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Quelle est la capacité de la France à innover ?
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Editorial

L’actualité se porte à nouveau sur le site PSA d’Aulnay et sa fermeture programmée en 2014. Les représentations syndicales bloquent les lignes de production et refusent l’idée de cette fermeture. Quand s’arque-bouter sur le passé hypothèque l’avenir.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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La France peine à retrouver une dynamique industrielle positive, revendiquant plus souvent la préservation du passé que la définition de l’avenir. Il y a 2 semaines le ministre du Redressement productif était même interpellé sur le plateau de David Pujadas « Des paroles et des actes » pour être trop exclusivement focalisé sur la défense désespérée de l’industrie d’hier sans faire la promotion de celle de demain. Ceci n’est pas nouveau, il y a 4 ans, les Etats Généraux de l’Industrie étaient passés quasiment inaperçus, sans définir clairement les domaines d’excellence sur lesquels la France souhaitait se positionner. Nous souffrons du syndrome du généraliste là où beaucoup tirent profit de spécialisations de pointe. Mais ceci est également dû à un prisme d’éclairage médiatique et politique, le projecteur étant systématiquement tourné vers les difficultés davantage que vers les réussites. Aujourd’hui même encore, nous parlons depuis ce matin de 1000 usines fermées depuis 4 ans en France, intégrant bien sûr parfois des sites de quelques personnes. Sans minimiser ces impacts, pourquoi ne parler toujours que d’un côté de la balance. En 2012 malgré la crise, 550 000 entreprises se sont créées en France, c’est exactement le même chiffre qu’en 2011.   

Nous nous tétanisons sur notre angoisse de la désindustrialisation parce que nous restons en France un pays d’ingénieurs, fiers de notre savoir-faire technologique et scientifique, et parce que nous sommes spontanément moins fiers et moins portés par l’industrie financière ou disons tertiaire au sens large. Et pour autant, nous n’allons pas au bout de notre démarche. Nous parlons des difficultés de l’industrie automobile et de la fermeture d’un site comme Aulnay mais nous ne parlons pas d’innovations technologiques, de choix stratégiques en matière de motorisation. Nous parlons de transition énergétique sans parler des savoir-faire d’avant-garde sur lesquels nous souhaitons être champions du monde demain. Nous parlons de privatiser Florange sans même dire le positionnement et le modèle économique que nous imaginerions. Nous parlons de la chute des immatriculations automobiles pour signifier l’ensemble des difficultés du secteur sans évoquer les autres prestations de services qui génèrent du chiffre d’affaires, la conquête des marchés étrangers ou les brevets qui permettent de générer les avantages concurrentiels de demain.

Depuis la crise et plus particulièrement la période récente des deux dernières années, qu’il est difficile de se renouveler et de trouver des solutions innovantes, y compris politiquement, ce qui explique l’absence d’état de grâce. Nous savons que nous changeons d’époque, mais nous cherchons désespérément à préserver l’époque d’antan. Nous passons d’un monde à l’autre, d’une rive à l’autre. Nous le savons, et nous l’ignorons à la fois. Nous le souhaitons, et nous le redoutons. Le monde change, et nous voulons que rien ne change. Nous regardons les indicateurs se dégrader comme on attend que la température baisse en regardant le thermomètre.

L’industrie de demain, ce n’est pas celle d’hier préservée, c’est celle d’hier réinventée. Quelle est notre capacité à innover ? L’innovation, et donc l’investissement, la recherche, la valeur ajoutée, ce sont les clés de notre capacité de résistance. Paradoxalement, tout le monde reconnaît que l’innovation est une capacité cruciale et pourtant qui est capable de savoir où nous en sommes ? En effet, nous connaissons régulièrement de nombreux indicateurs et sur des rythmes variés, qu’il s’agissent des chiffres du chômage bien sûr (mais jamais contrebalancés par les chiffres de la création d’emplois), les chiffres du commerce extérieur, de notre déficit public, du moral des ménages, de la cote de popularité de nos dirigeants politiques, du taux de croissance, de l’évolution des cours de bourse, du taux de croissance … mais quel décideur, quel dirigeant politique, (sans parler du grand public) est capable de savoir (ou au moins d’avoir spontanément en tête), si nous innovons plus ou moins qu’avant ? Qui a la moindre idée de la tendance de l’innovation, de la capacité de la France et de ses entreprises à créer, à déposer des brevets… ?

Si l’innovation et le dépôt de brevets sont importants, et même déterminants, si c’est un révélateur du dynamisme économique et de la capacité́ à créer cette fameuse valeur ajoutée, pourquoi est-ce le seul indicateur macroéconomique absent du paysage ? Nous avons besoin de connaître et de stimuler notre capacité à innover, à réinventer. L’innovation doit avoir son indice.

Avec un Indice de l’innovation régulièrement diffusé et commenté, cet enjeu sera mieux connu, plus familier, et cet enjeu deviendra un sport et une fierté nationale. Calculé en indice nous pourrons immédiatement nous faire une idée de la dynamique en cours, de la performance d’un secteur par rapport à un autre, d’une région par rapport à une autre, d’un profil d’entreprises par rapport à un autre.

La France peine aujourd’hui à se réinventer, pourtant elle a toujours été une terre d’invention, de conquête, de recherche et de créativité. Alors plutôt que de voir se faner les lauriers d’hier en hurlant à l’injustice, profitons de la position et de l’esprit de challenger que nous sommes re-devenus pour ré-inventer demain.

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