Renonciation de Benoît XVI : le pape a montré que l'Eglise pouvait survivre à Jean-Paul II<!-- --> | Atlantico.fr
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Le pape Benoit XVI a annoncé ce lundi matin dans un communiqué sa renonciation pour le 28 février.
Le pape Benoit XVI a annoncé ce lundi matin dans un communiqué sa renonciation pour le 28 février.
©Reuters

Bilan pontifical

Le pape Benoît XVI a annoncé ce lundi matin dans un communiqué sa renonciation pour le 28 février. Moins charismatique que son prédécesseur Jean-Paul II, Benoît XVI a néanmoins entrepris des réformes indispensables.

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc est un philosophe, journaliste et essayiste catholique. 

Il est éditorialiste de France catholique et de Radio Notre-Dame.

Il est l'auteur de l'Abécédaire du temps présent (chroniques de la modernité ambiante), (L'œuvre éditions, 2011). 

 

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Atlantico : Le pape Benoit XVI a annoncé ce lundi matin dans un communiqué sa démission pour le 28 février prochain, après seulement sept ans de pontificat. Quel premier bilan peut-on tirer de son action ?

Gérard Leclerc : Il y a deux dimensions dans le pontificat de Benoît XVI. La première dimension est intellectuelle. Joseph Ratzinger est un théologien de premier ordre qui a produit des textes d'une très grande profondeur. Avant d'être pape, il a aussi été l'un des principaux concepteur de Vatican II. Il en a été le défenseur tout refusant de cautionner des interprétations de rupture. Son enseignement a été une interprétation de Vatican II dans le sens d'une continuité de la tradition.

Mais au-delà de sa dimension intellectuelle, Benoît XVI s'est aussi, contre toute attente, révélé être un homme de décision. Face au drame de la pédophilie dans le clergé catholique, notamment dans le scandale des légionnaires du Christ, il a su prendre ses responsabilités : couper des têtes et apurer la situation.

Quels ont été ses principaux succès ?

Pour prendre une formule un peu provocatrice, je dirais que son principal succès est d'avoir montré que l’Eglise pouvait survivre à Jean-Paul II. Jean-Paul II était un homme d'une telle dimension historique que lui succéder était quasiment "mission impossible". Benoît XVI a relevé le défi grâce à sa stature personnelle. C'est d'ailleurs pour cela que les cardinaux l'ont choisi. Il ont pensé que devant les défis anthropologiques qui se posaient, l'Eglise avait besoin d'un homme d'une dimension intellectuelle considérable. 

Joseph Ratzinger est un homme qui a une très vive conscience du problème européen. L'Europe est actuellement le principal échec de l’Eglise catholique alors que celle-ci continue de se développer ailleurs dans le monde, notamment en Asie et en Amérique latine. Il a voulu prendre à bras le corps la situation de l'Europe en mettant en place de nouveaux programmes d'évangélisation.

Est-il, malgré tout, resté dans l'ombre de son prédécesseur ?

Le succès qu'il a eu au JMJ qu'il a présidées montre qu'il a aussi un bon contact avec la jeunesse. Je crois qu'on a sous-estimé sa popularité. C'est un homme très écouté qui a le privilège d'être profond et limpide. Jean-Paul II était un slave dont l'expression déconcertait parfois. Benoît XVI a un don de la parole assez étonnant. 

Benoît XVI a souvent été perçu comme "passéiste". Son principal bras droit, le secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone était également très controversé. Benoît XVI n'a-t-il pas échoué à moderniser l’Eglise ?

Concernant Tarcisio Bertone, Benoît XVI avait besoin de s'appuyer sur un homme de confiance comme numéro 2. Mais il est vrai que le secrétaire d’Etat était considéré comme un intrus par rapport à l'appareil de la Curie romaine. Il a été très mal reçu par un certain nombre de dignitaires romains.

Benoît XVI véhiculait effectivement une image conservatrice. Mais l'avenir prouvera peut-être qu'il a eu raison contre tout le monde. Le catholicisme comme les autres grandes religions est dépositaire de la sagesse et de la mémoire de l'humanité. Par exemple, l’Eglise qui sait comment le mariage a évolué à travers l'Histoire peut porter un regard à long terme sur cette question. Le "réactionnaire" est peut-être paradoxalement l'homme d'avant garde car sa longue mémoire lui permet de se projeter très en avant.

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