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Détraqué sexuel, insensible, immature : portrait robot du tueur en série
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Jack l'Eventreur

Alain Bauer et Christophe Soullez expliquent que la plupart des tueurs en série sont des individus incapables d'éprouver le moindre sentiment de culpabilité. Extrait de "La criminologie pour les nuls" (1/2).

Alain Bauer et Christophe Soullez

Alain Bauer et Christophe Soullez

Alain Bauer est criminologue, spécialiste des questions de sécurité urbaine. Auteur d'ouvrages sur la criminalité, il est professeur de criminologie au CNAM ainsi qu'à New York et à Pékin.

Christophe Soullez est criminologue, spécialiste de l'analyse des statistiques pénales et de la mesure de l'organisation policière. Il est chef du département de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales.

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La majorité des tueurs en série connus seraient les aînés de leur faille, blancs et de sexe masculin. Ils ont souvent été des enfants à problèmes : parents divorcés violents, ou incestueux, mère distante ou abusive, père brutal ou absent. Dans certains cas, la discipline est inexistante et l'enfant a été livré à lui-même. Il n'a donc ni repères ni limites. Dans d'autres cas, et notamment pour les tueurs désorganisés, la discipline a été très dure et l'enfant battu. La plupart des tueurs en série font également l'objet de troubles sexuels (fantasmes du viol, voyeurisme, maltraitance sexuelle, etc.).

Les mobiles apparents des tueurs en série sont assez variés : pouvoir de dominer autrui, gloire personnelle et soif de publicité, haine des femmes, convoitise, affectivité intolérante, meurtres rituels, le jeu, désir sexuel incontrôlé, etc. Parfois, le tueur n'a aucun mobile apparent et agit par pulsions. Le tueur peut également passer à l'acte par "goût de punir".

Les traits principaux de ces personnalités psychotiques sont :

- L'inaffectivité et l'insensibilité à autrui ;

- L'immaturité et la labilité émotionnelle ;

- Les troubles du jugement ;

- L'incapacité à remettre la satisfaction au lendemain ;

- L'égocentrisme ;

- Le défaut de capacité de culpabilité.

Esprits criminels

D'après les statistiques officielles, les Etats-Unis sont le pays qui recèle le plus grand nombre de serial killers. Ainsi, entre 1970 et 1994, 160 tueurs en série sont arrêtés dans le monde, dont plus de 120 sévissent aux Etats-Unis. Toutefois, cela est principalement dû au fait que ce pays dispose de moyens d'enquête et d'investigation performants lui permettant de confondre ce type de criminel. Il n'en est pas ainsi en ex-URSS ou dans les pays sous-développés.

Il semble donc que le phénomène soit plus massif en Amérique du Nord. Cela a d'ailleurs conduit les autorités publiques de ce pays à adapter leur stratégie et à réfléchir sur les meilleurs moyens de neutraliser ces criminels. Eu Europe, certains spécialistes considèrent que les tueurs en série sont une particularité américaine peu adaptée aux traditions européennes. Ainsi, pour Robert Conrath : "Le tueur en série apparaît avant tout comme une spécificité américaine imputable à un modèle culturel et socio-économique particulier". Il cite par exemple une morale protestante plus prégnante aux Etats-Unis, des refoulements, notamment sexuels, plus pesants, ou encore un certain culte de la violence. La France et ses voisins européens sont toutefois, dans une moindre ampleur, confrontés à ce phénomène. Dans d'autres Etats, tels la Russie, l'Inde ou la Chine, la connaissance du phénomène est parcellaire compte tenu des méthodes de recueil statistiques criminelles peu fiables, du manque de transparence des autorités et surtout de services répressifs peu performants.

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Extrait de "La criminologie pour les nuls", First Editions (octobre 2012), 22,95 euros.

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