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"L’insoutenable légèreté de la politique économique socialiste"
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Retour à la réalité

Cette tribune est publiée par Les Arvennes, un groupe de hauts fonctionnaires, d’économistes, de professeurs d'université et d’entrepreneurs.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Après six mois de pouvoir socialiste, la démonstration est faite de l’incroyable mélange d’amateurisme et de cynisme qui caractérise une équipe gouvernementale condamnée à vivre, en 2013, un dramatique rappel au réel. La perte du triple A accordé par l’agence Moody’s n’en est qu’un signe avant coureur.

L’amateurisme, c’est de choisir la voie de la facilité avec un choc fiscal sans précédent, pour espérer maîtriser le déficit public, sans anticiper ses effets récessifs qui condamneront le gouvernement à des “rafistolages” budgétaires sans jamais atteindre son objectif.

L’amateurisme, c’est un pacte de compétitivité qui se résume en une litanie de bonnes intentions, jamais traduites dans la réalité et un tour de “passe-passe” de 20 milliards d’euros sur l’impôt sur les sociétés, car il ne fera que redonner en  2014 ce que l’Etat aura prélevé en 2013 sur des entreprises exsangues.

L’amateurisme, c’est la création d’une banque publique d’investissement par le “ripolinage” de structures efficaces dopées durant le précédent quinquennat (FSI, le nouvel OSEO), et qui sera incapable de prêter davantage aux entreprises.

Cet amateurisme était prévisible pour tout lecteur attentif du projet socialiste. Ce qui l’était moins, c’est l’incroyable cynisme du
gouvernement quand il feint de croire que renier ses promesses de campagne sera sans conséquence.

Cynisme sur la TVA. Quelle incroyable culot de choisir une hausse de la TVA presque identique à celle que le Parlement venait d’abroger pour financer le coût du "pacte pour la compétitivité".

Cynisme sur le traité budgétaire européen. Pas un mot du traité ratifié par la gauche n’a été changé par rapport au texte négocié par Nicolas Sarkozy. Car s’il y a bien une continuité entre la Gauche et la Droite, c’est ici qu’elle se trouve : surtout ne pas se donner les moyens de remettre l’économie française sur le bon chemin, condition sine qua non d’une résolution durable de la crise de l’euro.

Cynisme sur la réforme bancaire, censée remettre de l’ordre dans la finance, et qui s’annonce comme une opération totalement cosmétique.

Entre amateurisme et cynisme, l’équipe gouvernementale espère visiblement passer entre les gouttes, en tablant sur la mansuétude supposée éternelle des marchés financiers et sur le retour de la croissance par simple effet de cycle.

Une telle inconséquence pourrait prêter à sourire si la bombe à retardement de la crise française n’était pas enclenchée. Dans les circonstances présentes, elle prête à la révolte face à la désertion devant les périls qui nous menacent.

Ne nous y trompons pas, la France pourrait bien, dès 2013, entrer dans l’œil du cyclone et vivre un véritable cataclysme économique, mortel pour l’Europe, alors même que l’Allemagne, ses élections passées, sera moins que jamais encline aux compromis raisonnables sans lesquels la zone euro poursuivra sa course à l’abîme.

Sans même aggravation de la crise, la croissance sera nulle ou négative, sous l’effet de la récession européenne et de l’effondrement du secteur immobilier. Le chômage va atteindre 11%, un niveau inégalé depuis les heures sombres des années 1993-1995, dans un contexte différent car notre  système de redistribution est de moins en moins en mesure de contenir les ravages sociaux du chômage sur notre territoire. La consommation et  l’investissement subiront de plein fouet le choc fiscal.

Dans un scénario de crise aiguë, la situation deviendrait donc très vite catastrophique, surtout si les marchés perdent confiance. Un scénario grec ou espagnol n’a rien d’impossible en France.

Face à de tels dangers, l’intérêt national exige une mobilisation sans précédent de nos institutions pour engager les réformes de grande ampleur. Réformes de nos retraites, de notre système de santé, de notre marché du travail et de celui des services. Il exige qu'enfin la Gauche au pouvoir face son aggiornamiento avec la réalité !

Face à de tels dangers, François Hollande semble au contraire ne rien voir. Tel un digne héritier de la Quatrième République, il croit encore pouvoir louvoyer au milieu des écueils. Nous connaissons malheureusement la fin de cette histoire. La France et l’Europe en paieront le prix.

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