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Cantonales : Front national, nouvelle droite ?
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Zone franche

Ce n'est pas l'UMP qui siphonne les voix de l'extrême droite, c'est le contraire.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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La disparition du numéro de département des plaques minéralogiques avait fait couler pas mal de larmes, mais c’était surtout chez les crocodiles. 55,2% d’abstention aux cantonales, c’est la preuve que les électeurs s’intéressent à peu près autant à leurs Conseils généraux que les poissons aux bicyclettes.

De fait, et c’est le tout premier enseignement du scrutin d'hier : les départements, les Français n’y sont vraiment attachés que lorsqu'ils aident les gosses à réviser leur géographie pendant les longs trajets en voiture. Seconde leçon : une vraie réforme des collectivités territoriales, éliminant carrément cet échelon administratif archaïque au lieu de faire les choses à moitié par timidité démagogique, serait passée comme une lettre à la poste.

Fin des surprises.

Sur le reste, c’est effectivement une chronique des événements annoncés : le FN confirme que, même sans coup de main de Harris Interactive, il est la troisième force politique française (15,2%) ; le PS progresse sans séduire (25,2%) mais se rapproche de ses objectifs ; l’UMP se prépare un second tour compliqué avec un score historiquement bas (17%).

Ni effet Fukushima pour les Verts, ni effet Benghazi pour l’UMP

Du coup, c’est à peine si l’on repère la contre-performance des Verts, qui ne profitent pas plus de l’effet Fukushima (8,6%) que les troupes Sarkozystes ne surfent sur l’effet Benghazi. Manifestement, deux cavaliers de l’apocalypse en promenade  ― Pestilence et Guerre ― ne suffisent pas à émouvoir des électeurs français qui en ont vu d’autres… Pour les bouleverser, c’est les quatre jockeys infernauxen même temps ou rien.

Mais ce qui intrigue réellement, c’est ce que feront les électeurs de droite dans les face-face PS-FN et les électeurs du FN dans les duels PS-UMP. Il y a les consignes de vote,  bien sûr, données du bout des lèvres par Copé et Fillon (« pas de complaisance pour le diable mais faites comme vous le sentez ») ou sans ambigüité de la part de Marine Le Pen (« le PS et l’UMP, c’est immigrés euro-mondialistes et compagnie »), mais il y a surtout les valeurs essentielles des uns et des autres à l’heure de glisser un bulletin dans une enveloppe à l’abri des regards.

Une question qui ne se pose guère à gauche où socialistes et écologistes insistent sur l’importance de « barrer la route au FN » et élaborent leur petit programme commun new look sur une péniche ― un mini-PC en remorque mais sans Mélenchon.

Élections sans importance en tant que telles, ces cantonales sont donc un moment-clé dans l’histoire de la droite, qui fait clairement la preuve qu’elle ne siphonne en rien les voix du Front national puisque c’est tout le contraire. Un bon point « moral » pour Sarkozy, n’en déplaise à ces voyageurs temporels convaincus d’avoir été renvoyés aux « heures les plus sombres de notre histoire» en 2007, mais une assez mauvaise nouvelle pour les grands équilibres politiques du pays.

La droite, la vraie, la tatouée, on risque peut-être d'apprendre ce que ça veut dire.

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