Quand l'inflation va-t-elle commencer à nous pourrir vraiment la vie ? <!-- --> | Atlantico.fr
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L'inflation va bientôt vraiment nous pourrir la vie.
L'inflation va bientôt vraiment nous pourrir la vie.
©Reuters

Décod’Eco

L'épargne que vous avez construite croît petit à petit, année après année - et finira par vous rapporter un joli rendement. C'est du moins ce que vous croyez...

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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L'inflation est mon obsession, ma bête noire. Tout simplement parce que, si vous appréhendez mal l'inflation, vous prenez de mauvaises décisions. Le retour sur investissement que vous escomptiez n'est pas au rendez-vous. L'épargne que vous pensiez avoir mise en sûreté se dissout et, lorsque vous voulez vous en servir, vous constatez que vous ne pouvez pas acheter ce que vous envisagiez. L'inflation vous pourrit la vie. Et plus vous êtes investisseur et épargnant de long terme, plus elle vous la pourrit. On lit classiquement dans les médias qu'une "petite inflation" serait bonne pour l'économie.

Au bout de combien de temps votre épargne est-elle divisée par deux avec une "petite inflation" de 2% ? Ne cherchez pas votre calculette. Einstein nous donne la réponse avec sa règle de 70. 70/2 = 35 ans. C'est bête, n'est-ce pas, c'est environ la durée qu'il faut pour se construire une retraite par capitalisation. Oui, nous vivons dans un monde cruel, rendu encore plus cruel par l'inflation. Prenons le problème par l'autre bout, si vous le voulez bien. Investissons et soyons optimistes !

Supposons que vous trouviez quelque chose qui vous rapporte du 5% par an. Au bout de combien de temps aurez-vous doublé votre capital ? Demandez à Einstein, là encore. En 14 ans et un peu moins de trois mois (70/5), vous avez doublé votre capital.

Bingo ! Bingo ? Non. Vous avez oublié l'inflation. Si l'inflation est de 2% (la bonne petite inflation), votre rendement net est de 3% et il vous faut, pour doubler votre capital, 70/3 = 23 ans et quatre mois. Neuf ans de plus, ce n'est pas une paille ! Et si l'inflation est de 5%, même après votre septième réincarnation, vous n'aurez pas réussi à doubler votre capital.

Voici un graphique que je me suis construit pour ne pas me laisser enfumer par ma bête noire.

Ce graphique vous indique combien 1 € achète après avoir été rongé par l'inflation pendant une durée de un à six ans. J'ai pris 2% et 5% d'inflation. Avec 5% d'inflation, au bout de six années, votre pauvre petit euro ne vaut plus que 0,76 € lorsque vous le sortez de sa naphtaline. L'inflation vous aura rongé 0,24 €.

Ce n'est pas tout. L'inflation officielle est le chiffre sur lequel se fondent tous les "acteurs économiques" pour réactualiser leurs prix et tarifs et prendre leurs décisions. Ce chiffre est calculé par des organismes gouvernementaux qui ont intérêt à le minimiser pour au moins trois bonnes raisons :

- maîtriser l'augmentation des diverses prestations de redistribution, ce qui minimise les dépenses sociales ;

- gonfler le chiffre de la production économique qui est en principe donné "en valeur", c'est-à-dire corrigé de l'inflation ;

- élargir les assiettes de taxation. C'est ainsi que par l'inflation des prix immobiliers beaucoup de propriétaires sont maintenant redevables de l'impôt sur la fortune.

Mais il y a votre inflation, celle qui dépend de la façon dont vous vivez, vous, de vos habitudes de vie et besoins courants -- et qui sont différents des miens. Nous ne consommons pas les mêmes choses, nous n'avons pas les mêmes besoins ni les mêmes charges. Nous avons donc chacun notre inflation vécue, et elle n'est pas la même à 30 ans, 40 ans ou 60 ans…

De combien est sous-estimée l'inflation officielle? C'est la question cruciale dont la réponse permet de nous affranchir au mieux de notre bête noire. L'année dernière, Christina Kirchner, présidente de l'Argentine -- pays à nouveau en proie à une inflation à deux chiffres -- fut prise à partie : "Comment pouvez-vous soutenir que l'inflation dans ce pays n'est que de 10% alors qu'il est de notoriété publique qu'elle atteint 25% ?", s'est-elle fait entendre dire lors d'une visite à l'université de Georgetown aux États-Unis en septembre 2012. À quoi Kirchner répondit : "Vraiment, vous pensez que les prix n'augmentent que de 2% aux États-Unis ?" Aux États-Unis, deux organismes indépendants se sont penchés sur l'inflation : ShadowStats, un bureau d'études statistiques privé qui vit des abonnements de ses clients, et l'ECRI.

ShadowStats (en utilisant les mêmes méthodes qu'au début 1980) parvient à un chiffre d'inflation de 9,7% en décembre 2012 et l'ECRI de 5,2%. ShadowStats recoupe par ailleurs les données de l'ECRI lorsqu'il utilise la méthode de calcul en vigueur dans les années 1990. Nous sommes donc très loin du chiffre officiel de 2,07%. Le différentiel est de 3,13% à 7,63%.

Conclusion implacable : si vous ne voulez pas perdre d'argent, il vous faut ajouter 3 au chiffre d'inflation officielle ou à l'indice des prix à la consommation donnés en pour-cent. En France, le dernier chiffre officiel pour 2012 est de 1,69% (ménage hors tabac). Considérez donc que tout ce qui ne vous délivrait pas 4,7% de rendement en 2012 vous pénalisait. Mais ce n'est pas tout, il faut maintenant aborder le douloureux problème des impôts. La fondation Fondapol a montré qu'il faut générer 9% de rendement sur son capital pour espérer simplement résister à l'inflation et payer l'ISF.

[Il existe des stratégies et des placements pour lutter contre les effets de l'inflation et la perte de votre pouvoir d'achat : pour en savoir plus, continuez votre lecture...]

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