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Eurogroupe : plus les réunions avancent, plus le fédéralisme bancaire recule
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Un pas en avant, deux en arrière

Les ministres des Finances de la zone euro se réunissent ce jeudi afin de déterminer si le Mécanisme européen de stabilité (MES), censé sauver les banques en difficulté, pourra intervenir directement ou s'il devra nécessairement passer par les Etats.

Jean-François Robin

Jean-François Robin

Jean-Francois Robin est responsable du département Stratégie chez Natixis au sein de l'équipe de recherche de Patrick Artus.

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Atlantico : Les ministres des Finances se réunissent ce jeudi afin de déterminer si le Mécanisme européen de stabilité (MES), censé sauver les banques en difficulté, interviendra directement ou s'il devra nécessairement passer par les Etats. Laquelle de ces deux options est préférable ?

Jean-François Robin : Lors du sommet européen de juin 2012, les Européens avaient décidé de séparer la crise bancaires de la crise des dettes souveraines. Il s'agissait de la mesure phare, celle qui a rassuré les marchés. Les Etats devaient sauver les banques - ce qui pesait sur leurs budgets - alors que dans le même temps il était demandé à ces dernières de "sauver les Etats" en achetant de la dette qu'ils émettaient sur les marchés et éviter ainsi une envolée des taux sur les marchés... Il fallait casser ce cercle vicieux et éviter tout risque systémique. En Irlande par exemple, le sauvetage des banques a coûté 40% du PIB : le système bancaire peut mettre à mal un Etat.

Pour en finir avec ce cercle, il avait été décidé de mutualiser le coût du sauvetage bancaire au niveau européen. En caricaturant, plus l'Europe progresse vers le fédéralisme, plus les marchés sont rassurés et calmés. Financé par la dette des Etats sous forme mutualisée, le MES avait donc été sollicité de sorte à ce que se soit l'Europe qui refinance directement les banques jugées systémiques.

Pourquoi le sauvetage directe des banques par le MES a depuis été remis en cause ?

Courant septembre, au moment où la situation a commencé à se calmer, certains Etats ont fait marche arrière sur le fédéralisme pour privilégier des pistes davantage nationales. L‘Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas se sont alors prononcés contre un refinancement direct des banques par le MES préférant que celui-ci prête aux gouvernements afin qu'ils interviennent par la suite dans le système bancaire. L'objectif est simple : rendre les Etats responsables du remboursement des sommes accordées par le MES plutôt que les banques.

Cette solution a donc un inconvénient majeur : elle recrée le lien entre crise bancaire et dette souveraine évoqué précédemment. L'union bancaire a été quelque peu vidé de son contenu. L'Europe a fait machine arrière. En effet, sans refinancement directe du MES, un sauvetage des banques espagnoles pèsera sur le déficit et le budget du pays...

Le marché est à l'accalmie, notamment depuis les annonces de Mario Draghi qui a annoncé le lancement du programme visant à intervenir sur les marchés de la dette. Mais dans tous les cas, nous ne pourront pas faire l'économie d'un pas significatif vers l'intégration économique.

En dépit de ce possible recul, la crise bancaire européenne est-elle en passe d'être résolue ?

Il y a des signes très nets d'amélioration : les dépôts auprès des banques augmentent de nouveau, les banques espagnoles ou portugaises sont de moins en moins dépendantes de la BCE pour se refinancer, ce qui traduit un renouveau de confiance sur les marchés. Les choses vont mieux.

Mais il faut que l'Eurogroupe redonne un peu d'aplomb. Plusieurs sommets de la "dernière chance" se sont succédés avec de fortes annonces à chaque fois. Depuis, il y a une crainte que plus rien ne sorte de ces sommets, que le processus soit bloqué. Il faut montrer que l'Europe va de l'avant et dans le bon sens. Il ne faut pas faire de retour en arrière ni même repousser les décisions à plus tard : le retour de la volatilité et de la défiance envers la zone euro peuvent revenir aussi vite qu'ils sont partis.

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