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Un Matisse refait surface : toutes ces œuvres dont nous avons perdu la trace
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Un Matisse refait surface après 25 ans. D'autres sont toujours dans la nature. Quelle est l'histoire de ces œuvres dont nous avons perdu la trace?

Pierre  Cornette de Saint Cyr

Pierre Cornette de Saint Cyr

Pierre Cornette de Saint Cyr est commissaire priseur et président du Palais de Tokyo.

 

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Atlantico : Un Matisse refait surface après 25 ans.  « Le Jardin », peint en 1920 et estimé à 760 000 euros, a été retrouvé par un détective britannique. Charles Roberts, un galeriste londonien a expliqué qu'un client polonais, qui possédait l'oeuvre depuis les années 1990,  lui avait demandé de le vendre en son nom afin de pouvoir "donner de l'argent à ses petits-enfants". Ce tableau avait été volé une nuit de mai 1987 au musée de Stockholm. A combien est estimé le nombre d’œuvres perdues en France ?

Pierre Cornette de Saint Cyr : Il faudrait mener une vaste enquête, fastidieuse. Prenons plutôt des exemples. En novembre dernier, un homme de 40 ans a été arrêté pour le vol de cinq tableaux de maîtres au musée d’art moderne de Paris : des tableaux de Picasso, Matisse, Braque, Léger et Modigliani. Les tableaux n’ont pas encore été retrouvés et on pense qu’ils ont été détruits. Autre exemple spectaculaire, en 2001. A l’époque, Stéphane Breitwieser, surnommé le « Arsène Lupin » d’Alsace avait été arrêté en Suisse pour le vol de quelques trois cents œuvres dérobées dans divers musées et châteaux européens. Sa mère, Mireille Stengel, voyant que son fils allait être poursuivi a alors jeté dans le canal Rhin-Rhône une centaine d’œuvres (tableaux, sculptures). Une perte qui s’élève à une dizaine de millions d’euros.

Quelles sont les principales raisons de ces pertes ?

La plupart sont des vols. Apparemment, il y aurait également bon nombre d’œuvres de musées nationaux qui auraient été récupérées par des ministres, des ambassadeurs et par des fonctionnaires.Beaucoup de ces derniers se serviraient dans nos réserves. En tout cas, une chose est sûre, la plupart des vols ne sont pas l’œuvre de collectionneurs romantiques. Dans le cas de la disparition en 2004 des tableaux « Le Cri » et « La Madone » de Munch à Oslo, il a fallu deux ans à la police pour mettre la main sur les malfrats. De simples imbéciles puisque les œuvres ont été retrouvées. De la même façon, en 2007, l’une des deux peintures dérobées dans l’appartement parisien de la petite-fille de Picasso avait été découpée au cutter. Voilà pourquoi quand on me demande si cela peut être l’œuvre d’un collectionneur romantique, je réponds très clairement que c’est impossible. L’amour de l’art, c’est comme l’amour d’une femme. Il y a le regard, vous lui faites la cour, mais vous ne l’agressez pas pour lui faire part de votre intérêt. Comment peut-on approcher un cutter d’un Picasso ?

Quels moyens sont mis en place afin de les retrouver ?

La traque se fait entre policiers, collectionneurs et internautes. Les personnes qui s’imaginent voler et revendre des œuvres d’art sans être inquiétées se trompent. A l’heure actuelle, les photos qui circulent sur Internet, les tableaux et autres sculptures volées sont devenus totalement invendables. Bien évidemment les vols majeurs sont immédiatement médiatisés, les polices du monde entier sont informées. Mais la chasse aux œuvres peut s’avérer très complexe. Le pire, c’est pour les objets subtilisés dans les châteaux. En effet, rien ne ressemble plus à une horloge qu’une autre horloge. Ainsi les voleurs n’ont qu’à se rendre en Belgique où ils parviennent à revendre facilement ce type de pièces. Commode, fauteuil, pendule, c’est ce qu’il y a de plus difficile à retrouver puisque c’est ce qu’il y a de plus difficile à identifier. A l’inverse, un Picasso sera identifié dans les plus brefs délais. A l’étranger, des récompenses sont parfois même proposées afin d’encourager les citoyens à la recherche. Le principal étant de retrouver les œuvres disparues.

Quel pourcentage d’œuvres sont retrouvées ?

Récemment, je n’ai pas entendu parler de vol. C’est une pratique qui n’est pas si courante. Le dernier « grand » voleur d’œuvres exposées dans les musées a été arrêté en 2001 comme je vous l’ai dit précédemment. Depuis la France n’a pas connu de grande perte d’objets d’art. 

Une fois retrouvée, à qui sont-elles remises ?

Elles sont simplement raccrochées au clou auquel elles étaient fixées. Si c’est un collectionneur privé, on le rend au collectionneur, sinon aux musées. Dans le cas où personne ne réclamerait le tableau, ce qui est extrêmement rare, celui-ci peut éventuellement être exposé dans un musée de Paris. Mais le cas de figure n’a pas encore été rencontré je crois !

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