loin d’être épargnée par ce fléau, dans un pays où business et politique sont intimement mêlés. Depuis 1999, 24 milliardaires de la liste Hurun ont été poursuivis notamment pour corruption, manipulation boursière ou fraude. En moyenne, ils se sont vus infliger des peines de onze ans de prison. Dans sa chute, Bo Xilai semble d’ailleurs avoir entraîné celle d’un autre milliardaire, le jeune Xu Ming, fondateur et patron du groupe Shide, un conglomérat qui produit des matériaux de construction, des voitures et des matières plastiques, arrêté dans le cadre d’une enquête de l’organisme chargé de la lutte anticorruption au sein du Parti. En réalité, Xu Ming a disparu la veille de l’arrestation de Bo Xilai. Les deux hommes se connaissaient bien : après s’être enrichi dans la ville de Dalian quand Bo Xilai en était le maire, de 1993 à 2000, Xu aurait financé les prestigieuses études du fils de Bo en Grande-Bretagne. Cette proximité, et les magouilles qui en auraient découlé, l’ont perdu.

La corruption des entrepreneurs est devenue banale, au point que certains ne voient plus où le bât blesse : 

- Je n’ai fait qu’inciter à la corruption, s’est défendu Zhu Siyi, l’homme le plus riche du nord de la province du Guangdong, lors de son procès.

Visiblement, il ne comprenait pas que des juges le somment d’expliquer pourquoi il avait versé 10 millions de yuans - plus d’un million d’euros - à des pontes de la région, notamment un inspecteur adjoint de l’Assemblée populaire de la province. Ambitionnant de devenir député, il avait jugé bon de glisser quelques enveloppes ici ou là pour optimiser ses chances d’obtenir le poste.

- Pourquoi ma peine serait-elle plus lourde que celle du corrompu ? s’est-il insurgé.

En vain : il a écopé de seize ans de prison ferme, alors que l’inspecteur adjoint n’a été condamné qu’à sept ans avec sursis.

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Extrait de Chine, les nouveaux milliardaires rouges (L'Archipel), 13 février 2013

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