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L'Amérique a (encore) un rêve
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Editorial

Barack Obama a été à nouveau investi président des Etats-Unis, le jour du Martin Luther King Day. Pour lui, comme pour l’ensemble de l’Amérique, le rêve américain fait encore vibrer les foules.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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50 ans après le discours de Martin Luther King devant le Lincoln Memorial (28 août 1963), Barak Obama à son tour en a salué la mémoire et a rappelé les fondements du peuple américain, qui le rendent fondamentalement, intrinsèquement, toujours plus uni que divisé. Utilisant la formule "we the people", Barak Obama a invité à partager une destinée commune, irrésistible au peuple américain et à son esprit de conquête.

Tel un pionnier immigrant du far west, et invitant même à s’inscrire dans leurs traces, Barak Obama a rappelé dans son discours d’investiture que "le voyage n'était pas terminé", et ne le serait pas tant que les objectifs des grands enjeux et grands dossiers ne seraient pas atteints : mieux accueillir les immigrés ; vivre en sécurité et se protéger du mal ; être tous égaux en droit ; être la locomotive de la transition énergétique ; faire des choix pour réduire le coût de la santé et de la dette ; être un artisan de la paix dans le monde …

Obama invite au voyage comme Martin Luther King formulait un rêve. Un rêve américain, même bousculé par la conjoncture, qui reste le premier moteur de l’enthousiasme, de la puissance et de la fierté d’appartenance. A travers discours, cérémonie et attitude, l'Amérique et son président se prennent encore et toujours à rêver, et nécessairement nous bousculent et nous intriguent. Et si nous aussi nous nous autorisions à rêver un peu ?

Le rêve d'exhorter le patriotisme et la fierté d'appartenance sans être accusé au pire de xénophobie, au mieux de démagogie.

Le rêve pour les américains de continuer à être la première puissance économique mondiale quand cette position est remise en cause comme jamais.

Le rêve d'être convaincu que rien ne peut résister à des américains qui pensent et agissent "together", un mot prononcé à moultes reprises dans le discours d'Obama.

Le rêve d'organiser un défilé absolument "kitch", improbable et iconoclaste de fanfares d'écoles, de corps d'armée, de chars dignes de la gaypride, de délégations de Navajo, de chiens d'aveugles, de tambours du bronx, de commémoration de la guerre d'indépendance, du module Mars Curiosity fièrement exhibé sur un podium de la NASA dont le président à pourtant considérablement réduit les budgets, de majorettes et pom-pom girls en tous genres ... sans être accusé de mauvais goût et de niaiserie absolue. La force de l'Amérique c'est aussi cette capacité à pouvoir se fêter et s'exhiber sans pudeur, dans cet esprit "bon enfant" que l'on utilise souvent en image, comme pour les excuser.

Le rêve de pouvoir saluer dans le défilé une délégation représentant des sudistes en étant un président noir, sans être accusé de haute trahison ou de révisionnisme.

Le rêve de pouvoir également saluer une délégation d'indiens Navajo en assumant l'histoire, sans se répandre nécessairement en repentance officielle et collective.

Le rêve de voir un président hilare, au sourire déployé, se déhanchant, et accompagnant de mouvements de tête le rythme des fanfares. Évidemment nous nous passerions volontiers du chewing-gum mâchouillé, mais une cool attitude qui nous interpelle et nous fascine à la fois.

Le rêve de pouvoir s'étonner et s'enthousiasmer pour cette Amérique là, sans être accusé d'américanisme béat par de l'antiaméricanisme primaire.

Le rêve de maintenir cette identité nationale exceptionnelle, dans la nation sans doute la plus bigarrée au monde et alors que cette diversité raciale et ethnique sera de plus en plus forte, avec une démographie qui rendra bientôt "les blancs" minoritaires. Dans certains Etats déjà, on parle davantage l’espagnol que l’anglais ... sans jamais pour autant considérer que l'on puisse s’en passer.

Le rêve de concilier l’immigration et la croissance, d'y voir la consolidation d'une nation riche de diversité lorsque souvent c'est la peur de la dilution de l'identité nationale qui l’emporte.

Le rêve de concilier protection de l'environnement et développement économique intensif ... sans avoir peur des paradoxes et des contradictions en appelant de ses vœux l'intensification du "green business" sans avoir signé le protocole de Kyoto et en développant intensément l'exploitation du gaz de schiste !

Le rêve de pouvoir croire aux rêves.

Comme je l'écrivais déjà au moment de la mort de Ben Laden qui avait généré des mouvements spontanés de foules qui scandaient "USA USA", "la religion de l'Amérique, c'est l'Amérique".

Pour le plaisir : "I have a dream", le discours de Martin Luther King le 28 août 1963 devant le Lincoln Memorial :

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