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La Chine achète de l'or discrètement pour "diversifier ses réserves de change", comme on dit pudiquement, et pousse ces citoyens à en acquérir.
La Chine achète de l'or discrètement pour "diversifier ses réserves de change", comme on dit pudiquement, et pousse ces citoyens à en acquérir.
©Reuters

Les dessous de l'économie

L'Allemagne a donné un coup de pied dans la fourmilière aurifère. Pourquoi ? Et qu'est-ce que cela signifie pour le métal jaune dans les mois qui viennent ?

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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L'Allemagne rapatrie tout l'or qu'elle avait entreposé à Paris, Le Figaro

La France reste une place forte de l'or du monde, Les Echos

L'Allemagne cherche son or pour le rapporter chez elle, The Wall Street Journal

L'Allemagne crée un tas d'opportunités en or, Financial Times

Impressionnant, non ? Tous les journaux financiers parlent désormais de l'or ; il ne tient plus du tout dans un obscur entrefilet de la rubrique matières premières.

L'Allemagne a donné un coup de pied dans la fourmilière. Après avoir demandé en 2012 à voir où était son or, elle veut l'avoir bien au chaud dans la mère patrie.

Guerre froide oblige et peur des chars russes, la moitié de l'or allemand était entreposée depuis presqu'un demi-siècle à New York, Londres et Paris. Il y dormait tranquillement. Il s'y était accumulé grâce aux excédents commerciaux qu'engrangeait le pays.

Puis voilà que l'Allemagne lâche le mark pour l'euro, que la Banque centrale européenne se met à en imprimer, que le professeur Markus Kerber accuse la Banque centrale européenne de "crime monétaire" et que les Allemands s'inquiètent : où est notre or ? Voir des lingots entreposés ne leur a pas suffi.

Après inventaire, l'Allemagne détient à l'étranger :

- 1 536 tonnes (selon Le Figaro) ou 1 500 tonnes (selon le Financial Times) à la Fed de New York ;

- 374 tonnes à Paris dans les coffres de la Banque de France ;

- 450 tonnes à Londres dans les coffres de la Banque d'Angleterre.

Elle va rapatrier 300 tonnes de l'or de New York et tout l'or de Paris puisque, euro oblige, il n'y a pas de change entre la France et l'Allemagne - ce qui n'est pas le cas avec l'Angleterre et les Etats-Unis. Une explication assez alambiquée. Carl-Ludwig Thiele, membre du directoire de la Bundesbank, a même cru bon d'indiquer que c'était "un signe de confiance dans le maintien de la monnaie unique".  

Pour faire passer diplomatiquement la pilule, l'Allemagne invoque une pression de l'opinion publique.

Sauf que si c'est simplement pour satisfaire le bon peuple, pourquoi est-il prévu d'échelonner le rapatriement de l'or américain jusqu'en 2020 ? Voilà de quoi raviver les rumeurs sur l'authenticité des réserves de Fort Knox, les difficultés du Comex américain à assurer la livraison physique des contrats à terme et la réalité des stocks physiques.

Les deux derniers titres de notre revue de presse nous indiquent que les dettes se dégradent toujours (puisque la croissance se fait attendre).

Cette histoire d'or n'est qu'une péripétie dans de grandes manœuvres monétaires. Les pays débiteurs veulent une monnaie faible et les pays créditeurs (exportateurs) ne veulent pas voir leurs réserves de change partir en fumée.

Parmi ces pays, la Chine. La Chine achète de l'or discrètement pour "diversifier ses réserves de change", comme on dit pudiquement, et pousse ces citoyens à en acquérir. L'or ne rapporte rien, mais les bons du Trésor et les obligations européennes non plus ! La Chine aussi est victime de la "répression financière".

Le président du CIC (le fonds souverain d'investissement chinois), Lou Jiwei, a déclaré lundi 15 janvier, lors d'une conférence de presse à Hong Kong, qu'il allait réduire ses achats de bons du Trésor américain puisque l'économie américaine repartait et qu'en bon père de famille, il allait se reporter sur les actions. Oh, le fourbe...

Une reprise américaine ? 2,5% de croissance achetée avec 8% de déficit et l'impression mensuelle par la Fed de 40Mds$ pour racheter des bons du Trésor.

Lou Jiwei est fourbe mais sage. La Chine se déleste de ses bons du Trésor et elle a raison ; heureusement, le Japon en prend encore un peu. Heureusement, car sinon, le seul souscripteur restant ne serait que la Fed et sa planche à billets.

L'or consolide toujours : c'est très sain car cela prouve qu'il n'est pas en phase de bulle. La prochaine crise sera obligataire et monétaire et il n'est pas sûr que l'or soit alors vendu comme au moment de la faillite de Lehman Brothers où la seule valeur refuge semblait le dollar.

Parce que l'or est déjà remonétisé et que c'est le seul actif AAA.

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