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Près de 70 ans après, pourquoi les Allemands sont-ils de retour à Oradour-sur-Glane ?
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Mieux vaut tard que jamais

Soixante-huit ans après le massacre de 642 civils par des SS, un procureur et un commissaire allemands se sont rendus dans le village martyr de Haute-Vienne.

Cécile  Desprairies

Cécile Desprairies

Cécile Desprairies est auteur et chargée de cours à l'Université Paris V Sorbonne et à l'Université de Nantes. Elle a écrit l'héritage de Vichy : ces 100 mesures toujours en vigueur ainsi que Paris dans la collaboration

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Oradour-sur-Glane est un paisible bourg au cœur du Limousin. Paisible, c’est une façon de parler. Paisible de la paix des cimetières ? Le 10 juin 1944, un détachement de la division Das Reich y a mené une action de représailles  qui a abouti au massacre de 642 de ses habitants. Ce détachement était composé de Waffen-SS et de « Malgré-Nous », ces Alsaciens enrôlés de force dans la Wehrmacht.

La raison ? À vingt kilomètres de là, le même jour, le commandant Kämpfe, qui  dirigeait le haut commandement régional de la Sûreté à Limoges (le KDS ou Kommando der Sicherheitspolizei, qui inclut notamment la Gestapo),  et son adjoint, le lieutenant Gerlach, ont été assassinés par des résistants. Le 10 juin, les chars de Waffen-SS remontent la France, en direction de la Normandie où a eu lieu quelques jours auparavant le Débarquement anglo-américain. Sur leur chemin, les Panzer s’arrêtent à Oradour, comme ils se sont arrêtés la veille, à Tulle. 642 hommes, femmes et enfants périssent atrocement, pour la plupart brûlés vifs. Un nouveau village a été reconstruit un peu plus loin. L’ancien village, calciné, est demeuré intact.

Plus de 68 ans après les faits, c’est dans ce lieu qu’ont pénétré mardi dernier, 29 janvier 2013,  un juge allemand et un commissaire de police, mandatés par le procureur du parquet de Dormund, aux fins d’enquêter. La scène a quelque chose de surréaliste. Elle fait un peu « Inspecteur Derrick », la célèbre série télévisée allemande.  En Allemagne, il n’y a pas prescription des crimes de guerre, contrairement à la France où la limite est fixée à trente ans (et où seuls les crimes contre l’humanité sont déclarés imprescriptibles).

Mais pourquoi maintenant ? En 1989, le mur de Berlin tombe. Les deux Allemagne sont réunifiées. Les archives de la Stasi, la police politique de l’ex-Allemagne de l’Est sont ouvertes. De nouveaux éléments apparaissent. Ainsi, il a été prouvé que d’anciens militaires qui avaient prétendu ne pas avoir participé au massacre étaient sur les lieux.  Cependant, les perquisitions menées en 2011 au domicile de six survivant n’ont rien donné. Aujourd’hui, ces hommes sont presque nonagénaires, trois d’entre eux sont hors d’état de témoigner. Il  ne faut pas tarder. Le procureur, Andreas Brendel, est persuadé que la connaissance de la configuration des lieux  peut aider à vérifier les affirmations de ces témoins. Mais les lieux peuvent-ils suffisamment « parler » ? Mieux vaut tard que jamais. Et que justice soit faite. 

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