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La caricature veut que Davos soit un rendez-vous secret où se retrouvent les puissants chefs d’Etat, les grands capitaines du capitalisme mondial afin de se partager les richesses du monde sur le dos des petits peuples.
La caricature veut que Davos soit un rendez-vous secret où se retrouvent les puissants chefs d’Etat, les grands capitaines du capitalisme mondial afin de se partager les richesses du monde sur le dos des petits peuples.
©Reuters

Le cirque Davos ?

Le Forum Economique Mondial de Davos est un rendez-vous de taille pour la réputation des hommes d’affaires et des politiques les plus influents du monde. Débats sans fin, peu voire pas de réponses aux questions posées, la caricature est vite faite. Y a-t-il exagération ? Et que s'y passe-t-il vraiment ?

Félix Marquardt

Félix Marquardt

Il a fondé en 2007 Marquardt & Marquardt : une entreprise de consulting spécialisée dans la stratégie de communication internationale et la médiation. Il organise également depuis 2009 "les Dîners de l'Atlantique" réunissant des personnalités de la culture, de l'économie, ou encore de la politique internationale.

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Atlantico : Le Forum Economique Mondial de Davos est un rendez-vous de taille pour la réputation des hommes d’affaires et des politiques les plus influents du monde. Débats sans fin, peu voire pas de réponses aux questions posées, la caricature est vite faite. Y a-t-il exagération ? Et que s'y passe-t-il vraiment ?

Félix Marquardt : La caricature qui veut que Davos soit une sorte de rendez-vous secret où se retrouveraient les puissants chefs d’Etat, les grands capitaines du capitalisme mondial afin de se partager les richesses du monde sur le dos des petits peuples est erronée. C’est un procès que j’ai entendu trop souvent.

Est-on en train de résoudre les grands problèmes du monde contemporain d’une manière définitive ? Certainement pas. Les organisateurs sont beaucoup trop intelligents pour avoir cette prétention.

Le but de Davos, est de faire avancer la conversation, faire se rencontrer des gens qui n’auraient pas l’occasion de se croiser sans ce rendez-vous. C’est l’endroit parfait pour prendre la température du monde.

La caricature était peut-être plus justifiée il y a quarante ans, quand Davos était le rendez-vous d’une centaine d’hommes d’affaires, tous blancs, tous issus d’Europe de l’Ouest ou de l’Amérique du Nord, et qui se retrouvaient en petit comité. Là, on pouvait avoir l’impression qu’ils faisaient leurs petites affaires en cachette. Or, depuis, il y a eu une évolution considérable. D’abord parce que les organisateurs (le docteur Schwab et ses assistants dont le patron de Publicislive, John Rossant) veillent, depuis la chute du rideau de fer, à ce que les personnalités du monde émergent soient conviées à ces discussions. Consécutivement à la crise financière qui a affecté les Etats-Unis et l’Europe en premier lieu, les stars de Davos sont les Indiens, Indonésiens, Mongoles… Cela décrit très justement la manière dont le monde est en train d’évoluer. Ils font aujourd’hui valoir que, d’une certaine façon, la roue tourne.

A quoi servent ces cinq journées de débats sur les problématiques internationales ?

Davos, c’est bien plus qu’un forum. Un jour, j’étais dans une des navettes qui emmènent les participants d’un point à un autre dans la station thermale. Et deux hommes d’un certain âge, vêtus de costumes traditionnels ont pénétré dans le même véhicule que celui dans lequel j’étais installé. Ils étaient amis depuis une dizaine d’années. Nous avons échangé nos cartes mais bien sûr, par respect, je n’ai pas regardé les leur immédiatement. Une fois descendus, j’ai pu vérifier qui ils étaient. L’archevêque de Dublin et le Mufti de Sarajevo. Davos c’est ça : faire se rencontrer des personnes diamétralement opposées qui n’auraient jamais essayées d’échanger en dehors de l’événement.

Toutes les grandes ONG d’envergure mondiale, de nombreux universitaires, et des chercheurs sont également présents. Le public est large contrairement à ce que l’on imagine. Certes, ce n’est pas en cinq jours que l’on résout les problèmes du monde. En revanche, on compare les avancées de chacun par rapport à l’an passé, et on travaille sur les problématiques de demain voire d’après-demain ?

En 2013, on ne peut plus parler de grandes problématiques telles que le réchauffement climatique, la déforestation ou le rétrécissement des ressources naturelles seulement entre Français ou entre Européens. Le Forum Economique de Davos est un lieu d’échange nécessaire, pas de décisions économiques ou politiques. D’autres instances en ont la charge.

Comment des réflexions peuvent-elles être utiles à l’économie mondiale ?

Les gens qui veulent aider le monde, ont une tâche difficile entre les mains. Souvent, se cachent derrière ces personnalités d’énormes égos. Je préfère des gens qui se retrouvent, que chacun en essayant de faire avancer son propre débat, fasse avancer celui de l’ensemble des protagonistes. Il serait mal à propos de prétendre que les participants viennent dans l’idée de sauver le monde. Par contre, s’ils se rassemblent pour discuter, sans se soucier de ce que pensent les actionnaires de telle ou telle entreprise mais en s’intéressant plutôt au sort de ceux qui sont impactés par l’activité de cette dite entreprise, là l’objectif est louable. Bien sûr, nous sommes dans un modèle capitaliste mais un modèle qui a d’abord été complètement adopté et utilisé très intelligemment par de plus en plus de non-occidentaux. Englués dans notre crise, leur avis prend de plus en plus de place dans les débats. Donc globalement, on peut dire que la défense de l’intérêt de chacun permet à tous d’avancer.

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