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Contre l'alcoolisme, goûtez au vin !
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In vino veritas

La bière devrait couler à flot ce jeudi 17 mars à l'occasion de la Saint-Patrick. Mais entre "binge drinking" et évolution de la consommation d'alcool chez les jeunes, peut-être faudrait-il changer les modes de prévention ? Proposition originale : réinstaurer les vertus du vin à table...

Julien Winock

Julien Winock

Après avoir travaillé dans l'édition et dans l'internet culturel, Julien Winock a fait partie de plusieurs cabinets ministériels.

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Pour que cela soit agréable, il semblerait que beaucoup de jeunes ne se contentent plus de boire un petit coup. Longtemps réservée aux pays anglo-saxons ou scandinaves, la biture du samedi soir est devenue une habitude des soirées lycéennes et étudiantes bien de chez nous. Comme disait Lino Ventura dans les Tontons flingueurs, c'est du brutal ! Whisky, gin, vodka sont ingurgités à grosses rasades car tout est fait pour être ivre le plus vite possible.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : si en 2005, 30 % des jeunes de 15 ans avaient déclaré avoir déjà été ivres, ils étaient 41 % en 2010. Certes il faut bien que jeunesse se passe mais les conséquences de cet éthylisme précoce peuvent être redoutables : accidents de la route, comas éthyliques, violence... Face à ce qui est devenu un fléau, plutôt que les sempiternelles campagnes de prévention, ne faudrait-il pas envisager un véritable apprivoisement de l'alcool ?

L'alcoolisme n'est plus ce qu'il était

Les soirées arrosées ne sont pas une nouveauté, me direz-vous. Boire plus que de raison à l'occasion des petites réunions entre amis n'est pas le propre des générations actuelles. Mais ce qui est nouveau, en France du moins, est sans doute cette recherche de l'ébriété à tout prix, ce désir d'être éméché d'entrée de jeu, comme un préalable à une soirée réussie. Dans la jeunesse britannique et américaine, cette habitude est bien ancrée; elle relève même du rituel. A la sobriété laborieuse de la semaine, succède la beuverie du samedi soir qui fait office de catharsis.

Tom Wolfe, dans son roman Moi, Charlotte Simmons a très bien décri cette quête de la défonce parmi les étudiants, y compris les plus brillants. Elle participe de ce besoin de compenser les efforts et les frustrations qu'impliquent des études exigeantes et une atmosphère de compétition parfois malsaine. Mais le "binge drinking" (appelé aussi biture expresse) est aussi la contrepartie d'une quasi sobriété à table. Car à l'inverse des pays latins qui ont longtemps gardé l'habitude d'une consommation régulière d'alcool en petite quantité, nos voisins d'outre manche délaissent le plus souvent le vin pour accompagner leurs repas.

Quand les jeunes Français boivent "à l'américaine"

Tout montre que les jeunes français ont aujourd'hui adopté les mêmes habitudes de consommation. Le vin à l'évidence a de moins en moins la côté chez eux. Cette boisson de "vieux", trop franchouillarde aux goûts de certain, n'est bue en général qu'à l'occasion des fêtes de famille et des grandes occasions (mariages, anniversaires). Les adolescents français ne sont ainsi que 24 % à boire de préférence un verre de Bordeaux ou de Brouilly tandis que 40 % d'entre eux plébiscitent d'abord la bière et 39 % les spiritueux, autrement dit les alcools forts. Autre évolution notable qui va de paire, celle de la consommation quotidienne d'alcool qui ne concerne que 3,4% des 15-39 selon les données de l'INPES.

En résumé, plus on est vieux, plus on boit régulièrement de vin sans rechercher l'ébriété ; plus on est jeune, moins on boit souvent, et lorsque l'on boit c'est avant tout pour les effets de l'alcool et non pour son goût. De là à penser que les beuveries du samedi soir seraient sans doute moins fréquentes si les jeunes remplaçaient davantage le coca par le Bordeaux... Il n'y a qu'un pas que tout œnophile qui se doit (responsable et modéré cela va sans dire) est tenté de franchir.

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