PMA : le gouvernement sait-il où il va ?

Atlantico : Le gouvernement a du mal à faireentendre un message clair sur le calendrier de l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes. Lundi, Jean-Marc Ayrault a recadré la ministre de la familleDominique Bertinotti et souligné l'importance d'attendre l'avis du comité consultatif national d'éthique (CCNE). Est-ce une manière d'enterrer le projet de loi ?

Josée Pochat :Comme l'a dit le député Vert Sergio Coronado, la déclaration du Premier ministre est un enterrement de première classe de la PMA. La décision de s'en remettre à l'avis du Conseil d'éthique est une manière de botter en touche pour le gouvernement.

On a le sentiment que l'exécutif a toujours été assez réticent au sujet de la procréation médicalement assistée. Le président de la République et le Premier ministre sont-ils sur la même ligne que leur majorité concernant la PMA ?

La PMA esr une disposition qui ne figurait absolument pas parmi les 60 propositions de François Hollande. Philosophiquement, le président de la République n'y est sans doute pas favorable. C'est une proposition qui vient de l'aile gauche du PS et ses alliés. Ces derniers passent leur temps depuis des semaines à mettre des bâtons dans les roues de l'exécutif.

Cela dit, on peut s'interroger sur la stratégie de François Hollande. S'est-il réellement fait débordé par son aile aile gauche ou entretient-il le flou volontairement ? On reconnaît ici la méthode Hollande : lâcher sur la PMA pour mieux tenir bon sur la question du mariage homosexuel. Un mariage et un enterrement en quelque sorte ...  

Les hésitations du gouvernement au sujet de la PMA reflètent-elles finalement les divisions de la majorité présidentielle ?

Cette polémique sur la PMA est effectivement révélatrice des profondes divisions qui minent la majorité. Les alliés du PS sont clairement sur une ligne différente de celle du Premier ministre et du président de la République. Le parti socialiste lui-même est divisé. Rappelons que le 19 décembre, lors du vote interne au groupe, 61 députés avaient voté contre l'introduction d'un amendement PMA dans le texte sur le mariage, contre 126 qui avaient voté pour et 9 qui s'étaient abstenus. Les Verts, le Front de gauche et  l'aile gauche du PS manifestent donc une fois de plus leur désaccord de manière fracassante.

Finalement, l'adoption probable du "mariage pour tous", qui sera sans doute un marqueur du quinquennat de François Hollande comme l'abolition de la peine de mort l'a été pour François Mitterrand, est effacée par cette polémique. Les couacs à répétition font oublier l'article 1 de la loi sur le mariage homosexuel qui a été voté samedi et qui aurait pu être une victoire pour le président de la République.

Les divisions peuvent-elles faire exploser la majorité ?

Pas avant les élections municipales. Jusqu'à cette échéance, le sort du PS et celui de ses alliés sont liés. Des accords vont sûrement être scellés pour les municipales. Après, les choses risquent de se compliquer. La cohabitation avec entre le PS et les Verts sera alors plus difficile. Les écologistes pourraient faire les frais du premier remaniement.