L'UDI exagère-t-elle sa différence avec l'UMP ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Louis Borloo ne cesse de répeter que l'UDI n'est pas un clone de l'UMP.
Jean-Louis Borloo ne cesse de répeter que l'UDI n'est pas un clone de l'UMP.
©Fondapol

Copie (pas) conforme ?

Jean-Louis Borloo affirme sans relâche depuis la création à l'automne dernier de l'Union des démocrates et indépendants que son parti n'est pas un clone de l'UMP.

Alexandre Vatimbella

Alexandre Vatimbella

Alexandre Vatimbella est le directeur de l’agence de presse LesNouveauxMondes.org qui est spécialisée sur les questions internationales et, plus particulièrement sur la mondialisation, les pays émergents et les Etats-Unis.

Il est également le directeur du CREC (Centre de recherche et d’étude sur le Centrisme). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages (dont Santé et économie, Le Capitalisme vert, Le dictionnaires des idées reçues en économie, Le Centrisme du Juste Equilibre, De l’Obamania à l’Obamisme).

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Jean-Louis Borloo affirme sans relâche, depuis la création à l’automne dernier du parti dont il est le président, l’UDI (Union des démocrates et indépendants) que celui-ci n’est pas un clone de l’UMP. Dont acte.

Mais il explique également, dans la foulée, que l’UDI est l’allié "naturel" et indéfectible de l’UMP, ce qui signifie qu’il y a donc une forte proximité politique, selon ses propres dires, entre l’UDI et l’UMP.

De même il prétend que l’UDI a comme dessein de devenir à terme le premier parti de droite à la place de l’UMP. Pour y parvenir, sa formation ne pourra évidemment que prendre des voix et des militants à l’UMP. Par conséquent, c’est avec un discours proche de celui de l’UMP et des valeurs identiques qu’il pourra réaliser cette ambition. D’où, à nouveau – et quelles que soient les chances de réussite de cette dernière - une proximité politique forte entre l’UDI et l’UMP.

En outre, Jean-Louis Borloo ne s’est jamais caché d’être un homme de droite (républicain et social, ajoute-t-il) et non du Centre. Reste que quelle que soit la droite à laquelle il prétend appartenir, elle n’est guère différente d’une de celles que l’on trouve nécessairement présentes à l’intérieur de l’UMP.

Il n’est pas demeuré ministre de Jacques Chirac pendant cinq ans et de Nicolas Sarkozy pendant quatre ans ainsi que membre de l’UMP pendant neuf ans pour rien.

Sans oublier que l’UDI est un parti de droite et non du Centre dans sa composition et son architecture.

Elle est ainsi bâtie exactement sur le même schéma que l’UMP, un parti attrape-tout où se côtoient toutes les tendances de la droite (n’oublions pas la présence dans l’UDI du Centre national des indépendants et, désormais, du Parti libéral démocrate, deux formations de droite, sans oublier le Parti radical) et du centre-droit avec à sa tête un homme de droite.

La seule différence est que l’UDI est une confédération de partis, ce que n’est pas l’UMP (mais Jean-Louis Borloo a comme volonté de construire un parti unifié).

La proximité d’organisation, la proximité idéologique et la proximité de fonctionnement sont donc évidences.

Si l’UDI ressemble tellement à l’UMP, à quoi sert-il de l’avoir créée?

On peut comprendre que l’ambition personnelle de Jean-Louis Borloo ainsi que ses ressentiments vis-à-vis de ceux qui l’ont empêché de devenir le Premier ministre de Nicolas Sarkozy en 2011, aient abouti à la mise en place de l’UDI, une formation qui lui est totalement dédiée.

On comprend évidemment que le centre-droit (Nouveau centre, Force européenne démocrate, Alliance centriste) qui était éparpillé, éclaté, voire atomisé, puisse avoir vu en l’UDI sa planche de salut sans trop se poser de questions sur son positionnement.

On comprend également que des micro-formations de droite (Gauche moderne, Centre national des indépendants, Parti libéral démocrate, Territoires en mouvement) y aient vu une manière d’exister ou… de ne pas disparaître.

Ayant dit cela, l’UDI a-t-elle au moins des positions différentes de celles de l’UMP qui légitimeraient sa création?

Le gros problème en la matière dépend de qui parle au nom de l’UDI.

Car, à défaut d’avoir un programme ou un projet politique (il devrait être mis au point dans l’année qui vient), la formation de Jean-Louis Borloo a souvent autant de positions que d’intervenants.

C’est le cas, par exemple, du mariage homosexuel où une partie de l’UDI est pour (comme Jean-Louis Borloo) et une autre est contre (comme Jean-Christophe Fromantin, le député-maire de Neuilly-sur-Seine).

Mais c’est le cas également de l’intervention au Mali où Jean-Louis Borloo a indiqué être totalement solidaire du gouvernement quand Hervé Morin se montrait très réticent à en faire de même, utilisant d’ailleurs les mêmes arguments que ceux de Valéry Giscard d’Estaing.

Et l’on pourrait continuer.

Dès lors, il est difficile d’affirmer que l’UDI a des positions claires et définitives, surtout que celles-ci sont différentes de celles de l’UMP.

Quant à la coordination à l’intérieur du parti, elle laisse souvent à désirer.

Jean-Louis Borloo a même du s’excuser lors de la présentation de ses vœux à la presse le 15 janvier, d’avoir oublié d’associer le président du groupe UCR (Union centriste et républicaine) au Sénat et membre dirigeant de l’UDI, François Zocchetto, à une tribune publiée par Le Figaro.

In fine, la présence de deux partis de droite peut être utile lors d’élections pour que l’un soit le réservoir de l’autre et inversement. Dans ce cas, la création de l’UDI ressortirait uniquement d’une stratégie électorale - dire les mêmes choses mais avec un style différent pour ratisser le plus large possible -, qui n’aurait pas grande chance de perdurer dans le temps.

Il faudra donc attendre que l’UDI publie un projet politique et, surtout, que tous ses leaders y adhèrent pour connaître sa réelle originalité.

Selon certains, ce sera son moment de vérité et beaucoup parient qu’elle n’en survivra pas au vu de l’éclectisme de sa composition.

Les vœux que Jean-Louis Borloo a présentés à la presse pourraient être, dès lors, à la fois, les premiers de l’UDI et… les derniers.

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