Quand la génération iPad découvre Stanley Kubrick...<!-- --> | Atlantico.fr
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Kubrick savait voir grand.
Kubrick savait voir grand.
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Eyes wide open

Le réalisateur d'Eyes Wide Shut sur le grand écran de la Cinémathèque : une première pour toute une génération de jeunes cinéphiles adeptes du streaming, iPads, iPods et autres petits écrans numériques.

Alexandre Pavèze

Alexandre Pavèze

Après avoir assez longtemps travaillé dans l'industrie du disque et l'enseignement, Alexandre Pavèze (c'est un pseudonyme) a décidé de s'orienter vers un travail critique, dans les domaines de la musique et du cinéma.

 

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Kubrick savait voir grand. Très grand. Comme ceux de Fellini ou de Jacques Tati, ses films bénéficient toujours d’une composition de l’image on ne peut plus imposante, aussi rigoureuse que fascinante.

Photographe de formation, Kubrick n’a en effet cessé de déployer, dans chacun de ses plans, de troublantes lignes de fuite, des tensions, des arabesques, des symétries lascives – comme cet immense plan fixe d’Eyes Wide Shut, où de deux femmes dénudées se tiennent stoïques, côte à côte sur un sofa…

Kubrick : grand cinéaste pour grand écran

En 1975, pour les décors et cadrages de Barry Lindon, il s’inspire ainsi directement de tableaux de Thomas GainsboroughEn un mot, le cinéma de Kubrick réussit la synthèse sur écran large entre peinture et grand spectacle, entre esthétique maniaque et suspens de blockbuster.

Or, à l’heure où l’on peut se réjouir de la multiplication virtuelle des filmothèques en streaming, et où il devient possible de visionner à peu près n’importe quel film à partir d’un PC portable et d’une connexion internet, l’initiative de la Cinémathèque de diffuser sur grand écran l'ensemble des films du célèbre cinéaste anglais apparaît plus que salutaire. Car c’est définitivement sur grand écran qu’il convient de savourer Kubrick.

Pour des générations qui n’ont jusque là pu l’apprécier qu’en DVD, ses films rappellent combien ils réclament d’être projetés à leur mesure. C’est-à-dire gigantesquement. Puisque les géants ne tiennent évidemment pas tous aux dimensions d’un iPad.

Du vrai cinéma à l'heure des séries TV

Troublant rappel, en effet, que celui d’une projection du réalisateur d'Orange mécanique, mort à 70 ans, en 1999. Rappel sans doute d’une puissance profonde, et constitutive du cinéma lui-même. Vu d’aujourd’hui, où la série télévisée tend à constituer le plus petit dénominateur commun en termes d’objets filmiques (pour le meilleur comme pour le pire), le cinéma de Kubrick appelle et génère en effet un tout autre espace, permettant une ouverture du regard par la netteté cruelle de ses images – parfois même un tantinet sadiques.

C’est à cette expérience visuelle de la violence que convie Kubrick, à chacun de ses films, à cette projection minutieuse du Mal qui ne saurait que perdre à être ramenée aux dimensions d’une télé ou d’un ordinateur… Qu’il s’agisse de l’Overlook Hotel de Shining, du cosmos de 2001, de la jungle de Full Metal Jacket, ou de sa science du travelling héritée d’Ophüls, Kubrick associe toujours la violence de son propos à une esthétique maniaque des formes, de l’espace, comme une composition picturale. Ces deux plans se complètent. Alors, quelle réjouissance de se dire qu’on va (enfin) pouvoir se reprendre Kubrick en pleine face… Les yeux grand ouverts.

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