Impopularité record : le noyau dur des soutiens de François Hollande est-il attaqué ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Seuls 12% des Français pensent que leur situation personnelle se sera améliorée à la fin du mandat de François Hollande.
Seuls 12% des Français pensent que leur situation personnelle se sera améliorée à la fin du mandat de François Hollande.
©Reuters

Chute libre

D'après un sondage Ifop/Valeurs actuelles, les Français n'ont jamais été aussi pessimistes quant à leur avenir. Huit mois après l'élection de François Hollande, seuls 12% d'entre eux pensent que leur "situation personnelle se sera améliorée" à la fin de son mandat.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Selon un sondage Ifop-Valeurs actuelles, huit mois après son élection, seuls 12% des Français pensent que leur situation personnelle se sera améliorée à la fin du mandat de François Hollande. Qui sont les 12% de Français qui soutiennent encore le président de la République ? Comment expliquez-vous le pessimisme de la très grande majorité des autres ?        

Jérôme Fourquet : Il faut un peu nuancer ces chiffres. Il y a seulement 12% d'optimistes, mais cela ne veut pas dire que les 88% restants pensent que la situation va forcément se dégrader.44 % pensent que la situation va rester stable et le même nombre juge qu'elle va, effectivement, se détériorer. Dans le contexte actuel plombé par la crise, les premiers mois du mandat de François Hollande n'ont pas permis de faire se lever un vent d'optimisme.

Ces chiffres sont liés à la sensibilité politique des électeurs. 75% des sympathisants UMP pensent que leur situation personnelle va se dégrader. A l'inverse, une majorité d'électeurs socialistes pensent qu'elle ne va pas changer. Néanmoins, seul un quart de l'électorat de François Hollande pense que sa situation peut s'améliorer à l'issue du mandat du président socialiste. Y compris dans son électorat, on constate donc une forme de désillusion ou de résignation.

Les 12% d'optimistes sont majoritairement des jeunes. Le rapport à l'avenir semble un peu plus positif chez les jeunes que chez les personnes âgées. Plus on monte en âge, plus la proportion des Français qui doutent est importante : 33 % seulement des plus jeunes pensent que leur situation va se dégrader contre  43% des 35-49 ans, 51% des 60-64 ans et 55% des 65 ans et plus. Il n'y a, en revanche, pas d'écart majeur entre les ouvriers et les cadres supérieurs.

Les fonctionnaires, qui avaient voté majoritairement pour François Hollande à l'élection présidentielle, ont manifesté jeudi contre sa politique. Le noyau dur des soutiens de François Hollande est-il attaqué ?        

Les salariés du public sont un peu moins résignés et pessimistes, mais l'optimisme n'est pas du tout majoritaire. Aujourd'hui, au niveau des cotes de popularité, on constate que le mécontentement de l'électorat de gauche est non négligeable. Sa cote tient encore à gauche, mais a commencé à s'effriter très rapidement. Une bonne partie des électeurs Verts ou du Front de gauche sont mécontents de l'action qui est menée. Dans l'électorat PS, les mécontents se chiffrent déjà à 20%, ce qui est beaucoup. Je pense néanmoins que la base socialiste continue à tenir et qu'elle serait fidèle au rendez-vous s'il y avait des élections.

L'évolution de la courbe de popularité de François Hollande est-elle comparable à celle de ses prédecesseurs ? 

Plusieurs choses entrent en compte : le jugement que les électeurs portent sur son action et l'environnement dans lequel il évolue, qui est très dégradé et très anxiogène. On ne peut pas faire de généralités : tout dépend aussi de la situation économique. Aujourd'hui, François Hollande est au même niveau d'impopularité que Nicolas Sarkozy en 2008. Mais l'essentiel de la baisse de popularité de Nicolas Sarkozy s'était produit entre décembre et janvier. La trajectoire de François Hollande est différente. Il part de moins haut et baisse plus rapidement, dès l'été 2012, où la crise s'amplifiant, les Français ont le sentiment qu'il n'y a pas de pilote dans le cockpit de l'avion France. Avec deux trajectoires différentes, ils arrivent tous les deux à un même niveau d'impopularité. Cela montre que l'impopularité de Nicolas Sarkozy et de François Hollande n'est pas forcément de même nature.

Comment François Hollande peut-il rebondir ?

François Hollande peut rebondir ponctuellement grâce à quelques succès comme l'opération au Mali. Mais à long terme, il doit surtout faire un travail de fond et de pédagogie. Il doit faire comprendre aux Français que les résultats attendus ne sont pas à espérer avant plusieurs mois, voire plusieurs années. Les éventuels résultats ne permettront pas d'inverser sa cote de popularité à brève échéance. François Hollande doit d'abord faire reculer le chômage, ce qui n'est pas gagné. S'il y parvient, il faudra plusieurs mois pour que le moral des Français commence à s'améliorer. Le gouvernement doit faire bouger le réel et ensuite faire en sorte que les résultats soient enregistrés par le grand public. Il faudra donc beaucoup de temps au président de la République pour espérer rebondir.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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