Quel plan François Hollande a-t-il pour l'Europe ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Quel plan François Hollande a-t-il pour l'Europe ?
©

Entre les lignes

François Hollande a donné un discours ce mardi au Parlement européen à Strasbourg.

Jean-Luc  Sauron

Jean-Luc Sauron

Jean-Luc Sauron est professeur associé à l'Université Paris-Dauphine.

Voir la bio »

Atlantico : François Hollande vient de faire un discours de près d’une demi-heure devant le Parlement européen de Strasbourg. Quelle vision du futur de l’Union ressort de ce discours ?

Jean-Luc Sauron : Les deux termes qui ressortent clairement de ce discours de François Hollande s’articulent en un couple présenté comme indissociable : intégration/solidarité. A travers cela, François Hollande réaffirme sa volonté d’une plus grande intégration politique, économique et sociale qui va dans le sens du pacte de croissance signé en juin 2012. Il a ainsi insisté sur la nécessité d’un accroissement des moyens destinés à l’union politique et pas seulement économique comme le montre sa phrase incitant à ce que l’Europe ne soit pas uniquement un marché ni une addition de nations.

Lenteur, incapacité à la décision, manque d’harmonie : François Hollande a pointé du doigt les nombreux reproches qui sont faits à l’Union européenne et à ses institutions. Ce discours était-il un appel à une réforme profonde des mécanismes décisionnaires de l’Union ?

Il est important de comprendre que François Hollande n’a pas pris ces reproches à son compte mais a voulu mettre en garde l’Union européenne contre ce qui lui est reproché et qui pourrait à terme, après avoir engendré la défiance des marchés, provoquer une défiance des peuples. En effet, le sentiment de lenteur et de manque de réactivité de l’Europe sur certaines est question est bien souvent perçue, à tort ou à raison, comme la rendant inefficace et remet en cause sa crédibilité. Pourtant, si l’on fait un bilan de ce qui a été accompli depuis 2009, je ne crois pas qu’une seule autre zone politique ou économique puisse se targuer d’en avoir fait autant que l’Union européenne en matière de gouvernance économique et politique. L’Europe doit se méfier de la façon dont elle est perçue par les peuples qui y vivent, les peuples extérieurs et les institutions extérieures.

François Hollande a évoqué le rôle du Parlement et le fait que chaque nouvelle étape de la construction européenne devait passer par un renforcement constant de la démocratie. François Hollande veut-il s’éloigner d’institutions souvent jugées comme technocratiques pour aller vers une Europe parlementaire ?

Je crois que l’Europe des technocrates n’existe pas et ceux qui pensent cela témoignent d’une méconnaissance des institutions européennes et de leur fonctionnement car dans la réalité chaque pays et chaque organe politique européen peut peser dans l’équilibre des pouvoirs de l’Union européenne. L’aspect intéressant de tout cela est effectivement l’importance du rôle futur du Parlement européen que François Hollande a mis en avant comme étant d’une très grande importance. Le Parlement européen était traditionnellement soutenu par l’Allemagne et il est intéressant de voir que c’est aujourd’hui  la France qui « reprend le flambeau », c’est d’ailleurs plutôt une bonne nouvelle. François Hollande présente une structure européenne à deux pieds, reposant sur un équilibre entre le parlement européen et les parlements nationaux. Si le projet est novateur, il n’est pour l’instant qu’à l’état embryonnaire mais témoigne d’une volonté d’aménager l’espace politique européen, de lui donner une consistance et de créer une Europe qui ne détruit pas les nations.

Ce discours est-il celui du fantasme de la création d’une grande Europe sociale-démocrate ?

Bien évidemment, François Hollande prêche pour sa paroisse, il est un président de gauche élu sur un programme social-démocrate. Pour autant, la mise en avant de la lutte contre la précarité et la place des jeunes dans l’UE par François Hollande dans son discours a été également reprise par des politiques européens appartenant au courant conservateur comme le président  Barroso ou M. Daul (président du parti populaire européen). Ce recentrage de la construction européenne, développant la solidarité à côté de la remise en ordre des comptes publiques, est en marche comme le montre la validation par le Conseil européen de juin 2012 du plan de croissance proposé par François Hollande  qui témoigne d’une volonté de donner un contenu social à l’Union et de ne pas laisser de gens « sur le bord de la route ». Il n’est pas possible de se plaindre de la montée des populismes et de ne rien faire contre la crise sociale dont on sait, depuis les années 1930 qu’elle est un élément majeur de la dissolution du lien social et politique.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Bonaventure

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !