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Retour vers le futur : le charbon sera-t-il l'énergie de ce début de XXIè siècle ?
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Ressources

Le dernier rapport sur la demande d’énergie de l’Agence Internationale de l’Énergie prévoit que le charbon devrait devenir la première source mondiale d’énergie d’ici 2017. Une prévision qui peut surprendre, à l’heure où l’Europe s’efforce de ranger cette ressource au musée.

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre est ingénieur en optique physique et docteur en sciences économiques. Il est professeur à la Paris School of Business, membre de la chaire des risques énergétiques.

Il est le co-auteur de Perspectives énergétiques (2013, Ellipses) et de Gaz naturel : la nouvelle donne ?(2016, PUF).

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Dans son dernier rapport annuel sur l’évolution de la demande d’énergie, l’Agence Internationale de l’Énergie prévoit que le charbon devrait devenir  la première source mondiale d’énergie d’ici 2017. À l’heure où l’Europe s’efforce de ranger cette ressource au musée, cet accessit peut surprendre. Cependant, il faut savoir que le charbon est d’ores et déjà la première source d’énergie en Asie, zone à la plus forte croissance : il représente 70 % du mix énergétique chinois et 50 % de celui de l’Inde. Mais c’est aussi la première source mondiale pour la génération d’électricité : 40 % de l’électricité est produite à partir de charbon. Or cette application est appelée à croître encore fortement durant les décennies à venir, tirée par l’industrialisation des pays émergents et par la multiplication des appareils électroniques.

Cet appétit pour le charbon est dû en premier lieu à sa grande abondance et à son accessibilité partout sur la planète. Son second attrait est sa simplicité d’utilisation. Les centrales thermiques à base de charbon son très rapides à construire, peu onéreuses et nécessitent peu de technologies. C’est pourquoi, la Chine et l’Inde vont en installer de très grandes quantités dans les années à venir : d’ici 2035, elles devraient installer à elles deux plus de 3 000 TWh, soit l’équivalent de 3 000 réacteurs nucléaires.

Mais à ces atouts sont associés des inconvénients majeurs : extraction dangereuse, pollution de l’air et, bien sûr, niveau élevé d’émissions de CO2. D’après l’Institut National américain de la Santé, le charbon serait à l’origine de près de deux millions de morts chaque année sur Terre, essentiellement par des maladies respiratoires. Cela en fait la source d’énergie de très loin la plus létale.

Malgré cela, la consommation mondiale continuera d’augmenter pendant encore plusieurs décennies. D’abord parce les réserves sont énormes et sont encore loin de se raréfier. Ensuite pour des raisons géopolitiques. Plusieurs pays, à commencer par les deux premiers consommateurs, la Chine et les États-Unis, préfèreront privilégier une ressource disponible sur leur propre territoire à des ressources importées de pays pas toujours accommodants. Enfin, s’il est acquis que le peak oil va être retardé de quelques décennies grâce aux pétroles non conventionnels et à l’amélioration des technologies d’extraction, il finira par arriver, peut-être dans les années 2030, voire 2050. Le charbon présentera alors un substitut bon marché, au moins pour la production d’électricité.

Les États-Unis, bien qu’ils n’épousent pas la volonté européenne d’abandon de cette filière, limitent néanmoins leur recours au charbon grâce au fort développement du gaz de schiste, devenu plus compétitif pour la production d’électricité. De surcroît, ce transfert se traduit par une baisse notable des émissions de CO2 du pays (-8 % en 2011). Mais ils ne l’abandonneront pas totalement à court terme.

L’Europe risque donc de se retrouver bien isolée dans sa démarche, d’autant plus que l’Allemagne voit sa consommation repartir à la hausse, suite à la décision de sa chancelière de fermer son parc de centrales nucléaires. Pour éviter l’explosion de ses émissions de gaz à effet de serre, ce pays mise sur la technologie de capture et stockage du CO2 (CCS). Toutefois, les limites techniques (difficulté de trouver des sites adaptés à une distance raisonnable) et économiques (doublement du prix de revient du MWh) ne permettent pas d’envisager une généralisation de cette solution.

Mais l’Europe n’est plus en croissance. Elle se consacre maintenant à la substitution de ses ressources énergétiques par de nouvelles. L’Asie, elle, doit faire face à sa croissance, démographique et matérielle. Tant que ce sera le cas, elle aura besoin d’électricité et fera appel à toutes les ressources possibles pour la produire, au premier rang desquelles le charbon.

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