OM/PSG : une rivalité moins ancienne qu’il n’y paraît… <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
OM/PSG : une rivalité moins ancienne qu’il n’y paraît…
©

Football

C’est le match de l’année ! Ce dimanche 20 mars, l’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain s’affronteront une nouvelle fois, dans une rencontre qui passe pour « le » classique historique du championnat français de football. Historique ? Pas tant que ça.

Marion Fontaine

Marion Fontaine

Marion Fontaine est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université d’Avignon.

Spécialiste de l’histoire du monde ouvrier et de l’histoire sociale et politique du sport, elle a publié récemment Le Racing Club de Lens et les « Gueules Noires ». Essai d’histoire sociale (Les Indes Savantes, 2010).

Voir la bio »

Contrairement aux idées reçues, l’opposition sportive entre la cité phocéenne et la capitale relève non pas de l’histoire, mais d’une partition bien contemporaine. Il n’y a en fait pas si longtemps que ce type d’affrontement est autant médiatisé, a commencé à déborder hors du stade et à se voir surchargé de symboles (pas uniquement liés au football, d’ailleurs).

Quand la télévision déchaîne les passions

Tant d’engouement s’explique en partie par l’impact de la révolution télévisuelle qui a conduit à dramatiser les enjeux de certains matchs, afin d’attirer les spectateurs. Les duels OM-PSG n’ont ainsi guère d’écho au milieu des années 1980 (les adversaires privilégiés des Marseillais étant alors les Bordelais) ; ils ne prennent leur couleur flamboyante qu’à partir du rachat du PSG par Canal + en 1991. C’est à ce moment que s’impose sur le plan médiatique la lutte des deux équipes pour la suprématie, lutte dont la résonance est renforcée par les provocations et autres rebondissements qui jalonnent « l’ère Tapie ».

L’irruption des « ultras »

La passion qui entoure désormais les rencontres OM/PSG trouve aussi son origine du côté de nouveaux acteurs : les supporters « ultras » qui font de la défense du territoire - celui du stade et celui que représente le club - le principe-clef de la définition de leur identité. Ces animateurs des tribunes participent également au spectacle et contribuent à donner du sens à cette rivalité, à grand renfort de déplacements plus ou moins agités (souvenons-nous par exemple de celui des Parisiens au stade Vélodrome, en 1993) et de banderoles provocatrices, du fameux « OM=Sida » au récent « Auteuil c’est renversant » (en référence à un supporter du PSG renversé lors d’un précédent match). Ces éléments, surjoués par les supporters, constamment repris par les médias, réutilisés à nouveau dans les tribunes, ont contribué, et contribuent encore, à faire de cette rencontre un match extraordinaire.

OM/PSG, c’est Paris contre la Province

Comme l’a montré le sociologue Ludovic Lestrelin, spécialiste des supporteurs de football, l’antagonisme entre les deux clubs dépasse la seule sphère sportive. Il renvoie en effet à un système binaire de représentations le plus souvent défavorable au club parisien, qui est conspué au-delà de Marseille, un peu partout en France. C’est ainsi que s’opposent l’authenticité supposée de l’OM au caractère artificiel du PSG, le cosmopolitisme au racisme, la douceur de vivre au stress et surtout les petits, le peuple au pouvoir, aux puissants et à l’arrogance bourgeoise. Le football semble ainsi réactualiser la longue durée du rapport Paris/ Province, à moins qu’il n’en atteste les mutations.

De la lutte des classes à l’opposition entre territoires

« Le » classique OM/PSG témoignerait alors de la mise en question du rôle et de la position de la capitale nationale. On ne peut qu’être frappé par ailleurs par la dimension sociale que prend désormais cette distinction. Comme si les luttes des classes ne s’étaient affaissées que pour venir se nicher dans l’opposition des territoires.

Derrière le conflit entre Parisiens et Marseillais se lit donc un paradoxe bien plus fondamental. D’un côté, les clubs sont de plus en plus déterritorialisés, dans leur fonctionnement comme dans le recrutement de leurs joueurs et de leurs supporteurs (il y a des pro-OM et des pro-PSG bien loin des deux villes concernées). De l’autre, jamais la référence au territoire n’a été aussi prégnante, mais c’est un territoire de plus en plus imaginaire, un lieu idéal à travers lequel se réinventent les identités. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !