Mali : comment allons-nous pouvoir nous retirer à partir de mars ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'intervention française au Mali continue mais les soldats français pourraient se retirer à partir du mois de mars.
L'intervention française au Mali continue mais les soldats français pourraient se retirer à partir du mois de mars.
©Reuters

Conflits

Depuis janvier dernier, l'armée française évolue sur un nouveau théâtre d'opérations. Est-ce réaliste de se retirer ? N’y a-t-il pas des risques d’exactions et de vengeance sur les populations touaregs si les Français se retirent ?

Jean-Bernard Pinatel

Jean-Bernard Pinatel

Général (2S) et dirigeant d'entreprise, Jean-Bernard Pinatel est un expert reconnu des questions géopolitiques et d'intelligence économique.

Il est l'auteur de Carnet de Guerres et de crises, paru aux éditions Lavauzelle en 2014. En mai 2017, il a publié le livre Histoire de l'Islam radical et de ceux qui s'en servent, (éditions Lavauzelle). 

Il anime aussi le blog : www.geopolitique-géostratégie.fr

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Atlantico : Quelle est la situation actuelle ?

Jean-Bernard Pinatel : Toutes les grandes villes du nord ont été libérées par une offensive éclair de l’armée française accompagnée par quelques dizaines de soldats maliens. Il convient de souligner d’abord la réactivité et la virtuosité avec laquelle l’Armée française a été capable en trois semaines dans un premier temps de stopper l’offensive des terroristes vers le sud à hauteur de Konna, puis d’acheminer sur le terrain 3500 hommes et enfin de lancer une offensive sur plus de 1000 kilomètres qui a permis de chasser les terroristes et les forces rebelles de toutes les grandes villes du Nord Mali. Il faut également rappeler que, même si la presse a été privée d’image, cette offensive aura probablement couté aux forces adverses des pertes de plusieurs centaines d‘hommes, un imposant matériel et la destruction de centres logistiques importants. Cette intervention en première ligne des forces françaises, dont je n’avais cessé de dire qu’elle était indispensable, a permis l’accélération de la mobilisation des forces de la CEDEAO et surtout la décision du Tchad d’envoyer 2200 soldats aguerris au Mali. Ce contingent africain permettra de sécuriser les grandes villes du Mali et de permettre la reconstruction de l’armée malienne qui bénéficiera d’une aide en instructeurs, en matériels et en argent de la communauté européenne[1].

Que reste-t-il à faire ?

Il faut maintenant aller chercher les terroristes d'Aqmi, du Mujao et des islamistes de l’Ansar Eddine, dispersés par petites unités dans un territoire plus grand que la France, mais qui seront obligés de stationner autour des points d’eau, ce qui limite le champ des possibles. Ce travail n’est clairement pas celui des forces classiques blindées qui ont été le fer de lance de la reconquête du Nord Mali. C’est un travail de renseignement et « de coups de main » menés par des forces spéciales et des parachutistes transportés par hélicoptères ou largués ou posés par avion de transport d’assaut (Transall ou Herculès).

En conclusion ?

Rien ne s’oppose militairement au retrait d’une partie importante des forces françaises début mars et avant la saison des pluies qui rendra les pistes encore plus impraticables. La situation humanitaire au nord n’est pas fameuse et il est nécessaire de donner les moyens aux ONG qui étaient déjà présentes au Mali comme Médecins du Monde et Action contre la faim de se déployer massivement sur le terrain. Si des exactions sont commises, elles seront aux premières loges pour les découvrir et alerter les autorités et les médias. 


[1] Quelque 450 européens, dont 200 instructeurs, seront déployés au Mali pour aider l'armée malienne. L'Espagne, la Pologne, l'Allemagne et la Belgique ont d'ores et déjà fait savoir qu'elles prendraient part à la mission

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