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Wii U, PS 4, Xbox 720, Steambox : la guerre des consoles est déclarée. Et si la petite dernière Ouya créait la surprise ?
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Mario VS Sonic

En 2013, sortiront simultanément la Ouya, la PS 4 de Sony, la Xbox 720 de Microsoft et la Steambox de Valve. Elles viendront s'ajouter à la Wii U de Nintendo qui est disponible en France depuis novembre dernier.

Adrian Bessière

Adrian Bessière

Adrian Bessière a travaillé pour l'industrie vidéoludique au sein de nombreux projets, notamment sur le contrôle qualité et le support client.

Il garde un oeil critique sur les nouvelles tendances qui agitent le secteur.

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Le marché des consoles a toujours été un terreau fertile pour l'apparition de Vaporware, c'est-à-dire de projets annoncés comme révolutionnaires et qui ne voient jamais le jour malgré des années de développement. C'est sans doute l'une des craintes qui a traversé les esprits des observateurs après l’énorme succès de la levée de fonds organisée pour le projet Ouya, financé sur Kickstarter à hauteur de 8,5 millions de dollars. Et pourtant, cette nouvelle console est bien annoncée pour Avril 2013 et est disponible en pré-commande pour 99 dollars.

Le modèle choisi est bien particulier : la console tournera sous Android, aura une puissance (ainsi qu'une taille) limitée et proposera des jeux gratuits, financés par la publicité ou les micro-transactions. Cette offre lowcost permettra cependant de jouer aux jeux les plus gourmands grâce a un partenariat avec le service OnLive, dont les serveurs réalisent la masse de calculs nécessaires au fonctionnement du jeu avant d'envoyer le rendu à l’écran du joueur par internet. Ouya proposera donc dés son lancement l’accès à de nombreux jeux provenant du catalogue de la plupart des grands éditeurs ou de studios indépendants. Une offre qui se verra étoffée de projets exclusifs à la console au fil du temps. Mais tout cela ne suffira peut-être pas à assurer le succès de ce nouvel entrant... 2013 s'annonce en effet comme une année fertile en nouvelle sortie sur le marché. On peut même dire que 2013 sera fondamentale dans la définition du marché du jeu vidéo pour les 5 prochaines années. Après 6 ans de marasme, sortiront simultanément Ouya, la PS 4 de Sony, la Xbox 720 de Microsoft et la Steambox de Valve qui viendront rejoindre la WiiU sur le marché. Du coté des portables, la situation est à peine plus calme avec les présentations du Shield de Nvidia et de Gamestick.

Microsoft et Sony visent toujours le public des gros joueurs qui sont prêts à dépenser une somme rondelette pour un appareil puissant offrant des possibilités plus étendues.

Ouya, au contraire, s'adresse en priorité à un public de joueurs occasionnels ne souhaitant pas dépenser trop d'argent pour ce loisir. Les rôles semblaient bien répartis jusqu'à l'entrée en lice de Valve dont la Steambox, à la croisée du monde du PC et de celui des consoles, risque fort d'être le chien dans un jeu de quille à 40 milliards d'euros de chiffres d'affaires annuel. Le roi du dématérialisé mettra au service de sa console toute la force de frappe de son magasin Steam : plus de 40 millions de comptes ouverts et des pointes de plus de 5 millions d'utilisateurs connectés simultanément. Nvidia, leader des puces graphiques, a aussi provoqué la surprise et l’intérêt avec sa Shield. Cette console portable permettra de jouer sur l’écran dédié à un jeu calculé par le PC principal du foyer, dans une version « locale » du concept d'OnLive. On pourra aussi la connecter à un téléviseur pour jouer sur un écran plus grand que celui de la machine. Gamestick semble offrir un concept un peu semblable dans une version peu chère et ouverte, à la manière d'Ouya.

A travers ce bouillonnement, on peut identifier clairement les tendances qui vont affecter le prochain cycle du marché du jeu vidéo. Premièrement, le marché va se diviser encore davantage entre gros joueurs dépensiers et joueurs occasionnels économes. Sony, Microsoft Valve et Nvidia tenteront chacun de séduire les premiers avec un matériel puissant, polyvalent et conçu pour être au centre du dispositif multimédia. Ouya, Gamestick, et Nintendo vont tenter de dominer le second segment avec des machines peu puissantes, plus périphériques et offrant des services à la demande.

Deuxièmement, on se dirige vers l'intégration des différents supports de jeu au sein d'une même offre, quelque soit la formule envisagée par chaque industriel. Les exemples les plus saillants sont la Shield de Nvidia et Gamestick qui tente de relier pc, console portable et télévision.

Ce qui rend le projet Ouya si intéressant, c'est qu'il est à la croisée des deux marchés, en position de profiter pleinement des deux tendances. Son petit prix lui ouvre les portes du marché des joueurs occasionnels tandis que son partenariat avec OnLive et son catalogue lui assure un intérêt certain aux yeux des joueurs plus passionnés. Son système d'exploitation, Android, lui assure une compatibilité immédiate avec la majorité des tablettes et smartphones vendus à l'heure actuelle et lui ouvre un monde de possibilités. Mais la route est semée d’embûches. Ouya n'a pas l'image de marque de Sony ou Microsoft, la base de consommateurs de Valve ou l'expertise technique de Nvidia, ni les contacts multiples et prolongés avec les éditeurs et studios que chacune de ces entreprises ont développés au fil du temps.

Pour s'assurer le succès, elle doit jouer à plein de son avantage comparatif, le prix. La gratuité des jeux et des services est la base essentielle du projet, or on peut craindre qu'un prix de 99 dollars l’empêche de toucher un public vraiment large en dehors des habituels possesseurs de consoles. Quand on joue peu et que les budgets sont serrés comme en ces temps de crises, une centaine d'euro peut se justifier difficilement lorsque l'on possède déjà un smartphone, une tablette et/ou un ordinateur connecté à Internet qui permettent chacun de jouer pour un coût virtuellement inexistant.

Le concept technique d'Ouya est très novateur, mais l'innovation doit aussi s’étendre aux méthodes de distribution pour que le succès soit vraiment massifs. L'une des pistes les plus prometteuses pourrait être de mettre en place un système d'abonnement/location. Le succès de Netflix aux Etats-Unis prouve que le consommateur est prêt à payer un abonnement pour une offre de divertissement et constitue un modèle potentiel pour Ouya, dont la logistique serait infiniment moins complexe.

Une autre idée, plus ambitieuse mais peut-être plus rentable, serait de chercher des partenariats avec les fournisseurs d’accès, et pas seulement avec les fournisseurs de contenus. Son service gratuit mais capable de rivaliser avec les grandes marques de consoles et la simplicité technique relative de la machine en font une candidate idéale à l'introduction au sein d'une offre « Triple-Play » pour un fournisseur d’accès comme Free, Orange, ou SFR qui pourrait ainsi le proposer à ses clients, acquérant un avantage comparatif certain et une possible rémunération sur les micro-transactions qui constituent le bizness-model d'Ouya qui s'assurerait ainsi un accès à un marché véritablement grand public.

Quels que soient les résultats de cette guerre des consoles qui s'annonce pour l'année à venir, souhaitons qu'elle nous amène nombre de jeux intéressants. Bonne année 2013.

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