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Montebourg sert-il encore à quelque chose au gouvernement ?
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Cancre

Le ministre du Redressement productif sera l'invité de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2 ce jeudi soir. Désavoué par le gouvernement sur le dossier Florange, il est pourtant la personnalité politique dont la popularité a enregistré en janvier la plus forte progression dans le baromètre mensuel TNS-Sofres.

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

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Atlantico : Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, sera l'invité de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2. Droite et gauche confondues, il est la personnalité politique dont la popularité a enregistré en janvier la plus forte progression dans le baromètre mensuel TNS-Sofres. Comment expliquez-vous cette popularité ?

Thomas Guénolé : La première percée significative d'Arnaud Montebourg correspond à la primaire ouverte du Parti socialiste en 2011. Son plaidoyer pour le protectionnisme lui avait acquis un socle de popularité dans l'électorat correspondant à l'aile gauche du parti, ainsi qu'à l'électorat d'extrême gauche. À ce socle se sont ajoutées, une fois qu'il est devenu ministre, des franges de l'électorat qui, qu'elles soient de gauche, de droite, du centre ou des extrêmes, sont favorables au protectionnisme. 1 Français sur 2 étant protectionniste et aucun autre membre significatif du gouvernement n'exprimant sur cette ligne, il est assez logique qu'Arnaud Montebourg en recueille les fruits en termes de popularité.



Arnaud Montebourg a été désavoué début décembre dans le dossier Florange par le Premier ministre au sujet des nationalisations. Dans ce contexte sert-il encore à quelque chose au gouvernement ?

A l'époque du dossier Florange, aussi bien Arnaud Montebourg que Jean-Marc Ayrault ont été désavoués par François Hollande. Arnaud Montebourg l'a été sur le fond, puisque sa proposition de nationalisation temporaire n'a pas été retenue. Jean-Marc Ayrault l'a été sur sa propre autorité de chef du gouvernement, puisqu'ensuite Arnaud Montebourg, avec l'accord de François Hollande, est allé défendre sa proposition comme piste encore possible au 20-Heures de TF1.


Arnaud Montebourg n'est-il pas condamné à servir de caution de gauche à François Hollande ?

S'il y a condamnation, elle est mutuelle. Sans Arnaud Montebourg, pas de héraut du protectionnisme au gouvernement de François Hollande, alors qu'encore une fois, 1 Français sur 2 soutient cette ligne. Mais réciproquement sans François Hollande, pas de porte de sortie immédiate pour Arnaud Montebourg, qui n'a pas de courant "montebourgiste" structuré au Parti socialiste.



Le ministre du redressement productif a souvent été comparé à Jean-Pierre Chevènement qui au cours de sa carrière à souvent démissionné pour manifester son désaccord avec les différents gouvernement auxquels il a appartenu. Ce dernier a d'ailleurs popularisé la formule : "Un ministre, ça ferme sa gueule ou sa démissionne ! ". Après Florange, Arnaud Montebourg a pensé claquer la porte du gouvernement. A-t-il bien fait de rester en dépit de ses différents avec l'exécutif ?

J'avoue avoir toujours été en désaccord, comme politologue, avec cette position de Jean-Pierre Chevènement. Je ne vois pas bien quel intérêt il y a à claquer la porte d'un gouvernement dont on est membre, hormis un coup d'éclat que la lessiveuse médiatique fait partir aux oubliettes assez rapidement. Tenez, un exemple : le motif de la démission de Jean-Pierre Chevènement pendant le premier septennant de François Mitterrand, qui s'en souvient aujourd'hui ? Personne. S'il avait continué à porter le débat à l'intérieur du gouvernement, il aurait été plus efficace pour sa cause qu'en se retirant sur son Aventin.


Combien de temps peut-il tenir au gouvernement en défendant une ligne différente de celle de la majorité ?

Pas plus de cinq ans.



Dans ces conditions, le ministère du redressement productif ne risque-t-il pas de devenir le ministère de la parole ?

Cela dépend d'une autre question, en réalité : oui ou non, François Hollande compte-t-il, à l'occasion d'une prochaine délocalisation, valider une proposition protectionniste d'Arnaud Montebourg ? Si oui, alors ce ministère devient le ministère du protectionnisme. Si non, alors il devient le ministère de l'indignation.

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