Mark Carney, superstar de la politique monétaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Canadien Mark Carney va devenir le premier étranger à diriger la Banque d'Angleterre.
Le Canadien Mark Carney va devenir le premier étranger à diriger la Banque d'Angleterre.
©Reuters

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Le Canadien Mark Carney va devenir le premier étranger à diriger la Banque d'Angleterre (BoE). Décrit comme "le banquier central le plus remarquable de sa génération", le choix de cet ancien de Goldman Sachs fait couler beaucoup d'encre.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Atlantico : Pourquoi l'arrivée de Mark Carney à la tête de la Banque d'Angleterre a-t-elle à ce point créer l'agitation (outre le fait qu'il n'est pas britannique), alors que son parcours ne prête a priori pas sujet à l'étonnement (Goldman Sachs, ministère des Finances canadien, Banque centrale du Canada...) et qu'il jouit d'une très bonne réputation à Ottawa ?

Nicolas Goetzmann : Mark Carney dispose tout d’abord d’un bilan favorable à la tête de la Bank Of Canada, notamment au regard du taux de chômage qui atteint 7.1% en ce début d’année. Mais son attrait principal est la doctrine qu’il représente. Mark Carney fait partie d’une génération nouvelle de banquiers centraux qui met en doute l’approche majoritaire actuelle. Il porte une vision plus orientée vers la croissance que de la stricte maîtrise des prix. L’essor fulgurant de ces nouvelles doctrines en matière monétaire est porteuse d’espoirs pour une réelle sortie de crise. Le débat est intense depuis 2008 sur ces questions, et il est évident depuis l’été dernier que cette approche prend le dessus. Aux Etats Unis, c’est Ben Bernanke qui a fait tout le travail pour convaincre ses pairs.

En ce qui concerne le débat récurrent sur son passé Goldman Sachs, cela devient grotesque. Nous avons une suspicion sur une personne sur la base de la théorie du complot. Je n’arrive pas à me retrouver dans cette approche. J’irai même plus loin en disant que la personne la plus compétente aujourd’hui pour prendre les rênes de la BCE serait Jan Hatzius, un Allemand, actuel Chef économiste de Goldman Sachs, et sans aucun doute  le plus brillant analyste macroéconomique du moment.

Mark Carney se voit attribuer une paye proche du million d’euro annuel, soit une augmentation de 50 % par rapport à son prédécesseur, Mervyn King. Comment justifier un tel salaire ?

La perspective de son arrivée a déjà été la source de révisions à la hausse de certaines anticipations de croissance au Royaume Uni, qui se comptent en milliards d'euros. La réponse me semble évidente : le banquier central reste la personnalité la plus importante dans une économie moderne. Chaque action, chaque mot peut être très lourd de conséquences et les profils qui conviennent sont rares.

Mark Carney avait déclaré vouloir "fixer un objectif de PIB nominal" et accepter une certaine souplesse dans la gestion de l'inflation pour mieux prendre en compte la nécessité de la croissance. Finalement, ses déclarations devant le Comité du Trésor a été beaucoup moins audacieuses que prévu. S'est-il lui-même retenu sur ses opinions, ou a-t-il été "rappelé" à l'ordre sur la question ?

En regardant son intervention devant les parlementaires, on s'aperçoit que Carney a largement développé les avantages de l’objectif de PIB nominal, tout en présentant son défaut majeur : le changement. Les acteurs économiques sont habitués à voir une banque centrale agir en fonction du niveau d’inflation et une modification substantielle de la politique monétaire nécessite une compréhension par le public. Cette nouvelle doctrine repose justement et essentiellement sur la réaction du public. Je ne crois pas que Carney ait fait un pas en arrière puisqu’il précise qu’il souhaite mettre en place une solution « d’inflation flexible », qui au final peut être tout aussi agressive et efficace. Il s’agit bien plus de rhétorique que d’un retrait.

Comment la personnalité de ce chef de Banque centrale atypique pourrait-il bouleverser les habitudes de la politique monétaire au Royaume-Uni ? Quelles conséquences cela pourrait-avoir pour la politique de la BCE ?

Marc Carney  a déjà bouleversé la Bank Of England par le courage de ses déclarations. On lui reproche d’être perçu comme une rock star alors qu’il n’a pas encore pris ses fonctions.  

Concernant l’Europe Mark Carney peut faire souffler un vent révolutionnaire sur la BCE. Il prendra ses fonctions le 1 juillet prochain et va opérer ce pour quoi il a été embauché. Cette nouvelle approche permettra rapidement au Royaume-Uni d’afficher des résultats bien plus probants que ceux de la Zone Euro. La proximité aussi bien géographique que politique avec la France et l’Allemagne les obligera à se poser les bonnes questions. Il est tout de même stupéfiant de voir que les grandes nations économiques revoient de fond en comble leur approche monétaire  alors que les gouvernements européens continuent à se poser des questions sur des mesures budgétaires. L’Europe n’est pas encore parvenue au diagnostic de cette crise : la politique monétaire. Les Etats Unis, le Japon, et aujourd’hui le Royaume Uni ont fait ce constat, l’Europe feint encore de ne rien voir.

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