Montebourg-Wauquiez-Minc : qui du libre échange ou du protectionnisme est sorti vainqueur ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Montebourg à Wauquiez : "Félicitations, nous réparons vos dégâts"
Montebourg à Wauquiez : "Félicitations, nous réparons vos dégâts"
©Copie écran France 2

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Arnaud Montebourg était l'invité de David Pujadas dans l'émission Des Paroles et des actes sur France 2, jeudi 24 janvier. En deuxième partie d'émission il a débattu avec Laurent Wauquiez puis Alain Minc.

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

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Atlantico : Y a-t-il eu un gagnant lors du débat Montebourg-Wauquiez hier soir dans l'émission Des Paroles et des actes sur France 2 ? 

Thomas Guénolé : Non. Sur la forme, les débatteurs avaient le même niveau de maîtrise de la rhétorique. Sur le fond, chaque spectateur choisira son gagnant en fonction de ses préjugés politiques : Montebourg si vous êtes protectionniste, Wauquiez si vous êtes pour le libre-échange ; Montebourg si vous êtes de gauche, Wauquiez si vous êtes de droite.

Sur la forme, que peut-on en retenir ?

Les adversaires étaient visiblement très bien préparés et de bout en bout dans le contrôle. On est très loin du précédent débat Mélenchon-Cahuzac sur la même chaîne, qui avait progressivement et rapidement viré au choc frontal idéologique très dur et très explicite. Les habituels stratagèmes ont été employés de part et d’autre, sans que l’un ou l’autre des duellistes se distingue sur ce plan. Il est cependant possible que les commentateurs attribuent une victoire de justesse à Arnaud Montebourg parce qu’à ce jeu-là, avoir la petite phrase de plus permet de l’emporter : c’est, en l’occurrence, son "Félicitations, nous réparons vos dégâts."

Et sur le fond ?

Sur le plan des écoles de pensée économique, c’était une confrontation entre l’école monétariste et celle de la croissance endogène. De fait, Laurent Wauquiez s’inscrivait très visiblement dans le registre monétariste façon Milton Friedman sur le thème de la maîtrise des dépenses publiques, tandis que la politique revendiquée par Arnaud Montebourg, nettement axée sur l’innovation industrielle accompagnée par l’impulsion étatique, rappelle la croissance endogène façon Robert Lucas.

Et y a-t-il eu un gagnant lors du débat Montebourg-Minc ?

Oui. On avait là un tenant du libre-échange, Alain Minc, face à un tenant du protectionnisme, Arnaud Montebourg. Or l’échange d’arguments a tourné à l’avantage de ce dernier, qui est parvenu à démontrer par l’absurde que la thèse de la "mondialisation heureuse" était indéfendable en l’état. Le retour à l’envoyeur sur la "naïveté" fut à cet égard emblématique.

Que peut-on en retenir sur la forme ?

Là encore, on avait des duellistes maîtrisant les codes du genre. Tous deux, qui ont d’ailleurs déjà débattu l’un face à l’autre par le passé, étaient cependant plus détendus, plus théâtraux, parfois badins, et moins dans le contrôle que pour le débat Montebourg-Wauquiez. Ce débat Montebourg-Minc était visiblement, sinon sincère, du moins plus spontané, entre deux personnes ayant manifestement le goût de la controverse intellectuelle.

Que peut-on en retenir sur le fond ?

Sur le plan des écoles de pensée économique, l’argumentaire d’Alain Minc était celui des tenants de la dérégulation, où l’on retrouvait pour l’essentiel l’école monétariste, ainsi que la bonne vieille théorie des avantages comparatifs relatifs de Ricardo. Face à lui, l’argumentaire d’Arnaud Montebourg reprenait celui des tenants du protectionnisme : sa vision du développement de notre industrie fait songer au concept d’industries en enfance de Friedrich List, et ses raisonnements sur les asymétries du libre-échange viennent manifestement de l’économiste hétérodoxe Maurice Allais.

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