Pourquoi la Chine pèsera plus que tout autre chose sur notre destin économique en 2013<!-- --> | Atlantico.fr
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Economistes et analystes financiers ne semblent pas voir que le système chinois touche ses limites.
Economistes et analystes financiers ne semblent pas voir que le système chinois touche ses limites.
©Reuters

Modèle en panne

Economistes et analystes financiers n'ont de cesse de répéter que la Chine sera la première puissance mondiale de demain. Mais ces mêmes spécialistes ne voient pas que le système chinois touche ses limites. La Chine est sur la mauvaise pente, et ce n'est pas nécessairement une bonne nouvelle (1/2).

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

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Les prévisions économiques des professionnels de la banque et des gouvernements réunis sont décevantes ; rien de bon là dedans. Alors, la presse et les institutions les plus futées ont trouvé le moyen de publier des prévisions que l’on peut qualifier de délirantes; des prévisions qui, dès le départ, sont censées être improbables ou farfelues. Cela marche, il y a des reprises, cela fait parler, citer, et donc cela produit ce qui est le véritable objectif, des relations publiques.

L’avantage avec cette formule est que l’on peut se tromper en toute impunité et bonne conscience puisque, par construction, ces textes bizzares n’engagent à rien. Ils sont conçus comme cela, étonnants, mais sans garantie.

Nous sommes frappés par la situation des émérgents, singulierement celle de la Chine. Et personne n’en parle, sauf pour dire des âneries du genre « la Chine repart », çà y est.

Heureusement, il y a quand même des gens qui travaillent, qui connaissent le métier de l’économie, qui lisent le Chinois et en tirent de bons travaux. 

Ces gens disent quoi ? 

Ils disent que :

- Le modèle de croissance chinois des années passées est dans l’impasse ;

- Les autorités, le parti, les élites le savent ;

- Que la mutation vers un autre modèle sera risquée, douloureuse ;

- Qu’il faut donc donner la priorité à la prudence dans les réformes ;

- Que le probleme chinois se manifeste symptomatiquement par la situation de son secteur financier, bancaire et shadow bancaire avec bilans pourris, escroqueries, faillites silencieuses, de proportions gigantesques mais inconnues ;

- La Chine est une catastrophe financière en attente d’arriver, laquelle est encore masquée par la politique monetaire et le regain de soutien artificiel à l’économie ;

- Que les élites chinoises fuient le pays par l’émigration accélérée des compétences et des fortunes ; la Chine perd 450 milliards de dollars, sorties, évasion de capital par an en ce moment. Plus de 150.000 diplomés chinois de haut niveau partent à l’étranger chaque année, le mouvement, au lieu de ralentir, accélère.

Nous ajoutons un fait nouveau, récent. Les obsédés du deficit spending et de la printing press ont repris le contrôle du Japon.

C’est une catastrophe. Pour les Chinois, cela signifie une gestion du change de plus en plus délicate et périlleuse. Le système asiatique devient de plus en plus instable et fragile. Le rouge est mis. 

En un mot comme en cent, ces bons analystes, ceux qui travaillent, nous disent que le mouvement de convergence du système chinois vers un modèle global est interrompu. Il a touché ses limites. Le grand arbitrage de la finance et des kleptos en faveur de la Chine et au détriment des vieux pays est terminé. 

Nous pensons que cela doit faire tilt dans votre tête. Est-ce que cela ne vous rappelle rien ? Dans le cadre d’une analyse en terme de globalisation, centrée, hiérarchisée, comme la nôtre, cela fait tinter les cloches d’alarme.

Au niveau européen, quand la convergence s’est arrétée, en 2010, les pestiférés ont commencé à perdre des capitaux ; ils ont eu du mal à se refinancer, les taux ont explosé, ils ont été barrés d’accès aux marchés. La suite, on la connait, pour arrêter la déconvergence, la BCE, avec l’aide des swaps de la Fed, a inondé de liquidités, lesquelles, lorsqu’elles sont devenues certitude grâce au coup de force de Draghi, ont mis le couvercle sur les problèmes. On a fait taire la spéculation, maintenant au lieu d’anticiper les problèmes, on les dissimule ; mais ils creusent souterrainement bien sûr. 

Le schéma chinois ne peut ètre la réplique des processus de détérioration globaux ou européens car, en Chine, tout est controlé, faux, bidonné. Le réel ne sort pas, il faut le reconstruire derrière les trompe l’oeil. Mais le réel gagne toujours, surtout lorsque les soi-disant remèdes, la création monétaire, ajoute au mal par la mauvaise allocation des ressources, la spéculation, les faux bilans,  la corruption, etc. Un souverain, fut-il gigantesque, n’échappe pas aux lois fondamentales de l’économie. Il fait simplement des faillites plus grandes, plus tard, plus coûteuses.

Donc, voici notre prévision paradoxale : la Chine est sur la mauvaise pente et c’est là que les choses vont se passer. 

Cet article a précédemment été publié sur le Blog à Lupus.

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