Pourquoi 2013 devrait être une année charnière pour l'économie mondiale et européenne<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi 2013 devrait être une année charnière pour l'économie mondiale et européenne
©

Année de feu

Si les dirigeants européens ne profitent pas de 2013 pour moderniser le fonctionnement de la zone euro, notamment au travers d’une BCE encore plus active et un budget fédéral, le pire est à prévoir pour 2014... C'est le point de vue que développe Marc Touati dans le troisième volet de notre série sur les perspectives économiques de l'année qui s'ouvre.

Marc Touati

Marc Touati

Marc Touati est économiste et président fondateur du cabinet ACDEFI (aux commandes de l'économie et de la finance). Il s'agit du premier cabinet de conseil économique et financier indépendant au service des entreprises et des professionnels.

Il a lancé en avril 2013 la pétition en ligne Sauvez La France.com pour diminuer "les impôts", les "dépenses publiques superflues" et "retrouver le chemin de la croissance" afin de "sortir par le haut de cette crise".

Il est également l'auteur de Quand la zone euro explosera, paru en mars 2012 aux Editions du Moment. Son dernier livre est Le dictionnaire terrifiant de la dette (Editions du moment, mars 2013).
 

 

Voir la bio »

Au cours des cinq dernières années, la planète économico-financière a été particulièrement chahutée. En 2008, ce fut le début de la crise ; en 2009, la récession mondiale ; en 2010, la reprise ; en 2011, le grand gâchis ; et, enfin, en 2012, la rechute, en particulier de la zone euro. Face à tant de rebondissements et à une crise qui dure finalement depuis plus de cinq ans, la question est de savoir si 2013 sera enfin l’année de la sortie de crise. Si l’envie ne manque pas de répondre par l’affirmative, il faut malheureusement reconnaître que nous en sommes encore loin et que les dangers qui pèsent sur 2013 sont encore trop nombreux pour permettre de retrouver le chemin de l’enthousiasme.

Certes, comme cela s’est observé de 2010 à 2012, les pays émergents continueront de croître à un rythme soutenu. La Chine et l’Inde devraient ainsi afficher des croissances de respectivement 8 % et 6 %. Dans le même temps, les Etats-Unis devraient rester sur un rythme de croissance proche de 2,5 %, c’est-à-dire un niveau appréciable mais non flamboyant. Quant au Japon, la progression de son PIB avoisinerait son niveau structurel de 1 %.

Au total, la croissance mondiale sera d’environ 3,3 %, soit un niveau similaire à celui de 2012 et équivalent à sa moyenne de long terme observée depuis 1980.

La bonne tenue de l’économie mondiale tiendra notamment à l’augmentation limitée des cours des matières premières et notamment du pétrole, mais aussi à la poursuite des effets favorables des politiques monétaires ultra-accommodantes, notamment aux Etats-Unis et au Japon.

Dans ce concert sans éclat mais plutôt harmonieux et rassurant, la zone euro continuera à faire bande à part. En effet, à l’instar de ses « performances » des années 2011 et 2012, celle-ci restera à la traîne de la croissance mondiale en 2013. Pis, comme cela a déjà été le cas l’an dernier, l’UEM devrait subir une baisse de son PIB d’environ 0,4 %. En effet, compte tenu du caractère trop restrictif de la politique fiscale, d’un euro trop cher et d’une crise de la dette qui se poursuivra, l’économie eurolandaise restera coincée dans la récession au moins jusqu’à la fin du printemps 2013.

Dans ce cadre, les objectifs de réduction des déficits publics et des ratios dettes/PIB ne seront pas respectés. Ce qui ne manquera pas de susciter un mouvement d’augmentation des taux des obligations d’Etat, réduisant d’autant l’investissement, l’emploi et la consommation. Et ce, en particulier dans l’Hexagone.

En effet, en 2013, les résultats économiques français devraient s’avérer particulièrement mauvais : une baisse annuelle du PIB de 0,4 %, un taux de chômage de 12 % en fin d’année (selon les statistiques d’Eurostat) et un déficit public d’au moins 4 % du PIB. Compte tenu de ces piètres performances, la France va ainsi atteindre une étape décisive de son Histoire : pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale et pour la troisième fois depuis la Révolution française, sa dette publique va être égale à sa richesse, c’est-à-dire qu’elle représentera 100 % du PIB. Autrement dit, bien loin des messages anesthésiants de François Hollande, la France restera enlisée dans le marasme économique et social.

En fait, seules deux lueurs d’espoir permettent d’éviter de sombrer dans la déprime. Primo, dans le sillage de la récession, l’euro/dollar devrait revenir vers des niveaux plus normaux de 1,15 dollar, soutenant l’activité, avec un décalage temporel de six mois.

Secundo, le développement des Nouvelles technologies de l’énergie et de l’agro-alimentaire, mais aussi des nanotechnologies devrait soutenir la marche des affaires mondiale.

Parallèlement, il faut espérer que les dirigeants politiques et monétaires eurolandais prendront enfin le taureau par les cornes pour moderniser le fonctionnement de la zone euro, notamment au travers d’une BCE encore plus active sur le front de l’activité économique et un budget fédéral. Quant au gouvernement français, il devra faire un virage à 180° pour tenter d’éviter le pire.

De la sorte, bénéficiant par ailleurs de la bonne tenue de la croissance mondiale et de l’assagissement des cours des matières premières, l’UEM pourra enfin s’engager sur la voie de la reprise à partir de l’automne 2013, avec, si tout va bien, une réduction significative et durable des déficits publics, puis des dettes.

En conclusion, si les politiciens et les hauts-fonctionnaires eurolandais n’attisent plus les braises des crises des dernières années, alors tous les espoirs redeviennent permis pour… 2014.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !