Les Français, leur pouvoir d'achat et la politique économique du gouvernement<!-- --> | Atlantico.fr
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La population française est dans son ensemble largement défiante quant au rétablissement des finances publiques.
La population française est dans son ensemble largement défiante quant au rétablissement des finances publiques.
©Reuters

Sondages

Selon un sondage CSA réalisé pour "Le cri du contribuable", seulement 26% des personnes interrogées font confiance au gouvernement pour rétablir l'équilibre des finances publiques. Au moment d'aborder une année décisive, les Français n'ont jamais été aussi méfiants.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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Atlantico : L'institut CSA a réalisé une enquête à la demande du quotidien Le cri du contribuable sur la perception qu'ont les Français de la politique économique du gouvernement et sur leurs anticipations en matière de pouvoir d'achat pour 2013. Lors de ce sondage, il ressort que les électeurs de différentes couleurs politiques sont sceptiques vis-à-vis des mesures du gouvernement. A peine 26% des personnes interrogées font confiance au gouvernement pour rétablir l'équilibre des finances publiques, et seules 21% pensent qu'il arrivera à faire baisser le chômage. 23% estiment que l'équipe de Jean-Marc Ayrault parviendra à relancer la croissance économique. Parmi les sondés, les sympathisants de droite et de gauche s’accordent-ils sur ces avis ?

Yves-Marie Cann : Cesondage révèle des niveaux de confiance extrêmement faibles, puisque le plus haut s'élève à 26% pour le rétablissement de l'équilibre des finances publiques et le plus faible à 21% pour le chômage.

Sur la base de l'ensemble de la population française, on est sur une défiance très largement  majoritaire, que l'on retrouve chez les sympathisants de gauche. Ces derniers sont quand même plus favorables à l'équipe en place car il y a une concordance en termes de couleur et de positionnement politiques. Concernant le rétablissement des finances publiques, seuls 36% des Français font confiance au gouvernement et une minorité de 43% lui fait confiance pour faire baisser le chômage.

Au sein du camp de François Hollande, on voit que les résultats sont meilleurs que sur la base de l'ensemble de la population, mais undoute existe au sein de l'électorat de gauche. Les électeurs de droite sont eux, comme dans toutes les enquêtes de ces derniers mois, dans une position de défiance très importante à l'égard de l'équipe en place, alors que ceux de gauche sont plutôt dans le registre du doute.

C'est important de noter que le rétablissement des finances publiques était une des principales motivations de vote en faveur de Nicolas Sarkozy pour les sympathisants de droite. En toute logique, ces derniers ne donnent pas leur confiance à l'équipe en place sur ce sujet.

Les questions posées durant le sondage n'incitent-elles pas au pessimisme ?

La première question  a été posée de la manière suivante : "Selon vous le montant des impôts et taxes que vous paierez en 2013 sera-t-il moins élevé, plus élevé ou identique qu'en 2012 ?"Elle avait déjà été posée en 2011, pour l'année 2012. Il était intéressant de voir comment ont changé les anticipations par rapport à cette période. Le contexte économique s'étant dégradé, il est logique qu'une diminution du pouvoir d'achat soit envisagée pour 3 Français sur 4.

Il était intéressant d'étudier comment les Français pouvaient percevoir la politique économique du gouvernement, en sachant que l'année 2012 comprend une alternance au sommet de l'Etat, et une priorité donnée à la réduction des déficits public pour atteindre l'objectif de 3% annuels. Le sondage permet également de mieux comprendre pourquoi le sentiment ou l'anticipation d'une baisse de pouvoir d'achat sont si élevés.

A travers les résultats, on peut noter que près de 9 Français sur 10 ont le sentiment, ou sont convaincus, qu'ils paieront quoiqu'il arrive plus d'impôts et de taxes en 2013 qu'ils n'en ont payés en 2011. Dans un contexte de modération salariale, de stagnation des salaires, et même de pertes de revenus pour ceux qui n'arrivent pas à trouver du travail ou qui n'ont plus d'emploi, les hausses d'impôts et de taxes produisent une baisse du pouvoir d'achat. Elles amputent également d'une partie de leurs revenus les individus qui ont connu une baisse de leurs ressources compte tenu de l'évolution du marché.

En ce sens, la politique fiscale mise en place par un gouvernement joue beaucoup dans la perception que peuvent avoir les Français dans l'évolution du pouvoir d'achat.

75% des personnes interrogées estiment que les efforts financiers demandés aux Français pour l'année 2013 ne sont pas équitablement répartis entre les différentes catégories de population. Cet avis négatif se retrouve-t-il plus chez les sympathisants de droite que chez ceux de gauche ?

Le souci d'une répartition équitable des efforts demandés pour contribuer à la réduction des déficits publics est souvent mis en avant dans les propos de l'équipe gouvernementale et de la majorité parlementaire.

La question sur ce thème posée ("Diriez-vous que les efforts financiers demandés aux Français pour l'année 2013 par le gouvernement sont répartis de façon équitable entre les différentes catégories de population ?" oui tout à fait, oui plutôt, non plutôt pas, non pas du tout) a donné des résultats tout à fait intéressants. On a vu émerger 18% de oui, et 75% de non.

Auprès d'une partie des électeurs de François Hollande et plus globalement des électeurs de gauche, c'était un point de différenciation très fort entre Hollande et Sarkozy. Beaucoup d'électeurs de Hollande savaient  très bien qu'il allait être nécessaire de mener une politique de rigueur, mais cette conviction se basait sur l'idée que les efforts seraient mieux répartis du côté de François Hollande que du côté Nicolas Sarkozy.

On voit qu'il y a sans doute une déception sur ce sujet-là chez les électeurs de gauche. Ils sont certes plus nombreux que la moyenne à penser que les efforts sont bien répartis, mais ils sont minoritaires. Uniquement 37% des personnes interrogées répondent que les efforts sont équitablement répartis. Même à gauche, ce n'est pas un marqueur incontesté pour la politique économique et fiscale mise en place par le gouvernement.

Lors des sondages de grande ampleur réalisés au moment de l'élection présidentielle, on a vu que les électeurs de droite étaient beaucoup plus sensibles à l'enjeu de la réduction des déficits publics et de la crise de l'euro que les électeurs de gauche. C'était d'ailleurs une motivation de vote beaucoup plus fréquente chez les électeurs de Nicolas Sarkozy que chez ceux de François Hollande. Les électeurs de droite en faisant quelque chose de très important pour les années à venir.

Ce qui est plus gênant pour l'équipe au pouvoir est que les sympathisants de gauche ont la perception qu'une répartition équitable est quelque chose qui ne va pas de soi. Il y a sans doute la nécessité pour le gouvernement de mieux présenter certaines mesures qui ont été mises en place, notamment la contribution des 75% et la non-actualisation du barème de l'impôt sur les revenus. Il y a sans doute un problème de visibilité concernant la politique fiscale mise en place par le gouvernement, notamment pour les électeurs de gauche.

L'opinion sur la politique économique et fiscale du gouvernement s'est-elle dégradée depuis les élections présidentielles?

Nous réalisons tous les mois pour BFM TV un baromètre du moral des Français. A cette occasion, nous avons pu constater qu'au moment des élections présidentielles, il y a eu un regain du moral des Français, concernant leur situation personnelle, et l'avenir de la société  française. Depuis l'élection présidentielle, on enregistre tous les mois de façon continue et progressive une baisse importante de ces indicateurs. Au mois de décembre, 29% des Français se déclaraient optimistes pour l'avenir de la société française. En mai 2012, ce chiffre s'élevait à 45%.

On voit traditionnellement au moment d'une élection un regain d'optimisme car chacun place des espoirs dans son candidat favori. Cependant, il faut observer à quel rythme et dans quelle proportion ce moral peut décroître dans les mois qui viennent. Ce chiffre de 29% est le score le plus bas enregistré sur l'ensemble de l'année 2012. En début d'année, on était à 36%, ainsi qu'au mois d'avril. Le perspectives des hausses de la fiscalité, la baisse du pouvoir d'achat, les chiffres du chômage régulièrement avancés et souvent très mauvais, et les perspectives de croissance pour l'année 2013 y sont certainement pour quelque chose.

Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois

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