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Les électeurs modérés super stars cachées des sondages
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Sondages

Marine Le Pen a réussi un hold-up médiatique mais ceux qui troublent le plus les stratégies à droite comme à gauche, ce sont en fait les électeurs centristes. Au PS, parce qu’ils gonflent l’option Strauss-Kahn au grand dam des autres candidats aux primaires, à l’UMP parce qu’ils contrarient la stratégie de droitisation de l’Élysée.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Peu importe les chiffres qui ne varient qu’à la marge concernant la candidature de Marine Le Pen en 2012, les résultats pour Nicolas Sarkozy sont mauvais dans toutes les enquêtes d’opinion : le risque d’un 21 avril à l’envers et de son élimination pure et simple et simple dès le premier tour se précise. Dans le dernier sondage IPSOS -LOGICA, pour le Monde et Europe 1, le Président de la République est crédité de 18% des voix derrière Marine Le Pen à 19%. Mais cette fois ci, la vraie star du sondage n’est plus la candidate du FN mais Dominique Strauss Kahn avec 33% de votes au premier tour. Seul cas de figure où Nicolas Sarkozy serait certain d’être présent au second tour : une candidature Ségolène Royal. Avec Martine Aubry ou François Hollande, les résultats sont plus incertains.

Il y a pour Nicolas Sarkozy un petit « côté 1995 » dans toutes ces enquêtes et les témoins de l’époque se souviennent qu’à la même distance de l’élection, Jacques Chirac était au plus bas dans les sondages tandis qu’Edouard Balladur était « nominé » pour l’Elysée. A l’Elysée, on affiche stoïcisme et sang froid mais la situation est suffisamment alarmante à droite pour que François Fillon aborde ouvertement le sujet et coupe court à toute perspective de remake d’un duel fratricide. « Imaginez qu'il y ait plusieurs candidats crédibles de la droite et du centre.C'est prendre le risque que la droite ne soit pas au second tour"», gronde -t-il dans une interview au « Maine Libre ». Avis à Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo et Hervé Morin.

Quant à Sarkozy lui-même, il cherche à colmater les brèches, voire à amorcer un recentrage : la droitisation du discours de l’UMP ne l’a pas fait remonter dans les sondages et le discours sur l’immigration a été débordé par les imprécations du Front National tandis que le vrai faux débat sur la laïcité n’a tourné qu’autour de la religion musulmane tout en contribuant à libérer la parole raciste. Hier, dans son interview au Monde, Claude Guéant, le nouveau ministre de l’intérieur amorçait subrepticement un virage en tenant à la fois un discours de fermeté et d’ouverture vis-à-vis des musulmans. Pour retenir l’électorat de centre droit, la retenue s’impose, faute de le voir définitivement aller vers DSK.

Car c’est bien sûr l’attrait exercé par le patron du FMI sur une frange du Centre qui fait gonfler les intentions de vote sur son nom. Et c’est précisément ce qui insupporte à l’aile gauche du PS, incarnée notamment par son porte-parole Benoit Hamon, proche de Henri Emmanuelli. Partisans de réformes radicales, ils appellent à la candidature de Martine Aubry et surtout la pressent de se déclarer afin qu’elle ne soit pas à la merci de la décision de DSK. Une soixantaine de députés PS la soutiennent et ne manquent pas de le faire savoir. Ils espèrent qu’elle sera portée par la vague du succès des cantonales et que, parée de l’aura du succès, elle deviendra incontournable au sein du Parti, où elle a réussi imposer son autorité tout en incarnant la possibilité d’une véritable politique de gauche que ne pourrait pas incarner le patron du FMI.

Une subtile bataille s’est donc engagée avec les partisans de DSK que certains socialistes surnomment « l’expat’ », à l’instar de Nicolas Sarkozy. Dans la gestion du compte à rebours jusqu’à la déclaration de candidature de Dominique Strauss Kahn, ses stratèges ont commis une seule erreur d’appréciation : ils n’avaient pas imaginé l’emballement du calendrier politique. Aujourd’hui le temps leur parait interminable, car leur champion ne fait pas entendre sa voix là où il est attendu… Les interviews sur les plateaux télé nationaux ou et les cartes postales envoyées depuis Washington sous forme de documentaire ne suffisent plus pour calmer les impatiences de ceux qui réclament une clarification au PS. Ils ont voulu préserver le futur candidat à la candidature le plus longtemps possible jusqu’à la date limite du dépôt des candidatures aux primaires socialistes en juillet. S’ils veulent que les sondages se concrétisent, ils vont devoir réviser leur calendrier.

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